Les combats d’août et de septembre 1914 avaient relativement épargné le territoire du Pas-de-Calais. Mais après la victoire de la Marne à la mi-septembre, les différents belligérants tentent de déborder leurs positions respectives. C’est la " course à la mer", qui voit le front s’étendre comme une large cicatrice à travers la France du Nord.
La première bataille d’Artois s’engage du 1er au 26 octobre 1914 entre Lens et Arras. La France découvre alors dans les communiqués officiels des noms de communes qui deviendront célèbres pour le restant du conflit : Souchez, Carency, Ablain-Saint-Nazaire, la colline de Notre-Dame de Lorette, Vimy, Vermelles, etc.
Mais, malgré d’effroyables combats, la perte d’une partie du bassin minier, la chute de Lens, les premières destructions d’Arras, aucune des deux armées n’arrive à prendre le dessus sur l’autre. À la fin du mois, à bout de souffle, les armées s’enterrent ; le front se fige et coupe le Pas-de-Calais en deux.
En ce début octobre, les Français reculent sous la pression de l’armée allemande, qui enlève Lens le 4. Ce même 4 octobre voit la mort de Louis Marcot, général commandant la 81e division d’infanterie territoriale, tombés aux Essarts-lès-Bucquoy, alors que ses territoriaux avaient ordre de tenir leurs positions dans l’attente de renforts.
Biographie
Louis-François Marcot est né le 22 août 1845 à Vauvillers (Haute-Saône). Commandeur de la Légion d’honneur à titre militaire, le général Marcot a déjà une belle carrière lorsque la guerre éclate.
Élève de l'École militaire de Saint-Cyr en 1864, il en sort en 1866 comme sous-lieutenant au 49e régiment d'infanterie de ligne.
La guerre de 1870 l’élève au grade de capitaine, alors qu’il est au 113e régiment d’infanterie. Capitaine adjudant-major en 1875, chef de bataillon en 1883, il participe à la campagne d’Afrique en 1889 et est promu lieutenant-colonel en 1891 (au 63e régiment d’infanterie), puis colonel en 1896 (au 7e régiment d’infanterie).
En 1901, il passe général de brigade à l'État-major général et commandant de l'École militaire de Saint-Cyr. Il est également admis au comité technique d'infanterie. En 1907, il est promu général de division, commandant la 15e division d'infanterie.
Mort du général Marcot
Nous apprenons la mort glorieuse du général Marcot, commandeur de la Légion d’honneur, commandant la 81e division, tué le 4 octobre dernier aux Essarts-Bucquoy.
Frappé mortellement d’un éclat d’obus en donnant des ordres aux officiers de son état-major qui l’entouraient, il fut transporté à l’ambulance de Bienvillers, où le général Brugère lui donna le dernier baiser d’un frère d’armes.
Son corps put ensuite être ramené à Doullens, où il repose actuellement dans le caveau de famille de M. le sénateur Rouzé, maire de cette ville, en attendant qu’il puisse être transporté, suivant ses dernières volontés, à Vauvillers son pays natal.
En 1870, comme lieutenant, il avait échappé miraculeusement à la mort, les Allemands ayant fait sauter une poudrière dans laquelle il se trouvait.
Il était le gendre du poète Louis Ratisbonne, alsacien-lorrain, qui, lui aussi, rêvait de notre victoire future et de voir l’Alsace redevenir française.
L’Avenir d’Arras et du Pas-de-Calais, 18-19 octobre 1914. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG22/71.