L'ampleur des destructions et l'état de ruine du département est bien connu en 1918. Il a été, à l'époque, abondamment photographié, filmé, commenté. Ajoutons à ce cortège d'image les mots de Charles Jonnart, président du Conseil général du Pas-de-Calais :
Je me rendis d'abord dans la région d'Arras et de Béthune que l'armée allemande avait occupé pendant près de quatre ans et que j'avais tant de fois parcourue jadis alors qu'elle était florissante et prospère ; quelques amis m'accompagnaient [...] Ils n'espéraient point retrouver leurs maisons debout, mais du moins l'emplacement des habitations où leurs pères avaient vécu, où ils étaient nés, où ils croyaient mourir en paix après avoir bien travaillé et contribué à enrichir leur petite patrie. Quelles angoissantes recherches ! L'emplacement même des maisons dans le désordre des ruines, il nous fallut quelquefois des heures pour le fixer avec certitude. Devant nous, plus un village, plus un arbre ; le chaos, la mort dans un immense désert.