Hénin-Liétard après la libération
M. Charlon Adolphe, secrétaire général de la mairie d'Hénin-Liétard, nous communique les renseignements ci-après, dus à l'obligeance de M. Paul Gillet, maire de Mortagne et beau-frère de M. Léon Pruvot, sur l'état de la ville d'Hénin-Liétard après le départ de l'ennemi.
D'une façon générale, la ville semble n'avoir guère souffert après l'évacuation de la population.
Il ne reste, bien entendu, aucun mobilier, aucune porte, aucune fenêtre, tout bois a été proprement démonté et enlevé.
Sur 4 500 maisons environ, il peut en rester, à première évaluation, 3 800 réparables.
La mairie a été incendiée ainsi que le pâté de maisons : Crédit du Nord, Wantier, Franc-Picard. L'église et le clocher ont dû sauter, car il n'en reste qu'un amas de pierres. Les maisons Dablain, Quévy et, d'une façon générale, tous les immeubles situés sur la place Carnot sont fort endommagés, sauf l'établissement Deladerière et la maison Poteau. La rue Montpencher jusque chez Nizolle, détruite.
La place de la République en assez bon état, à part l'hôtel des postes et l'épicerie Potin qui ont été la proie des flammes. Les habitations Campion, Boulinguez, Wartelle et Willefert en parties détruites. La rue Napoléon-Demarquette, croisement des rues de Lens et rue de Rouvroy, les châteaux Butruille et Hurez et rue avoisinantes fortement atteintes.
Tout le quartier de la Petite Place, rue Pasteur, de Bon-Secours, Voitelette, Napoléon, Gare, a été un centre de destruction. La gare, chose étrange, est encore debout ainsi que le buffet Gustave Vandewalle.
Les châteaux de MM. Gruyelle, en ruines, incendiés. Les quartiers presque intacts sont ceux situés au-delà d'une ligne partant de la rue de l'Abbaye à l'établissement Lomprez. Les rues Gruyelle, Hénocq, Saint-Aubert, Abattoir, Dourges, de Douai, les corons, les bureaux des mines, le château de M. Prudhomme et toutes les habitations des environs sont relativement intactes.
Le temple protestant, l'hospice des vieillards Petite-Place forment, tout comme l'église, un amas de décombres.
L'administration municipale n'a encore pu se rendre sur les lieux, ainsi que l'ont fait bon nombre d'officiels d'autres villes moins importantes.
Il y aurait cependant un grand intérêt à organiser une surveillance suivie contre les rôdeurs qui, nous en avons déjà la certitude, opèrent sous des aspects divers.
Douai est pourvu d'une gendarmerie.
Hénin-Liétard n'a reçu encore aucune visite officielle. Il serait à désirer que les représentants d'une ville qui comptait près de 20 000 habitants, puissent d'urgence se rendre compte de l'état général du pays, afin de s'entendre avec l'administration préfectorale pour les mesures à prendre : clôture des habitations, vitrerie, aménagement en mobilier et ravitaillement.
Nous espérons qu'au titre de secrétaire général de la mairie en l'absence du maire, de président de l'Association des sinistrés de la ville d'Hénin-Liétard et du canton de Carvin, ainsi qu'en celui de journaliste, M. Charlon pourra se rendre très prochainement sur les lieux et donner à ses concitoyens tous détails attendus impatiemment.