En décembre 2014, les archives du Pas-de-Calais rejoignaient le projet d’édition de carnets de soldats de la Grande Guerre lancé sur Wikisource. À l’instar d’autres services d’archives, nous avions proposé à la transcription collaborative les carnets de quatre hommes originaires du Pas-de-Calais, collectés grâce aux grandes opérations de collecte organisées en 2013 et 2014 (Europeana et la Grande Collecte).
Grâce à l'investissement de quelques Wikisourciens très impliqués, la transcription du premier carnet est aujourd'hui terminée. Vous pouvez dès à présent consulter son édition sur Wikisource :
Accéder au carnet de guerre d'Albert Labbé
Le journal d’Albert Labbé
Il s’agit du journal de route d’Albert Labbé, originaire de Pas-en-Artois où ses parents tenaient le premier café-cinéma d’Artois. Le 13 octobre 1913, à 20 ans, Albert s’engage à la mairie d’Arras. Il est affecté au 43ième régiment d’infanterie. Le 16 février 1915, il est blessé dans le secteur de Beauséjour et Mesnil-les-Hurlus (Champagne) : une balle l’atteint à la tête et il est envoyé en convalescence à l’école Saint-Elme, devenue hôpital temporaire à Arcachon (de février à avril 1915). Pour cette blessure, il sera pensionné de guerre et recevra la croix de guerre.
Resté inédit jusqu’à sa publication en 2014, son témoignage retrace les impressions d’un jeune homme, peu préparé aux violences de la guerre. En voici un extrait :
16 Février [1915]
A 3 heures du matin, départ en 1e ligne a 10 heures après 10 minutes de bombardement. Toute la compagnie franchit le parapet a la baïonette avec fanion rouge pour l’artillerie. Plus un piquet, plus de fil de fer, une panique chez les bôches qui se sauvent avec leurs mitraillieuses. Pas un de nous est blesser. Arriver dans la tranchée bôches, on s’empare d’un théléphone. Le lieutenant Givet casse une mitrailleuse (avant de se replier). On voit des équipements bôches partout de. Ceux qui ne se sont pas enfui sont prisonnier. On les pique avec la baïonette pour les faire regagner nos lignes. Ils se trainent a genoux, offrant leurs montres, boites d’allumettes, etc., etc. Le lieutenant conserve un sous officier et de nombreux soldats jusquant qu’en les ferait regagner nos lignes quand il y aura acalmie. (le soir ces bôches on été repris par une contre attaque). On avance toujours en chantant, les bôches se sauvent, nous voici presque qu’à la 3e tranchée, on se retourne, on appercoit qu’il y a des bôches a gauche qui nous tirent dans le dos. On demande du renfort, rien ne vient. Le renfort bôche, la garde impériale arrive, on tire a bout portant, plusieurs tués dans notre côté. On économise nos cartouches. La poussée devient terrible, on revient sur ses pas, aprés avoir vider 2 équipements (celui de Martin tué a mon côté). Les bôches lancent des grenades, c’est alors que j’en ai recu un éclat sur la tête. A moitier assommer, je me suis réfugier dans une sappe. Aprés avoir rester la une demi-heure, les bôches arrvent arrivent en nombre. Plusieurs des notres sont prisonniers. Les bôches les font avancer vers nous et en profitent pour se préserver de nos balles.
Comment participer ?
Le projet vous intéresse ? Trois autres contributions sont en cours d’édition et attendent d'être transcrites.
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Carnet du soldat Alton Dondeyne
Alton Dondeyne a 28 ans lors de la mobilisation. Tout d'abord affecté au 362ième RI, il participe aux campagnes les plus périlleuses du conflit : Alsace, Artois, Meuse, Somme, Yser, Verdun. Il est fait prisonnier le 1er août 1916 à Vaux Régnier (Meuse) et envoyé à Darmstadt en Allemagne où il restera jusqu'à l'armistice.
De retour chez lui, il couche ses souvenirs sur papier et devient vice-président de la section de l'Union Nationale des Combattants de Liévin (certains de ses discours prononcés lors d'assemblées générales sont retranscrits en fin de carnet).
Extrait du journal d'Alton Dondeyne : décembre 1914, les combats d'Ypres et cris des blessés délaissés à leur l'agonie
[...] c'était des combats sans arrêt de jour comme de nuit. A un endroit, nous étions a trente mètres de l'Ennemi Malheur a ceux qui se trouvaient blessés entre les deux tranchées ? s'il ne pouvait revenir de ses propres moyens, ? ils étaient condamnés a périr là, de souffrance, de fièvre et de faim ! ; les boches nous empéchant d'aller chercher les blessés. J'en ai vu plusieurs ainsi qu'il a fallut abandonner a leur triste sort, tandis que nous avions le cœur torturé de leurs plaintes et lamentations, quelquefois on les voyez encore remuer après trois et quatre jours Grâce ! au secours ! a boire ! et rien à faire la fusillade continuer implacable de part et d'autre Combien ? de fois ai-je entendu ? ce cri douloureux. Maman ! Oh, ce cri ! Maman ! Maman ! le dernier cri du moribond. Maman ! dans ce mot sonne toute la vie passée toutes les tendresses perdus ! Maman !! [...]
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Carnets du maire de Croisilles Alexandre Poutrain
En 1939, à la demande de ses enfants, Alexandre Poutrain (1862-1941) rassemble les souvenirs des deux guerres qu'il a traversées (1870 et 1914-1918). Maire de Croisilles dans le Pas-de-Calais de 1908 à 1925, ses cahiers fourmillent d'anecdotes sur l'administration d'une commune pendant la Grande guerre, notamment sur les questions de ravitaillement et sur les relations entretenues avec l'occupant.
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Carnets du soldat Louis Doisy
Au début de la guerre, Louis Doisy, né en 1888, rejoint le 6ième de chasseurs à cheval. Il participe à la bataille de Courtrai le 22 août 1914, aux campagnes de Champagne (1915) et de Verdun (1916) avant d'être détaché comme agent de liaison au 15e d'artillerie. En 1917, il prend part aux offensives de Craonne et gagne les Flandres. En 1918, il est gazé à Coucy-le-Château ; après un prompt rétablissement, il est envoyé sur le front de l'est.