Début octobre 1914, en pleine " course à la mer", les Allemands attaquent les bords de la Deûle. Au nord, leur progression est stoppée devant Vermelles et Hulluch, tandis qu’au sud, le front se cristallise bientôt sur les hauteurs des collines de l’Artois (fermées par les bois de Givenchy, Souchez et Lorette). Le bassin minier du Pas-de-Calais devient alors le théâtre de très violents affrontements.
Il faut dire que les mines constituent un enjeu stratégique à double niveau. Pour les envahisseurs, la destruction des concessions doit durablement plomber l’économie du pays (avant la guerre, les houillères du Nord et du Pas-de-Calais fournissaient les 2/3 de la production nationale). De plus, les galeries souterraines peuvent servir à dynamiter les positions situées au-dessus ou à effectuer des assauts surprises. Les Allemands vont donc s'employer à détruire méthodiquement les concessions dont ils s’emparent, après avoir récupéré le matériel au profit de leurs propres usines.
Mise à sac des cités minières
Le 2 octobre 1914, de terribles combats opposent les Bavarois et des territoriaux en repli à Noyelles-Godault et à Drocourt. Les affrontements se déroulent au sein même des cités minières en feu, jusque sur les carreaux des fosses. C’est le chaos, d’autant plus que des civils du Douaisis en fuite vers Lens sont pris dans les combats.
Le même jour, les Allemands envahissent les concessions de Dourges qu’ils pillent et détruisent. Le lendemain, ils occupent Hénin-Liétard et Courrières où, depuis la veille, on a cessé l’extraction de houille ; toute l’activité minière entre Liévin et Dourges a d’ailleurs été interrompue entre le 1er et le 4 octobre. À Courrières, des maisons brûlent et des civils sont pris en otage.
Le 4, toujours, Lens et Liévin tombent à leur tour après le retrait des troupes françaises. Une grande partie de la population a fui : on estime que, sur 35 000 Lensois, il n’en reste alors que 18 000. Le maire Émile Basly est fait prisonnier quelques heures à Sallaumines avant d’être relâché. La ville est mise à sac et les habitants assistent, impuissants, au pillage systématique.
Stabilisation du front
Le 5 octobre, les Français bloquent l’avancée de la cavalerie allemande au nord-ouest de Lens (Vermelles, Loos-en-Gohelle, Hulluch). Le lendemain, une contre-attaque française échoue à Liévin ; une autre permet de reprendre le centre de Loos-en-Gohelle, abandonné toutefois définitivement le 10, face au déluge d’obus de l’artillerie allemande.
Au soir du 6 octobre, le front est fixé d’Ablain-Saint-Nazaire à Pont-à-Vendin, coupant en deux le bassin minier à proximité de Lens, selon un axe nord-sud.
La guerre des mines
En janvier et février 1915, la guerre des mines est devenue générale sur le front de l’Artois (surtout dans le secteur d’Écurie-Roclincourt). On aménage des sapes devant les premières lignes. Français et Allemands continuent de faire sauter les galeries jusqu’au printemps.
Afin de les rendre inexploitables, les Allemands procèdent à l’inondation des galeries des concessions de Lens, Meurchin, Liévin, Carvin et Drocourt. Au lendemain de la guerre, le dénoyage des mines requerra toute l’habilité des ingénieurs.