Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre
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Militaires britanniques dans le Pas-de-Calais et bûcherons par nécessité
Au lendemain de l’assassinat à Sarajevo de l’archiduc autrichien François-Ferdinand, l’Europe s’embrase dans un des conflits armés les plus meurtriers de l’histoire. C’est ainsi que le Royaume-Uni déclare la guerre à l’Allemagne le 4 août 1914, répondant positivement à l’appel du roi Albert Ier de Belgique, face à la violation de la neutralité de son pays. De ce fait, l’armée britannique se voit entraîner dans les hostilités, avec le paradoxe d’être la première puissance sur les mers grâce à la plus grande flotte du monde et d’être la nation la plus faible sur terre, avec seulement 70 000 hommes composant le Corps expéditionnaire britannique. Ce chiffre sera par la suite largement majoré par l’appel fait aux volontaires et à l’Empire.
Installation des sujets de Sa Majesté en terrain républicain
Le Corps expéditionnaire britannique, ou British Expeditionary Force, débarque à Boulogne-sur-Mer entre le 10 et le 23 août 1914 avec, à sa tête, le général John French. L’objectif de cet engagement dans la guerre est double :
d’abord venir en aide aux alliés de la Grande-Bretagne et,
ensuite, protéger les îles britanniques de toute invasion.
La situation géographique de la Côte d’Opale en fait l’endroit idéal où les tommies, surnom donné aux soldats britanniques, installeront leurs camps.
Entre 1914 et 1916, 1 700 000 tommies passent par Boulogne-sur-Mer et prennent leurs quartiers dans les cantonnements d’Étaples, Calais, Dunkerque, Anvers, sans oublier le grand quartier général présent à Saint-Omer à partir d’octobre 1914, puis à Montreuil-sur-Mer dès février-mars 1916.
La motopompe de la base anglaise [de Calais] et son équipe de la fire-brigade. Photographie. Archives départementales du¨Pas-de-Calais, 43 Fi 464.
La motopompe de la base anglaise [de Calais] et son équipe de la fire-brigade. Photographie. Archives départementales du¨Pas-de-Calais, 43 Fi 464.
La cohabitation franco-britannique
La vie quotidienne qui s’organise entre les autochtones et les invités britanniques est globalement de bonne qualité et la cohabitation s’avère être cordiale. En ces temps de turbulences et de méfiance, l’armée britannique impose certaines restrictions à la population, telles que les limitations de circulation des civils, des réquisitions de matériels, mais également des contingentements plus frivoles comme celui du commerce de l’alcool ou encore celui des charmes féminins.
Ces restrictions sont contrebalancées par la sympathie dont font preuve les "British" envers les habitants, des chocolats et bonbons sont donnés aux enfants, sans occulter les relations sentimentales entre jeunes tommies et jeunes françaises. Les compensations sont aussi financières puisque les troupes dépensent énormément d’argent auprès des commerçants et agriculteurs locaux, leur assurant des fortunes non négligeables.
De quel bois les Britanniques se chauffent !
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[Soldats juchés sur les bois provenant d'Amérique, de la base belge de Calais]. Photographie. Archives départementales du Pas-de-Calais, 43 Fi 81.
[Soldats juchés sur les bois provenant d'Amérique, de la base belge de Calais]. Photographie. Archives départementales du Pas-de-Calais, 43 Fi 81.
Dès le début du conflit, chaque belligérant est confronté au problème d’un manque de matières premières pour l’industrie de guerre. Pour preuve, l’Allemagne crée en août 1915 l’Office des matières premières. Le matériau faisant principalement défaut est le bois ; en effet, celui-ci est employé à la construction d’éléments défensifs, à la consolidation des tranchées, à l’alimentation en bois de feu, aux remplacements des poteaux électriques et téléphoniques ainsi qu’à l’établissement des réseaux de barbelés.
L’armée britannique a commencé très rapidement à avoir de gros besoins en bois et à en utiliser plus que de raison. La solution fut toute trouvée : l’exploitation des forêts du nord de la France. Sur le terrain, les coupes anarchiques et l’abondance des prélèvements sauvages conduisent l’armée française à la création de commissions spéciales afin d’éviter le pillage de la ressource forestière, et l’armée anglo-saxonne à l’établissement, au premier semestre 1915, d’un service forestier au sein de la Mission militaire.
À la fin de la guerre, les bilans réalisés sont éloquents : les forêts du nord de la France ont fourni à l’armée britannique plus de 300 000 m3 de bois d’œuvre, plus d’un million de stères de bois de mine et de chauffage pour une superficie de 44 500 hectares exploités. L’abattage des arbres a été contrôlé par les deux parties en présence, mais n’a pas été systématiquement respecté du côté britannique.
Les conséquences ont perduré après la fin des hostilités : en 1919, un rapport de l’ingénieur subdivisionnaire adressé au sous-préfet de Montreuil-sur-Mer dénonce la détérioration des chemins de la commune de Bouin (aujourd’hui Bouin-Plumoison), à la suite de l’installation d’une scierie par l’armée anglaise. Cette expertise se fonde sur les difficultés rencontrées par les exploitants agricoles pour le bon fonctionnement de leur activité.
Le rapport fait état de chemins "orniérés" et parfois défoncés, avec des trous de 80 cm, où il n’est même plus possible de circuler à pied. La cause en est une circulation intense des camions anglais
et un manque d’entretien, qui n’a été effectué, ni par l’armée britannique, ni par le service des Ponts et Chaussées, malgré de multiples démarches de la part du maire. Ce manque de respect pour cette ressource naturelle que constituent les bois du nord de la France se remarque toujours cent ans après ce conflit, les forêts ont payé un lourd tribut et, aujourd’hui, le Pas-de-Calais reste un des départements les moins boisés de France, avec un taux de seulement 7 %, quand la moyenne se situe à 28,6 %.
Néanmoins, à l’heure actuelle, et sans langue de bois, le Pas-de-Calais, loin de vouloir donner une volée de bois vert aux amis d’outre-Manche, travaille de concert avec l’Angleterre à la protection et à la valorisation du patrimoine naturel du Détroit.
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