L’hostilité des habitants du Pas-de-Calais vis-à-vis des occupants s’est manifestée très tôt. Le souvenir de la Grande Guerre et de l’occupation très dure de l’est du département avait laissé des traces profondes dans la mémoire. De plus, le département connaît des combats très violents en mai et juin 1940 et subit des massacres comme celui d’Oignies. Il voit passer des milliers de civils sur ses routes fuyant l’avance allemande pendant l’exode.
Le Pas-de-Calais connaît aussi une situation particulière après l’armistice : il est rattaché à la zone interdite avec la peur de l’annexion, dépend d’une administration exceptionnelle, subit une exploitation économique pesante et doit accepter une grande densité de troupes d’occupation. De plus, proche de l’Angleterre, il est plus facile à ses habitants d’écouter la BBC et d’avoir des nouvelles du général de Gaulle et de Churchill.
De nombreux actes hostiles sont relevés dès l’été 1940 : sabotage des lignes téléphoniques, clous semés sur les routes, inscriptions sur les murs. Cette résistance spontanée et inorganisée est durement réprimée. Déjà, le 11 novembre 1940, 35 % des mineurs du Pas-de-Calais se mettent en grève. Au début de 1941, le général de Gaulle représente l’espoir et les consignes de la BBC sont de plus en plus suivies : "V" sur les murs, rues vides le 1er janvier, etc.
Quelques habitants mettent en place des réseaux d’évasion pour les soldats anglais. Ces petits groupes sont progressivement encadrés par les services secrets britanniques. En 1942, le War Office contrôle une grande quantité de réseaux clandestins chargés de l’évasion des aviateurs anglais et de fournir des renseignements.
À la fin de 1942, le Pas-de-Calais constitue le terrain d’opérations du réseau Sylvester Farmer dirigé par un Anglais surnommé le Capitaine Michel. Les Allemands lancent régulièrement de vastes opérations pour démanteler ces réseaux.