La Première Guerre mondiale provoque une grave pénurie de charbon, alors même que les grands bassins du Nord et du Pas-de-Calais sont sous la mainmise de l’ennemi. Préoccupé par ce problème de ravitaillement, le député Narcisse Boulanger, maire et conseiller général de Guînes, intervient à différentes reprises auprès du ministère des Travaux publics pour proposer la réouverture des mines d’Hardinghen : en juin 1916, il finit par obtenir le lancement de travaux de réhabilitation.
C’est en 1660 qu’un cultivateur de Réty a découvert le bassin houiller du Boulonnais. Il s’étend d’Hardinghen à Leulinghen-Bernes, mais sa largeur maximale limitée au nord par la faille de Ferques ne dépasse pas mille huit cents mètres.
Les sociétés qui se succèdent dans l’exploitation de ses mines vont ainsi hélas toutes faire faillite : le charbon est de qualité médiocre, les galeries sont continuellement inondées et le percement du puits est souvent difficile.
Créée en 1871, la compagnie des charbonnages de Réty, Ferques et Hardinghen est vendue le 22 août 1888 à l’ingénieur Ludovic Breton, demi-frère des peintres Jules et Émile Breton. En 1905, la compagnie des charbonnages du Nord et du Pas-de-Calais rachète Ferques ; et en 1912, les deux concessions sont de nouveau fusionnées.
Mais une nouvelle fois, les problèmes générés par l’eau ont raison de l’exploitation et conduisent à la liquidation de la société dès 1913.
Afin de pallier à l’occupation de la région de Lens, le bassin boulonnais est toutefois fortement sollicité durant la guerre. Les sondages s’intensifient à la recherche de nouvelles veines, notamment à Locquinghen et Elinghen.
Une initiative pratique
La réouverture des mines de charbon d’Hardinghen
En raison de la cherté toujours croissante du charbon depuis le commencement de la guerre, M. Narcisse Boulanger, député de la 3ième circonscription de Boulogne, se préoccupait il y a déjà longtemps de la réouverture possible des mines d’Hardinghen, comme pouvant être d’une grande utilité à nos régions et s’était adressé à leur propriétaire, le distingué M. Ludovic Breton.
Après des pourparlers nombreux avec lui et des démarches faites au ministère des Travaux publics, M. Narcisse Boulanger a abouti à ce que ces mines fussent mises en exploitation. La population du Pas-de-Calais lui doit donc être particulièrement reconnaissante de ces démarches couronnées de succès.
Voici la lettre écrite au député de la 3ième circonscription de Boulogne par M. Blum, chef du Cabinet de M. le Ministre des Travaux publics à la date du 7 juin 1916 :
Paris, ce mercredi 7 juin 1916.
Cher Monsieur Boulanger,
Les travaux en vue de la remise en exploitation des mines au charbon d’Hardinghen et de Ferques viennent d’être commencés.
Le Ministre est heureux de vous en faire part, puisque c’est à la suite de vos interventions répétées qu’à pu être réglée cette affaire si importante pour les intérêts de la région que vous représentez au Parlement.
Croyez-moi, je vous prie Cher Monsieur, votre bien sincèrement dévoué.
Signé : BLUM.
Chef du Cabinet de M. Sembat, Ministre des Travaux publics.
La France du Nord, vendredi 16 juin 1916. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 16/94.
En 1918, la concession devient la propriété de la société métallurgique de l’Ariège : elle crée en 1920 une filiale, la société des charbonnages du Boulonnais, qui poursuit l’extraction, notamment pour financer l’équipement de la fosse d’Elinghen, sur laquelle sont fondés tous les espoirs de relance.
Les mines du Pas-de-Calais
Le Ministère de l’Armement vient d’adresser la lettre suivante à M. Narcisse Boulanger, député :
Par lettre du 16 juillet courant et par question écrite n° 25.299, remise à la Présidence de la Chambre le 18 juillet, vous avez bien voulu signaler à mon attention l’intérêt que vous attachez à la remise en activité dans le plus court délai possible, des concessions de mines de houille de Ferques et d’Hardinghen, actuellement inexploitées.
J’ai l’honneur de porter à votre connaissance que les deux concessions dont il s’agit ont été l’objet de la part de la société métallurgique de l’Ariège d’un contrat d’acquisition pour la première et d’un contrat d’amodiation pour la seconde.
En conformité de l’article 138 de la loi du 13 juillet 1911, la société précitée a sollicité du Gouvernement l’autorisation nécessaire pour entrer en possession de ces deux mines.
La demande, après avoir été soumise à l’instruction locale, vient d’être transmise par mes soins au Conseil d’État avec un projet de décret tendant à l’octroi de l’autorisation sollicitée.
Le service local des Mines a émis l’avis que l’aménagement de l’exploitation sera une opération difficile et coûteuse, mais que la société pétitionnaire dispose de ressources suffisantes pour la mener à bonne fin.
En tout état de cause, si le Conseil d’État adopte mes propositions, vous pouvez être assuré que rien ne sera négligé de la part de mon Département pour que l’affaire reçoive une prompte solution et qu’une aide efficace soit donnée aux nouveaux exploitants, en vue de leur permettre d’obtenir une production appréciable dans le plus court délai possible.
Au moment du départ de cette lettre, on me fait part de votre nouvelle démarche. Je vous confirme les renseignements ci-dessus ; l’exploitation en grand présentera de grosses difficultés pratiques, il y a notamment beaucoup d’eau. Nous ferons bien entendu, tout ce que nous pourrons pour aider à surmonter ces difficultés mais il serait dangereux de compter obtenir immédiatement une production vraiment intéressante.
Le Télégramme, 13 août 1918. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHB 1375/19.