Archives - Pas-de-Calais le Département
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Visite du ministre Thomson à Arras

Carte postale noir et blanc montrant un bâtiment au croisement du rue.

Arras. La Poste et les Ursulines. Archives départementales du Pas-de-Calais, 39 Fi 861.

Dès les premiers mois de la guerre, le courrier prend une place importante dans le quotidien des Français. Les politiques et les militaires comprennent vite son importance dans le maintien du moral des troupes et le problème de son acheminement devient une priorité. Outre la franchise postale décrétée le 3 août 1914 pour la correspondance entre les soldats et leurs familles et la distribution gratuite aux soldats mobilisés des cartes pré-imprimées de correspondance, un service de la Trésorerie et Poste aux armées est créé afin d'organiser l'acheminement des courriers destinés aux troupes, via les vaguemestres des unités en charge de leur distribution aux soldats.

Malgré ces initiatives, les centres de tri prennent du retard et sont engorgés par la masse des lettres et des paquets. Il faut dire qu’à l’arrière, la situation des Postes et des Télégraphes est délicate avec plus de 15 000 agents et sous-agents mobilisés.

La visite du ministre Thomson témoigne de l’importance logistique et humaine jouée par la Poste durant le conflit, et de sa reconnaissance envers les personnels des Postes artésiens qui poursuivent sous les bombes et les tirs ennemis la distribution du courrier.

M. Gaston Thomson à Arras

M. Gaston Thomson, ministre du Commerce, après avoir visité plusieurs bureaux de la Somme et du Pas-de-Calais, s’est rendu à Arras, afin de féliciter le personnel des postes, qui malgré le bombardement presque incessant de ces dernières semaines, continue d’assurer le service dans cette malheureuse cité. L’ancien local ayant été récemment anéanti par des obus incendiaires, ce personnel a dû se réfugier dans un autre édifice, dont les caves lui servent d’abri quand le bombardement devient particulièrement intense.

Le ministre, ayant visité les nouvelles installations, a réuni les agents et sous-agents, et après avoir applaudi à leur courageuse attitude au nom de l’administration, il a ajouté :

"… le directeur du personnel, qui m’accompagne ici et que j’avais chargé de féliciter ceux des vôtres qui accomplissent leur tâche jusque sous les obus sur tout le front, me racontait qu’il avait rencontré dans la région de l’Est un facteur bien malheureux. Un officier lui avait interdit l’accès d’une route comprise dans sa tournée, pour l’excellente raison que cette route était copieusement bombardée. Et le facteur de s’écrier : "Pourtant il faut bien que le service se fasse !" Cette phrase, vous en avez fait votre devise. Oui il faut que le service se fasse. Et c’est ce souci patriotique qui a soutenu l’énergie, le courage, la constance des agents et sous-agents depuis le début des hostilités, qui leur a valu l’admiration unanime dont les citations à l’ordre du jour sont l’éclatant témoignage.

C’est ce souci patriotique qui animait nos receveuses lorsqu’elles restaient à leur bureau dans les communes envahies jusqu’à l’arrivée de l’ennemi, lorsqu’elles reprenaient leur travail avant même que l’évacuation fut complète.

C’est à ce souci qu’obéissent tous ceux qui, comme vous, continuent, derrière nos lignes, leur tâche dans les localités bombardées.

C’est cette belle conscience du devoir qui vous permettra, malgré de monstrueux attentats comme la destruction d’Arras, d’accomplir votre œuvre jusqu’au jour où ces ruines se relèveront, jusqu’au triomphe certain de la civilisation sur la sauvagerie des incendiaires".

Le ministre, accompagné du personnel, s’est ensuite rendu sur l’emplacement du palais Saint-Vaast, où fonctionnait précédemment la poste et dont un récent bombardement vient d’achever la destruction.

La France du Nord, mercredi 21 juillet 1915. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 16/92.