Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre
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Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.
Personnalité que tous les Calaisiens surnomment le "Père du tunnel sous-marin", l’ingénieur Ludovic Breton s’éteint le 18 juillet 1916, à l’âge de soixante-douze ans, à son domicile quai du Rhin à Calais. Minéralogiste érudit ayant acquis une réputation et des titres très enviés dans le monde des savants, il avait voué son existence à l’étude et à la recherche des richesses du sous-sol.
À la recherche de minerais
Né le 28 janvier 1844 à Hénin-Liétard, Ludovic Breton est le fils naturel et légitimé d’Hyacinthe-Joseph Hurez et de Marie-Louis Breton, maire de Courrières ; il est ainsi le demi-frère des peintres Jules et Émile Breton. Élève à l’école centrale de Lille en 1861 puis reçu en 1862 à l’École des mines de Saint-Étienne, Ludovic Breton, qui a tout jeune assisté à la découverte des gisements houillers du Pas-de-Calais, revient naturellement dans la région artésienne pour y étudier le sous-sol.
Ingénieur des mines de Dourges du 1er octobre 1864 au 1er mai 1872 puis ingénieur-directeur des mines d’Auchy-au-Bois du 1er mai 1872 jusqu’au 1er août 1879, il est ensuite ingénieur-directeur des travaux du tunnel sous-marin entre la France et l’Angleterre, enfin propriétaire des mines d’Hardinghen le 22 août 1888. Président de la société géologique du Nord en 1890, il dirige la société de recherches de Fresnicourt qui obtient deux concessions d'exploitation de mines en 1908.
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M. Ludovic Breton, ingénieur de la Compagnie du Tunnel sous la Manche. Phot. Carpot.
M. Ludovic Breton, ingénieur de la Compagnie du Tunnel sous la Manche. Phot. Carpot.
Les nombreux sondages effectués sous sa direction dans toute la région du Nord et en Belgique font surgir du sol des richesses insoupçonnées pour la plupart, mais aussi niées par d’autres jusqu’au dernier moment.
Le tunnel sous la Manche
Mais Ludovic Breton se fait surtout connaître lorsqu’une entente intervient entre la France et le Royaume-Uni pour la construction d’un tunnel sous la Manche et qu’il est choisi pour diriger le projet. Le 15 août 1879, alors qu’il travaille à Auchy-au-Bois, il reçoit la visite du comité du tunnel, qui lui propose de faire les études et les travaux préparatoires nécessaires à l’exécution définitive de l’ouvrage.
Comme directeur des travaux du chemin de fer sous-marin d’août 1879 à mars 1883, il est chargé du forage du puits de Sangatte. Fixé à Calais, il rassemble les éléments les plus utiles aux travaux futurs ; alors que chacun reconnaît les succès de ses premiers travaux, la soudaine appréhension des voisins britanniques amène toutefois l’abandon brutal du projet et la fermeture du chantier de Sangatte le 18 mars 1883. Plus de trois kilomètres de galeries ont été creusées, dont 1 839 mètres de galerie horizontale sous la mer.
Après la suspension des travaux, Ludovic Breton reprend des études minéralogiques qui le conduisent à la découverte d’un second bassin houiller dans le Pas-de-Calais et à l’exécution des sondages de la Clarence et de Fresnicourt. Peu encouragé dans la continuation de ses recherches alors qu’il venait de découvrir le prolongement méridional du bassin du Hainaut aux environs de Charleroi, il va porter son résultat en Belgique lorsque la guerre de 1914 éclate.
Éminent scientifique
Géologue éminent, ce savant ingénieur très apprécié par ses communications dans les congrès de l’industrie minérale montre aussi ses talents d’orateur dans de nombreuses conférences publiques. Ludovic Breton qui n’a jamais cessé son activité remplit aussi avec zèle toutes les fonctions dont ses concitoyens ou les pouvoirs publics ont bien voulu le charger : il était ainsi vice-président de la commission du musée de Calais, président de la délégation cantonale, membre administrateur de la bibliothèque de la vieille ville de Calais et membre de la commission de surveillance des bateaux à vapeur.
Ludovic Breton meurt le 18 juillet 1916 : il aura eu le temps d’assister à la reprise des conférences franco-anglaises précédant la réouverture du chantier du tunnel sous-marin, et de voir ainsi le triomphe de sa cause.
Nécrologie : M. Ludovic Breton
Nous avons appris avec peine la mort en son domicile, quai du Rhin, de M. Ludovic Breton, ingénieur des mines, ingénieur-directeur des travaux du tunnel sous la Manche, décédé dans sa soixante-treizième année.
Le nom de M. Ludovic Breton, qui était très connu et très estimé à Calais, restera étroitement associé à l’histoire du tunnel sous la Manche.
C’est lui qui dirigea les grands travaux préliminaires et le creusement du puits d’études, foré dans la falaise de Sangatte à l’endroit où s’élève encore l’usine d’où s’envola Hubert Latham lors de ses deux malchanceuses tentatives de traversée du détroit en aéroplane.
M. Ludovic Breton espérait mener à bien la grande œuvre à laquelle il avait consacré les plus belles années de sa vie quand soudainement, alors que les travaux d’exécution étaient en pleine activité, l’opposition du parlement anglais vers 1881 vint les interrompre.
M. Breton cependant ne désespéra jamais de les voir reprendre et jusqu’en ces derniers temps l’usine de Sangatte avait été entretenue dans ce but. Il meurt à l’heure où s’affirme de plus en plus la certitude que ces travaux du tunnel franco-anglais seront repris aussitôt que la grande guerre aura pris fin.
On sait que M. Ludovic Breton s’était également occupé des questions houillères. Il avait dirigé les travaux de recherche qui aboutirent à la mise en exploitation des mines de la Clarence dans le Pas-de-Calais et dirigea de même de nombreux travaux de sondage en France, en Belgique et en Angleterre.
Il dirigea également les travaux d’exploitation des charbonnages d’Hardinghem dont il fut encore question il y a quelques mois.
Les funérailles de M. Ludovic Breton auront lieu en l’église Notre-Dame samedi matin à 11 heures.
Nous ne pouvons laisser partir M. Ludovic Breton sans saluer sa mémoire. C’est une vieille figure calaisienne qui disparaît, suivant de très près la disparition de celle de M. Célestin Landrin.
En cette douloureuse circonstance, nous prions sa famille de bien vouloir agréer nos vifs sentiments de sincères condoléances.
Le Télégramme, jeudi 20 juillet 1916. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 9/25.