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Une Lilloise condamnée à mort

Recrutée par l’Intelligence Service en 1915, Louise de Bettignies met en place et dirige un réseau de renseignements en zone occupée, sous le pseudonyme d’Alice Dubois. En février, elle rencontre Marie-Léonie Vanhoutte, une jeune infirmière roubaisienne. Sous le nom de guerre de Charlotte Lameron, celle-ci devient son lieutenant et multiplie les allers et retours de la France occupée vers la Hollande à travers la Belgique. Ensemble, elles collectent des renseignements, expédient des correspondances clandestines et organisent le passage le passage d’un grand nombre de soldats anglais, belges ou français, évadés des lignes allemandes depuis les territoires occupés du nord de la France et de la Belgique.

Le 24 septembre 1915, Marie-Léonie Vanhoutte est arrêtée à Bruxelles, seize jours avant Louise de Bettignies. Incarcérées toutes deux à la prison Saint-Gilles de Bruxelles, elles sont questionnées par les Allemands, avant d’être jugées le 15 mars 1916 au palais des Représentants à Bruxelles.

D’abord condamnées à mort, leur peine est commuée le lendemain par le général von Bissing, gouverneur de la Belgique occupée : Louise est condamnée à la détention perpétuelle tandis que Marie-Léonie écope d’une peine de quinze années de travaux forcés.

Déportées à Siegburg en Allemagne où elles subissent des conditions de détention très dures, leur état de santé se dégrade. Louise de Bettignies décède le 27 septembre 1917. Le 8 octobre 1918, des évadés français et belges libèrent les prisonnières. Marie-Léonie Vanhoutte reçoit la Croix de Guerre et la Légion d’honneur. Elle s’éteint en 1967 à l’âge de 79 ans.

Une Lilloise condamnée à mort

Nous avons déjà relaté la condamnation à mort, commuée du reste, d’une courageuse jeune fille de Lille, Mlle Louise de Bettignies, que connaissent tous nos concitoyens, et la condamnation à la prison d’une Roubaisienne, Mlle Marie-Louise Van Houtte.

Voici les circonstances exactes de ces condamnations et de plusieurs autres qui ont été portées à la connaissance du public par une affiche du gouverneur de la Belgique, von Bissing :

Par jugement du 16 mars 1916 du tribunal de campagne, ont été condamnés :

  1. Louise de Bettignies, sans profession à Lille, à la peine de mort pour trahison commise pendant l’état de guerre, en pratiquant l’espionnage.
    Louise de Bettignies a avoué, pendant plusieurs mois, avoir pratiqué l’espionnage pour le service d’informations de l’ennemi ; elle prétend n’avoir touché aucune rémunération de ce chef.
    La peine de mort prononcée contre Louise de Bettignies a été en vertu du droit de grâce, commuée en travaux forcés à perpétuité.
  2. Marie-Louise van Houtte, tailleuse à Roubaix ;
  3. Georges de Saever, loueur de voitures à Audenarde à quinze ans de travaux forcés pour trahison commise pendant l’état de guerre en prêtant aide à l’espionnage.

Nous présentons à Madame de Bettignies qui réside actuellement à Boulogne, et à sa famille, en particulier à M. de Gorguette d’Argœuves et à Mme née de Bettignies, l’hommage de notre patriotique et profonde sympathie, en attendant les jours où justice sera glorieusement rendue à la victime de cette odieuse condamnation.

La Croix du Pas-de-Calais, jeudi 20 avril 1916. Archives départementales du Pas-de-Calais, PE 135/18.