Napoléon : L'Aigle VS Little Boney

À la différence des planches anglaises, la gravure française est presque toujours non signée et non attribuable.

Le cochon qui fait depuis longtemps partie de l'imaginaire traditionnel est ici totalement nouveau et il convient de souligner l'étrangeté de l'usage politique qui en est fait lors de la crise de juin-juillet 1791, après la triste équipée de Varennes.

Le département de Police de Paris s'émeut le 16 septembre 1791, "de l'étalage de trop nombreuses et indécentes caricatures..." et des estampes encore bien plus injurieuses contre la personne du roi sous différentes allégories.

Cette gravure s'inspire d'une fable antique, Les grenouilles qui voulaient un roi, écrite par Esope.

Les grenouilles, allégorie de la nation française, se cherchent un nouveau leader après la mort de Louis XVI, représenté en buste couché sous les pieds de la grue. Celle-ci porte la tête de La Fayette, figure importante de la Révolution. Toutefois, le vote de la loi martiale lui fait perdre estime et considération. Cette loi martiale que brandit sur la droite le maire de Paris, Bailly, est notamment à l'origine de la mort de ce dernier.

Le général Bonaparte entraîne ses troupes à l'assaut du pont d'Arcole entre le 15 et le 17 novembre 1796 lors de la première campagne d'Italie, où elles combattent les Autrichiens venus en aide aux Italiens. Les Français, victorieux, ramènent le drapeau, brandi par leur général sur cette gravure.

Au début de l’année 1798, des rumeurs d'invasion française circulent en Angleterre. L'œuvre réalisée dans ce contexte montre William Pitt, premier ministre britannique, en dieu des vents, déchainant les flots pour engloutir le bateau représentant les idées républicaines et révolutionnaires françaises. Ses ministres tiennent une rampe qui maintient assez près le bateau révolutionnaire de William Pitt et de ses rafales.

Cette caricature illustre l'idée reçue suivant laquelle les Français considéraient les Anglais comme des peureux.

Cette caricature fait suite à la paix d’Amiens signée en mars 1802. La trêve ne dure pas et la guerre entre la France et l’Angleterre reprend dès le mois de mai 1803. James Gillray, comme ses contemporains, se fait l’écho des tensions toujours présentes entre les deux pays.

La France est représentée par citizen François, un officier, maigre et grand, au teint cireux. Il devient chauve et sa queue de cheval est dressée. À terre, gisent son épée et son couvre-chef. L’Angleterre est symbolisée sous les traits de Britannia, une femme pleine de bonhomie, replète et richement habillée. Alors que citizen François tente de l’embrasser, Britannia jette un œil à ses armes derrière elle, un bouclier et un trident. Au-dessus d’eux, Napoléon et George III se regardent avec méfiance par médaillon interposé.

Le dessin original a été réalisé dans le contexte du camp de Boulogne érigé par Napoléon Ier entre 1803 et 1805 dans l'objectif d'envahir l'Angleterre. Ici, c’est le départ de la flottille le 16 août 1803 du port de Boulogne qui est représenté.

Le camp de Boulogne est installé sur les hauteurs de Boulogne-sur-Mer entre 1803 et 1805. L'objectif est d'envahir l'Angleterre. Napoléon n'est pas toujours sur place mais il vient régulièrement et y reste quelques temps. 

Le 15 août 1804, il passe en revue les troupes et distribue le lendemain les croix de la Légion d'honneur aux soldats de la Grande Armée.

Il s’agit de la caricature la plus célèbre de James Gillray.

Le premier ministre William Pitt et Napoléon se font face à une table ronde sur laquelle, dans un plat, est déposé un globe terrestre en forme de plum-pudding.

Lors de la bataille de Trafalgar le 21 octobre 1805, où les navires de Nelson encerclent et attaquent ceux de la flotte impériale qui cherche à rejoindre Napoléon à Boulogne, Nelson reçoit une balle qui lui traverse l'épaule gauche et transperce un poumon et sa colonne vertébrale. Il est transporté sur le pont inférieur et place un mouchoir sur son visage pour ne pas démoraliser ses troupes. C'est cet instant qu'a choisi de représenter West plutôt que l'agonie du héros britannique.

Nelson est installé confortablement sur le pont inférieur où il demande régulièrement des nouvelles de la bataille. Dans ses derniers instants, on lui annonce que des navires ennemis se sont rendus. Il meurt en sachant que la victoire est en bonne voie.

Wellington est avec Nelson le plus grand ennemi de Napoléon. D’abord soldat en Inde où il brille, il rentre auréolé de gloire et devient membre du Parlement.

Lorsque débute la guerre contre la France, c’est à lui que le gouvernement britannique fait appel. Wellington met en déroute les Français plus d’une fois et précipite la chute de Napoléon jusqu’à la victoire de Waterloo, apogée de sa carrière militaire.

Après 1815, il se consacre à la politique, devenant ministre de la Guerre, des Affaires étrangères et Premier Ministre entre 1828 et 1830.

Jamais il n’a oublié Napoléon, son meilleur ennemi. Il est même dit qu’il restait parfois longtemps silencieux devant le portrait de l’empereur qu’il conservait chez lui.

Le jeu des quatre coins fait référence à un jeu d'enfant populaire : on forme un carré et l'on place quatre joueurs aux coins ; un cinquième se trouve au centre. Au signal de cedernier, les cinq joueurs doivent bouger et atteindre un autre coin. Celui qui se retrouve sans coin a perdu et se place au centre.

