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La symbolique dans la musique et la danse

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Mythes et allégories

Les vers sont enfans de la lyre
Il faut les chanter, non les lire.

(François Decottignies, dit Brûle-Maison, repris dans L. Vallé, Recueil de chansons choisies des étrennes lyriques et anacréontiques et de plusieurs opéras connus, [1840-1849]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 4 J A 10)

Évoquer la puissance de la création artistique sonore, y compris dans son ambivalence, ainsi que le lien qu’elle offre avec les forces transcendantes, est souvent l’occasion de recourir aux scènes mythologiques ou symboliques gréco-latines. Dieu de la lumière, de la vérité et de la musique, Apollon apparaît généralement avec une kithara, un instrument similaire à la lyre ; il inspire l’activité intellectuelle et la poésie. Nymphes des montagnes et des fleuves, les neuf muses qui l’assistent sont filles de Zeus et de Mnémosyne (la mémoire) ; elles charment par leurs chœurs les dieux de l’Olympe et enseignent à Orphée l’apprentissage de la lyre. Elles incarnent une théologie de la parole chantée, avec pour chacune un attribut, tel que la musique et la flûte pour Euterpe ou la danse et les instruments à cordes de Terpsichore.

Figure de toutes les contradictions, le dieu de la vigne Dionysos est accompagné d’un cortège où chantent et dansent des femmes en transe, les Ménades, et des hommes hybrides, joueurs de l’aulos, les Satyres. Le caractère orgiaque de leurs rassemblements provient des effets de la musique, de la danse et de l’ivresse, qui mettent l’homme en état de possession et lui assurent une communication avec le sacré. Aède mythique, Orphée charme, quant à lui, par sa lyre les animaux sauvages ou parvient à émouvoir les arbres et les rochers, soulignant ainsi l’aspect magique de l’art ; mais c’est le sacrifice suprême, la mort d’Eurydice, qui lui permet d’atteindre l’excellence.

Musique et danse peuvent aussi s’inscrire dans une démarche symbolique. Qu’elles soient déclinées sous forme humaine, animale ou végétale, les allégories permettent de faire comprendre une abstraction ou d’évoquer une idée, une vertu ou un fait historique. Au XIXe siècle, elles peuvent aussi servir à exalter les nationalismes. La musique participe ainsi à l’incarnation de concepts de nature philosophique, à l’image de symboles hérités de l’Antiquité comme la Renommée ou la Victoire : messagères, l’une et l’autre embouchent parfois une trompette pour se faire entendre.

À l’exemple de la cigale d’Ésope ou de La Fontaine, l’artiste, qu’il soit poète ou musicien, est une image de l’insouciance et de l’imprévoyance. Et, au sein d’une nature morte, évoquée par des partitions ou des instruments silencieux parmi d’autres objets de la vie courante (tels que des livres ou des fleurs), la musique invite à méditer sur la fragilité de l’univers, sur l’aspect éphémère des arts et sur leur vanité.

 La musique céleste

Que ne puis-je à traict d’aisle
(Comme la Colombelle)
M’eslancer dans les cieux ;
Là je pourroy entendre
Et puis vous faire apprendre
Les doux airs de ces lieux.

(Chansons dévotes sur la vie de saincte Ysberghe vierge et de sainct Venant, hermite, martir, son directeur ; composé par un pèlerin catholicque, et r’imprimée de nouveau avec la musicque à l’instance et faveur des bons Pères Hermites de la Solitude Nostre Dame de Flechinel lez la ville d’Aire, placard, sans lieu, XVIIe siècle. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 J 2035)

Depuis la marge enluminée d’un manuscrit jusqu’aux sculptures ornementales des orgues, la musique occupe une place importante dans l’iconographie religieuse. Associée au diable, dans certaines de ses formes (le "vacarme de l’enfer" et des instruments à vent, flûtes, trompettes ou cornemuses), elle peut aussi inciter à la méditation et à la dévotion, et apparaît ainsi dans de nombreux thèmes hagiographiques comme attribut de certains saints, tels les clochettes de saint Antoine ou de saint Walloy (à Cavron-Saint-Martin, par exemple) ou le violon de saint Genès.

David

Chantons David et sa victoire :
À l’éclat brillant de sa gloire
On reconnaît l’élu du ciel.

(Choeur des jeunes filles, scène 5 de l’acte I, dans Le triomphe de David, mélodrame en trois actes de l’arrageois Louis-Charles Caigniez, musique de Leblanc, Paris, an XIVp. 8)

Dans l’iconographie musicale, David reste le personnage le plus évoqué de l’Ancien Testament. Roi du peuple d’Israël, il est aussi connu pour ses talents de musicien et de poète : à la cour du roi Saül, son prédécesseur, il parvient à sortir ce dernier de sa mélancolie grâce à ses mélodies ; il compose ensuite les Psaumes sous l’inspiration divine. Il est ainsi représenté, la tête couronnée, jouant de la harpe, de la lyre ou d’autres instruments à cordes.

Sainte Cécile (IIIe siècle après J-C)

Vif’ Saint- Cicil’ ! Chuquons, vidions nou verre,
Gloire à nou sainte, amis, gloire à nou mère !
Ch’est aujord’hui qu’i’ faut moutrer tartous
Qu’a’ n’o mor poent des si bons z’éfants qu’nous.

(Alfred Demont, "Vive sainte Cécile !", musique de Charles Lagniez, Au pays du Ternois, Saint-Pol-sur-Ternoise, 1910, p. 59-61)

Sainte Cécile, jeune Romaine martyrisée, devient la patronne des musiciens à partir de la fin du XVe siècle. Elle est alors représentée avec un orgue portatif, le visage en extase et s’abandonnant à la contemplation. À ses pieds, des instruments de musique détruits renvoient à la pensée platonicienne : la musique céleste doit primer sur les mélodies terrestres. À partir du XVIIe siècle, elle apparaît entourée d’anges, avec un luth, un violon ou encore une viole de gambe.

Les anges musiciens

Regroupés en ensembles instrumentaux ou en chœurs, les anges musiciens figurent aux grands moments de la vie du Christ, de la Vierge et des saints, comme sur les représentations du Paradis. Ils peuvent tenir des instruments à vent comme le cor, le seul capable de porter la parole divine, une flûte ou des cymbales, mais aussi un orgue, une vièle, ou un luth à partir du XVIIe siècle. Ils représentent ainsi l’harmonie entre la création par Dieu de l’univers et la réalité présente sur la terre.

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