Pour raison de service, la salle de lecture du centre Mahaut-d'Artois sera exceptionnellement fermée ce jeudi 12 juin 2025 de 09h à 13h.
Nous nous excusons pour la gêne occasionnée.
Archives - Pas-de-Calais le Département 8 Juin 2025 - 15h13
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Au lendemain du conflit, le traumatisme est immense. Aux centaines de milliers de morts et de mutilés s'ajoute l'immense détresse face à l'ampleur des destructions. De nombreuses communes du département sont rayées de la carte. Certaines familles ont tout perdu : biens matériels, maisons, maris, enfants, etc.
Pour les soldats survivants, le retour à la vie civile est difficile. Les femmes qui ont durant quatre ans assumé tous les rôles, revendiquent désormais davantage de liberté ainsi que le droit de vote.
La guerre a engendré un déficit des naissances créant une classe creuse, mais aussi des problèmes économiques durables et une importante modification des mentalités.
Photographie noir et blanc montrant une place avec des bâtiments détruits autour.
La place du beffroi après les destructions de mai 1918. Béthune, entre les 19 et 22 juillet 1918 (?). Prise de vue : Marcel Lorée. Tirage au gélatinobromure d’argent, 13 x 18 cm. Archives départementales du Pas-de-Calais, 8 Fi 635.
À l’heure du bilan matériel des destructions liées à la guerre dans le Pas-de-Calais, on dénombre186 villes entièrement rasées de la carte, 65 détruites à plus de 50% et 279 communes affectées par les combats. 102 440 immeubles sont concernés rendant ainsi 562 000 personnes sans abri.
De 1914 à 1918, la ville de Béthune subit plusieurs bombardements. Le plus destructeur a lieu entre le 20 et le 24 mai 1918 lorsque l’armée allemande échoue son offensive sur la Lys. Elle lance alors sur Béthune une nuée d’obus incendiaires. Après quatre jours d'incendie, sur les 3 500 maisons, 1 000 sont endommagées et 900 entièrement détruites.
Sur la Grande Place, seul le beffroi du XIVe siècle reste debout. Très vite, les premières aides financières pour la reconstruction de la ville affluent. L’association France-Grande-Bretagne qui regroupe 31 communes britanniques apporte ainsi son soutien à la ville. C’est ainsi que Bristol devient la "marraine" de Béthune.
Les ruines des maisons situées sur la Grande Place autrefois conçues dans le style classique français sont détruites. Une campagne de restauration est menée de 1921 à 1923 par l’architecte Jacques Alleman mais dans un tout autre style alliant régionalisme et art-déco.
Photographie noir et blanc montrant des hommes en train de déblayer des gravas.
Soldats britanniques aidant à déblayer les décombres de maisons bombardées rue de France par un canon allemand de calibre 380. Saint-Pol-sur-Ternoise, entre les 5 et 21 mars 1918. Prise de vue : Marcel Lorée. Tirage au gélatinobromure d’argent, 13 x 18 cm. Archives départementales du Pas-de-Calais, 8 Fi 1092.
Cette photographie nous montre une foule tentant de déblayer des décombres. Celle-ci a visiblement été prise au cœur de l’action, vu l’activité et la proximité des personnages.
On y distingue, parmi la quarantaine de protagonistes, quelques badauds attirés par la cohue. Cependant, les principaux acteurs sont des soldats britanniques, reconnaissables à leurs couvre-chefs : la casquette des officiers, le béret écossais, ou encore le chapeau en feutre et à longs bords australien (le slouch hat). En revanche, les soldats les plus actifs semblent avoir troqué leurs uniformes pour des tenues de sport.
Cet événement a eu lieu rue de la France à Saint-Pol-sur-Ternoise, probablement vers le 21 mars 1918. Dans cette rue, située à 500 mètres de la gare, deux maisons ont été pulvérisées par l’explosion d’obus de 380 mm, tirés par un canon à longue portée allemand.
Durant le conflit, l’ouest du département sert véritablement de zone tampon entre la Grande-Bretagne et la France, ce qui permet l’acheminement rapide des troupes et du ravitaillement vers le front. Saint-Pol-sur-Ternoise constitue alors un nœud ferroviaire important chargé d’approvisionner les champs de bataille de l’Artois. Jusqu’au printemps 1918, la ville avait échappé aux destructions, mais, à cause de son importance logistique, elle est devenue une cible pour les bombardiers allemands.
Photographie noir et blanc montrant un homme recueilli devant une tombe fraîchement remblayée. Derrière se trouve un groupe d'hommes dans la même posture.
Enterrement dans un cimetière militaire allemand. Neuville, 17 juillet 1918. Carte postale, tirage au gélatinobromure d’argent, 9 x 14 cm. Archives départementales du Pas-de-Calais, 48 Fi 204.
Avec 10 millions de tués (1 773 700 Allemands, 1 375 000 Français et 908 371 pertes pour le Royaume-Uni), la Grande Guerre marque la naissance d’une véritable industrie de la mort. La plupart des hommes meurent des suites de leurs blessures causées par les nouvelles formes d’armement : obus, mitrailleuses, fusils, gaz, etc. La mort de masse concerne également les disparus : ceux dont les corps pulvérisés et disloqués n’ont jamais été retrouvés. Très vite se pose la question de l’inhumation de tous ces hommes.
Les Allemands ont dès le début des hostilités privilégié la tombe individuelle, identifiée par une croix de bois. Ce cliché montre une inhumation célébrée par un officier à Neuville-Saint-Vaast. La pause de chaque soldat est solennelle. Au premier rang, l’un d’entre eux porte une gerbe de fleurs. Il faut attendre 1919 pour que soit crée le Volksbund Deutsche Kriegsgraberfursorge, association allemande pour l’entretien des tombes militaires.
Aujourd’hui, le cimetière de Maison Blanche situé à Neuville-Saint-Vaast est le plus vaste cimetière allemand de la Première Guerre mondiale en France, avec près de 45 000 soldats dont 8 040 en ossuaire.
Photographie noir et blanc montrant un homme dans une tranchée surplombée par un cimetière.
Militaire fumant dans une ancienne tranchée anglaise, sous un cimetière. Arras, entre 1915 et 1922. Prise de vue : Paul Queste. Tirage au gélatinobromure d’argent, 13 x 18 cm. Archives départementales du Pas-de-Calais, 8 Fi 235.
Ce cliché représente un soldat français fumant une cigarette dans le cimetière communal d’Arras. Il témoigne bien de la proximité permanente entre le monde des morts et des vivants, entre les stèles détruites et le militaire sur ses gardes.
Le cliché a été pris par un professionnel, Paul Queste, alors opérateur photographique au sein de la Section photographique de l’armée, créée en 1915. Les objectifs de cette section sont multiples : contrer la propagande allemande, témoigner et garder une trace des grands événements de la guerre et constituer un fonds documentaire pour l’armée.
La mort est devenu familière pour le soldat, sans cesse confronté à elle avec la crainte des bombardements, l’appréhension de l’assaut ou encore la vision des corps des camarades et blessés jonchant les terres de bataille.