Au-delà d’être une bataille de diversion (offensive principale menée par les Français sur le chemin des Dames), les objectifs de la bataille d'Arras d’atteindre la frontière belge via les villes de Douai et Cambrai. Cette offensive coup de poing, soigneusement préparée par les armées britanniques, a notamment permis de libérer Arras la martyre du joug allemand.
Les raisons d'un succès
Pour réussir cette bataille, de nombreux préparatifs ont été nécessaires tels que :
- la reconnaissance du système défensif adverse : survol aérien pour photographier les défenses ennemies (ces préparatifs ont vu la perte de nombreux équipages anglais dont le bilan est de 150 avions abattus et plus de 300 hommes d’équipages tués, ce qui vaudra à cet épisode l’appellation de "bloody April"), raids dans les tranchées adverses pour reconnaître la qualité des unités en présence et capturer des prisonniers afin d’obtenir des renseignements ;
- l’aménagement de zones d’entraînement : création de maquettes reproduisant le plus fidèlement possible le territoire ennemi pour entraîner les troupes à la reconnaissance des lieux ;
- l’amélioration de la logistique : création de dépôts de munitions et de vivres, organisation performante de la chaîne d’évacuation des blessés, développement du réseau de voies de 60 cm, la mise en place d’un réseau de communication entre les commandements et les troupes sur le front.
La longueur du front pour cette bataille est d’une vingtaine de kilomètres, de Vimy au nord, à Bullecourt au sud en passant par Arras au centre du dispositif.
Lors de cette bataille, 33 divisions d’infanterie britanniques sont engagées dont 4 divisions canadiennes et 4 divisions australiennes.
Des tactiques expérimentales comme le tir de barrage roulant, les fusées percutantes capables de vaporiser les fils de fer barbelés afin de dégager les tranchées ennemies et les tirs anti-batteries ont pu être testés. Cette bataille se caractérise également par la plus forte concentration d’artillerie jamais connue jusqu’alors, soit un canon tous les dix mètres. De plus, de nouvelles armes testées lors de la Bataille de la Somme sont déployées et intégrées à la stratégie de la bataille (48 tanks engagés ou encore utilisation de projecteurs de bombonnes de gaz inventés par le capitaine Livens).
Dans le même temps, les tunnels creusés dans les anciennes carrières sous la ville d’Arras, travaux souterrains les plus importants jamais réalisés par les Britanniques dans ce domaine, ont permis aux troupes de cantonner sans risque et de progresser jusqu’aux premières lignes allemandes sans être vues.
Une bataille concentrée sur plusieurs points
La bataille d’Arras s’est déroulée dans plusieurs endroits dans le secteur d’Arras :
- première bataille de la Scarpe (9-11 avril 1917) ;
- bataille de la crête de Vimy (9-12 avril 1917) ;
- première bataille de Bullecourt (10-11 avril 1917) ;
- bataille de Lagnicourt (15 avril 1917) ;
- deuxième bataille de la Scarpe (23-24 avril 1917) ;
- bataille d’Arleux (28-29 avril 1917) ;
- seconde bataille de Bullecourt (3-17 mai 1917) ;
- troisième bataille de la Scarpe, (3-4 mai 1917).
Grâce à l’exploit des Canadiens qui prirent la crête de Vimy (l’occupation par l’ennemi constituait une constante menace pour leurs lignes), le but principal des opérations de la région d’Arras a été ainsi atteint.
À la fin de l’opération, le 16 mai, on dénombrait plus de 150 000 victimes britanniques (morts, disparus et blessés), dont 11 000 Canadiens, pour environ 130 000 (morts, disparus et blessés) du côté allemand. 4 070 est le nombre moyen de morts par jour, du côté britannique et du Commonwealth, durant les 38 jours de la bataille d’Arras. Les victimes de cette bataille sont toujours présentes dans les nombreux cimetières de la région Nord-Pas-de-Calais.
Quand la bataille prit fin officiellement le 16 mai, les troupes britanniques avaient fait des progrès importants sans toutefois être en mesure de réaliser une percée majeure.
Le maréchal Douglas Haig transporte alors son activité plus au nord, vers Messines (Belgique) d’abord, où le front forme un rentrant dangereux et où la possession de la crête de Messines-Wytschaete donne à l’ennemi des vues fort gênantes sur le saillant d’Ypres. Les opérations de détail continueront cependant dans la région d’Arras, afin de fixer sur ce secteur les forces allemandes qui s’y trouvent.
Dans le courant du deuxième semestre, on assiste au retour du maire et des élus municipaux. Les premières délibérations du conseil municipal abordent les problèmes liés à la reconstruction de la cité.