À partir de 1806, on assiste à une constante réorganisation de l'Europe et à une redistribution des pays assujettis. Joseph a été roi de Naples (1806) puis des Espagnes (1808) et des Indes, libérant ainsi le trône napolitain pour Joachim Murat, le beau-frère, grand-duc de Berg depuis 1806. Louis devient roi de Hollande de 1806 à 1810. Jérôme reçoit le royaume de Westphalie en 1807.

En uniforme militaire, Napoléon tire les ficelles de son pantin, le roi Joseph, qui édifie unchâteau de cartes. Mais le duc de Wellington se baisse sur la table et, irrespectueusement, souffle les cartes. Symbole de construction artificielle, l'œuvre d'une vie à laquelle l'empereur a tant travaillé, peut être anéantie en un clin d'œil.

Cette caricature française, reprise d’un original anglais, lui-même inspiré par un dessin allemand, est très populaire et très répandue après la défaite subie par les Français à Leipzig en octobre 1813 et leur retraite d'Allemagne. Elle représente Napoléon en messager, appuyé sur le sceptre de Charlemagne, mais en bottes de cavalerie, et se hâtant vers sa patrie.

De l'autre côté du Rhin, on aperçoit la ville de Mayence où il parvient le 1er novembre 1813.

De son havresac s'échappent tous les documents acquis à la foire de Leipzig, dès lors de renommée internationale. Il s'agit de gravures des gardes impériales tuées en Russie en 1812, mais aussi récemment en Allemagne, de cartes de la Pologne (occupée par le tsar en février 1813), de la confédération du Rhin et des villes hanséatiques, de la Suisse et de la Hollande. Le royaume d'Italie, qui ne se désolidarise officiellement qu'après l'abdication, vient à peine de s'échapper du sac.

La caricature, conçue comme une carte de vœux,souhaite des temps meilleurs à l'Allemagne, mais rien de bon à la France, car elle s'accompagne d'un transparent au-dessous, qui dévoile le futur en contre-jour :

Cette estampe est à remettre dans le contexte de la campagne de France (1813-1814), qui a eu pour but de repousser les troupes napoléoniennes dans les frontières de la France et d'envahir le pays afin de faire abdiquer l’Empereur.

Fin mars 1814, la coalition de pays alliés contre Napoléon atteint Paris. Le 31 mars, la ville capitule ; le tsar Alexandre Ier et le roi Frédéric Guillaume III de Prusse entrent dans Paris.

Cet événement annonce l'abdication de Napoléon Ier en avril 1814 et son exil sur l'île d'Elbe.

Après la bataille de Waterloo, Napoléon a l'idée de demander aux Britanniques de le conduire aux États-Unis. Il embarque sur le Bellérophon à Rochefort le 15 juillet 1815 en se rendant aux Anglais de son plein gré. Le 26 juillet, le Bellérophon mouille en rade de Plymouth. Il y reste deux semaines durant lesquelles les Anglais discutent du sort à réserver à l'ancien empereur. Le 31 juillet, la décision est annoncée de l'exiler sur l'île de Sainte-Hélène, territoire britannique n'étant pas régi par l'habeas corpus qui assure, entre autres, des droits de base aux prisonniers. Le Bellérophon étant un navire vieillissant, c'est le Northumberland, navire plus robuste, qui est choisi pour amener Napoléon.

Napoléon meurt le 5 mai 1821 dans sa résidence de Longwood, sur l'île de Sainte-Hélène. Alité depuis le mois de mars, son état empire début mai. Dans la matinée du 5, sachant que la fin est proche, ses compagnons se rassemblent à son chevet.

L'œuvre rassemble les portraits des différents ministres présents au congrès de Vienne (septembre 1814 à juin 1815), au cours duquel ils vont dessiner la nouvelle géographie de l'Europe.

On y voit notamment : le duc de Wellington de profil, le secrétaire au Foreign Office Castelreagh et les diplomates comte Clancarty, comte Cathcart et le demi-frère du ministre, Sir Charles Stewart, au titre du Royaume-Uni ; Talleyrand, ministre des Affaires étrangères, le duc de Dalberg, Alexis de Noailles et le marquis de La Tour du Pin Gouvernet, pour la France.

La scène représente les différents ministres réunis à Vienne de septembre 1814 à juin 1815 afin de discuter du devenir de l'Europe après la destitution de Napoléon. La France est représentée par Talleyrand, reconnaissable à sa canne, et l'Angleterre par Wellington, qui insiste pour que le vaincu reste un grand pays souverain et ne soit pas la proie des Étatsvictimes des guerres napoléoniennes. Il pense en effet qu'une France faible bouleverserait l'Europe et également la position du Royaume-Uni.

L'artiste Jean-Baptiste Isabey a accompagné Talleyrand à Vienne pour garder une trace de l'événement. Pour varier les pauses et les attitudes dans un tel portrait de groupe, il choisit de représenter la "causerie familière" qui a lieu une fois la session terminée.

De gauche à droite :  leduc de Wellington, Joaquim Lobo da Silveira comte d’Oriola, António de Saldanha da Gama, Carl Löwenhielm, Alexis de Noailles, Klemens Wenzel von Metternich, Frédéric-Séraphin de La Tour du Pin Gouvernet, Charles Robert de Nesselrode, Pedro de Sousa Holstein, Castlereagh, Emmerich Joseph de Dalberg, Johann von Wessenberg, Andreï Razoumovski, Sir Charles Stewart, Pedro Gómez Labrador, Richard Trench comte de Clancarty, Nikolaus von Wacken, Friedrich von Gentz, Wilhelm von Humboldt, William Cathcart, Karl August von Hardenberg, Talleyrand, Gustav Ernst von Stackelberg.