Archives - Pas-de-Calais le Département
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À nos lecteurs, à nos amis

À partir de 1915, avec l’apparition de l’expression "bourrage de crâne" et face aux attaques de plus en plus virulentes, l’État réorganise plus finement la propagande de guerre, notamment en cessant la diffusion de fausses nouvelles. Malgré cette tentative d’apaisement, plusieurs titres de presse voient le jour en réaction à la censure et défient ouvertement la communication de l’Union sacrée.

Le Canard enchaîné est ainsi créé le 10 septembre 1915, suivi du Lion d’Arras le 1er janvier 1916, qui se veut une alternative aux faits erronés publiés dans la presse nationale. Seul journal diffusé en Artois de 1916 à 1920, il remporte un vif succès auprès de la population locale et des soldats, pourtant généralement très méfiants envers les journaux "officiels".

Néanmoins, le Lion d’Arras est confronté à bon nombre de difficultés. Édité dans une ville en état de siège et souvent bombardée, il doit faire face aux problèmes matériels, humains, mais également financiers. La crise du papier apparue en 1915 n’arrange rien. D’abord hebdomadaire, le journal devient trimensuel en mai 1916, puis mensuel durant quelques numéros.

Dans ce numéro du 25 novembre 1916, le rédacteur en chef Aimé Guerrin fait appel aux dons et souligne que le titre sert les intérêts de la cité en la rappelant au souvenir de membres influents grâce à son réseau journalistique.

À nos Lecteurs, à nos Amis

Il y aura bientôt un an que le Lion d’Arras est né. A-t-il répondu à toutes les attentes ? Nous l’ignorons, mais nous ne pouvons sans un sentiment de fierté considérer l’extension qu’il a prise.

Toutefois, nous avons eu à subir des épreuves pénibles ; nous ne citerons que les trois plus graves : la suppression de nos annonces commerciales ; le départ des soldats français qui a brusquement diminué d’un millier notre tirage ; la crise du papier. Le prix du nôtre a quadruplé depuis deux ans !

Malgré tout nous tiendrons et, pour que notre journal demeure à la portée des moindres bourses de réfugiés, nous n’élèverons pas le coût de l’abonnement.

Mais nous ne pouvons le faire que si nos amis ajoutent au prix modeste de 3 fr. 50 leur souscription à notre œuvre. Beaucoup, sans en être sollicités, ont payé cinq francs l’abonnement de la première année ; d’autres davantage ; plusieurs ont décuplé ce chiffre ; nous demandons à tous ceux qui comprennent et aiment notre œuvre, de nous aider à la développer.

Le Conseil Général des Bouches-du-Rhône a donné à notre Arras 250.000 francs ; il faudrait peu de dons de cette importance pour faire face aux graves besoins des jours qui suivront la délivrance ; mais qui ne comprendra que le seul moyen de les obtenir, c’est de faire connaître Arras, c’est d’intéresser dès à présent à la résurrection d’Arras ceux qui peuvent lui venir en aide ?

Merci aux grands confrères des deux mondes qui nous y ont aidés.

Nous sommes à pied d’œuvre, mais la tâche est immense.

Deux moyens nous sont offerts :

  1. Faire le service du journal aux parlementaires influents, aux personnes dont l’autorité est le plus généralement reconnue en France et à l’Étranger, spécialement en Amérique ;
  2. Établir à Arras un service de renseignements qui adressera à toute la grande presse de Paris et de province des informations quotidiennes telles que celles qui ont valu à d’autres villes une célébrité qu’hélas ! Arras a plus mérité qu’elles.         

C’est à cela que le Lion consacrera la totalité de ses ressources. Rien ne reste dans son escarcelle ; aucun directeur, rédacteur, artiste, ne trouve chez nous le plus minime bénéfice ; bien plus, nous payons jusqu’à nos journaux ; tout ce que nous avons appartient à la Cité à laquelle nous nous sommes donnés nous-mêmes…                                                                                                  

La Direction

Le Lion d’Arras, samedi 25 novembre 1916. Archives départementales du Pas-de-Calais, PF 92/2.