Eugène-François Vidocq est né à Arras le 24 juillet 1775, au 222 rue du Miroir-de-Venise (aujourd’hui rue des Trois-Visages), dans un milieu relativement aisé. Son père, Nicolas-Eugène Vidocq, est maître boulanger et marchand de blé.
Enfant, il fréquente les salles d’armes et devient un redoutable escrimeur. Ses talents lui serviront lors des multiples duels qu’il provoquera. Turbulent et bagarreur, on lui donne le surnom de "Vautrin", qui signifie "sanglier" en patois.
À treize ans, à la demande de son propre père, il connaît déjà la prison (il passe dix jours aux Baudets) pour avoir commis quelques petits vols, notamment de couverts en argent.
Les années de brigandage
En 1791, à seize ans, il quitte Arras après un nouveau vol dans la caisse de la boulangerie familiale. Il s’engage dans le régiment de Bourbon, et participe aux batailles de Valmy (il est nommé caporal en 1792) et de Jemmapes. En 1793, après avoir déserté, il est chassé de l’armée.
Il rejoint Arras et épouse Louise Chevalier, sœur d’un acolyte de Lebon. Convaincu de l’infidélité de son épouse, il l’abandonne toutefois très vite. Commence alors une série d’escroqueries et de vols commis à Paris ou dans le Nord de la France. Le 27 décembre 1796, il est condamné à huit ans de travaux forcés au bagne de Brest pour "faux en écritures publiques et authentiques". Après plusieurs tentatives, il parvient à s’évader mais il est de nouveau interpellé en 1799. Il est envoyé au bagne de Toulon d’où il s’évade également. Ces évasions lui valent notoriété et respect auprès des gens du milieu.
Chef de la police de sûreté
En 1806, las de cette vie clandestine et marginale, il offre ses services d’indicateur à la police de Paris. Il œuvre à Bicêtre puis à la prison de la Force et fait l’admiration du préfet de police.
En 1811, il cesse son travail de "mouchard" et crée la Police de sûreté chargée de traquer assassins, voleurs, escrocs et faux-monnayeurs. Il recrute d’anciens condamnés mais exige d’eux un comportement irréprochable. Passé maître dans l’art de s’infiltrer, il remporte de larges succès et les résultats de sa brigade dépassent ceux de la police traditionnelle. Le personnage fascine la haute société parisienne.
Entrepreneur provincial
En 1818, il est gracié par Louis XVIII pour sa condamnation qui lui valut le bagne vingt-deux ans plus tôt. Mais ses détracteurs sont, eux aussi, très nombreux et, en 1827, il est contraint à la démission.
Il s’installe alors à Saint-Mandé, où il crée une usine de papier infalsifiable et d’encre indélébile. Il commence également la rédaction de ses Mémoires de Vidocq, chef de la police de Sûreté, jusqu'en 1827.
Ruiné par son affaire, et après un bref retour à son poste de chef de la sûreté en 1832, jusqu’à la fusion de cette unité avec la police municipale, il crée le Bureau de renseignements pour le commerce, sorte d’agence de détectives privés, chargée de fournir des indications sur les clients indélicats et de surveiller d’éventuelles escroqueries. Un jugement en ordonne cependant la fermeture.
François Vidocq meurt rue Popincourt à Paris des suites du choléra, le 11 mai 1857. La cérémonie funèbre a lieu en l’église Saint-Denis-de-Saint-Sacrement, dans le IIIe arrondissement.
Tour à tour voleur, saltimbanque, faussaire, bagnard, marchand, chef de la Sûreté de Paris et l’un des premiers détectives privés au monde, Vidocq n’a cessé de fasciner les historiens, les auteurs et les scénaristes. Il a inspiré entre autres le personnage de Vautrin dans la Comédie humaine d’Honoré de Balzac et celui de Jean Valjean dans Les Misérables de Victor Hugo. Sa vie a également fait l’objet d’adaptations pour le cinéma et la télévision.