Archives - Pas-de-Calais le Département
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Annonce de la disparition de Pierre Flament, archiviste du département

Dans son édition du 15 décembre 1916, Le Lion d’Arras annonce la disparition du capitaine Pierre Flament, archiviste départemental du Pas-de-Calais. Ce dernier est en réalité tombé quelques semaines plus tôt, le 1er août 1916.

Jean-Charles-Pierre Flament est né le 3 juin 1878 à Paris (18ième arrondissement), fils de Louis Flament, employé, et de Marie de Gournay, propriétaire ; il s’est marié le 21 octobre 1911 dans le 6ième arrondissement avec Marie Amiaud.

Il a reçu son diplôme d’archiviste-paléographe en février 1900, après avoir soutenu une thèse sur Un ambassadeur de France en Turquie au XVIIe siècle, Philippe de Harlay, comte de Césy (1580-1652). La même année, il obtient une licence en droit et est attaché à la Bibliothèque nationale. En septembre 1903, il est nommé archiviste départemental de l’Allier, avant d’être transféré aux archives départementales du Pas-de-Calais en 1913.

Mobilisé en août 1914, il est blessé dès le 14 et fait l’objet d’une citation le 12 septembre. Il obtient la Légion d’honneur par arrêté du 20 novembre 1914, en qualité de lieutenant au 121ième régiment d’infanterie (a montré les plus belles qualités de bravoure et d’énergie ). Transféré le 27 mars 1915 au 413ième régiment d’infanterie, il est promu capitaine à titre temporaire le 21 juin. Alors qu’il est à la tête de ses hommes au bois Fumin (secteur des Éparges), une grenade l’enlève à la vie.

Disparition du Capitaine P. FLAMENT
Archiviste départemental du Pas-de-Calais 

Nous apprenons avec un très vif regret la disparition de M. P. Flament, le distingué archiviste départemental, capitaine au 413ième de Ligne.

Il fut un de nos abonnés de la première heure et c’est avec émotion que nous relisons cette lettre qui peint excellemment la tranquille bonne humeur du vaillant officier, en même temps que, répondant incidemment à notre enquête, elle affirme sa foi dans la résurrection d’Arras :

"Je suis resté quinze jours, en août 1915, dans notre ville que j’avais trouvée moins abîmée qu’on me l’avait dépeinte ; les ruines ont dû s’accroître depuis cette époque. Cependant je vois avec plaisir qu’on continue à y vivre et à y espérer ; le commerce n’a pas lâché pied puisqu’on y trouve des légumes verts et secs, du jambon et des huîtres, de la brosserie fine, des chaussures de luxe et des machines à coudre ! Avec cela comment douter d’une renaissance glorieuse à laquelle nous travaillerons tous ?
Le beffroi revivra et nos chères et fines places reprendront, chaque samedi, leur brave et honnête aspect de marchés paisibles sous ses pittoresques auvents.
Arras en a vu d’autres ; c’est une vieille guerrière qui porte déjà de nombreuses cicatrices ; il ne lui manque qu’une décoration !"

Oui, hélas ! les ruines se sont accrues depuis août 1915 ! oui, le commerce tient encore ; oui, Arras en a vu d’autres ; "c’est une vieille guerrière à qui il ne manque qu’une décoration" ; oui, le beffroi revivra et nous travaillerons tous après la revanche glorieuse ; mais nous comptons bien qu’alors le cher disparu, de retour, sera de ceux qui dirigeront les efforts communs pour la reconstruction d’Arras.

Le Lion, vendredi 15 décembre 1916. Archives départementales du Pas-de-Calais, PF 92/2.