La première bataille de Bullecourt est l’une des composantes de la bataille d’Arras, menée par les armées britanniques du 9 avril au 16 mai 1917, en soutien de l’offensive française du Chemin des Dames.
Bullecourt, village stratégique
Le village de Bullecourt, au sud-est d’Arras, est aux mains de l’armée allemande depuis 1914. À la fin de 1916 et au début de 1917, il est intégré dans le système défensif de la Siegfried Stellung ( la ligne Hindenburg). Le 2 avril, la 5ième armée britannique capture la chaîne des avant-postes de la ligne Hindenburg entre Croisilles et Doignies.
En parallèle aux offensives de la 1re armée (Vimy) et de la 3ième (Arras), la 5ième du général Gough (comprenant quatre divisions de la Force Impériale Australienne, AIF) se prépare à une attaque annexe à Bullecourt.
En cas de réussite, cette opération pourrait provoquer l’effondrement du front allemand placé à l’ouest de la ligne Drocourt-Quéant (Wotan Stellung), accélérant la victoire du général Allenby sur la Scarpe.
Plan tactique
Informé des succès britanniques à Arras du 9 avril, le général Gough décide d’avancer son attaque, en s’appuyant sur les chars pour soutenir les troupes et pour neutraliser les nombreux nids de mitrailleuses. Il espère que ses hommes pourront s’engouffrer par la brèche ainsi créée dans la défense allemande.
Il est ainsi décidé que la 62ième division britannique attaquera à l’ouest de Bullecourt en direction de Hendecourt, tandis que la 4ième division australienne avancera à l’est, vers Riencourt-lès-Cagnicourt. Initialement prévue pour la matinée du 10 avril, l’opération est reportée de 24 heures, les chars ayant été retardés par le mauvais temps.
Mais l’ordre n’atteint pas toutes les unités et deux bataillons du régiment du West Yorkshire attaquent à 4 heures 35, dès le 10. Privé du soutien des chars et d’un appui d’artillerie efficace, l’assaut est brisé par les mitrailleuses et les canons allemands. 162 hommes sont tués en quelques minutes, et leurs camarades doivent se replier.
Le général Gough décide de lancer l’offensive le 11, à 4 h 30, soit près de deux heures avant le lever du jour, pour faciliter par l’obscurité l’avance initiale.
Douze tanks devant s’aligner en avant de l’infanterie et attaquer en tête sont regroupés dans une carrière à Mory, à plus de six kilomètres du front. Dès que la ligne sera prise, quatre tanks pénétreront dans Bullecourt pour achever sa capture, quatre autres continueront sur Riencourt-lès-Cagnicourt, et les quatre derniers tanks, au centre du dispositif, se dirigeront vers Hendecourt.
L’échec de l’attaque
Épuisés par une marche d’approche de 10 kilomètres dans la neige et la boue, les Australiens se lancent ainsi à l’assaut. Ils doivent parcourir 500 mètres dans le no man’s land avant d’atteindre les barbelés allemands.
À 4 h 45, seuls onze tanks sont en mesure de leur venir en aide et les tirs de barrage limités ont laissé beaucoup de lignes de barbelés intactes devant les tranchées allemandes. Aucun des chars ne les atteint avant l’infanterie.
En outre, l’attaque avortée de la veille a alerté les troupes ennemies de l’assaut imminent et elles sont mieux préparées que dans le secteur canadien. À 7 heures, tous les chars sont hors de combat. Bien que des éléments de la 4ième division réussissent brièvement à occuper des sections de tranchées allemandes, ils sont obligés de se replier avec de lourdes pertes.
Bilan
Les Australiens éprouvent une forte rancœur à l’encontre du général Gough, qui les a envoyés dans une bataille mal préparée. Le bilan est désastreux. Ils ont environ 3 200 tués et blessés ainsi que près de 1 200 prisonniers (le tiers du nombre total de prisonniers australiens sur le front ouest pendant toute la guerre).
Les Allemands enregistrent 750 pertes, dont 138 tués. Tirant parti du choc subi par l’adversaire, ces derniers lancent une contre-offensive devant Quéant le 15 avril. Ils s’emparent d’une partie des premières lignes australiennes à Lagnicourt, mais doivent reculer ; les pertes sont lourdes des deux côtés.
Une nouvelle attaque a lieu sur le même objectif le 3 mai.