Cette photographie nous montre une foule tentant de déblayer des décombres. Celle-ci a visiblement été prise au cœur de l’action, vu l’activité et la proximité des personnages.
On y distingue, parmi la quarantaine de protagonistes, quelques badauds attirés par la cohue. Cependant, les principaux acteurs sont des soldats britanniques, reconnaissables à leurs couvre-chefs : la casquette des officiers, le béret écossais, ou encore le chapeau en feutre et à longs bords australien (le slouch hat). En revanche, les soldats les plus actifs semblent avoir troqué leurs uniformes pour des tenues de sport.
Cet événement a eu lieu rue de la France à Saint-Pol-sur-Ternoise, probablement vers le 21 mars 1918. Dans cette rue, située à 500 mètres de la gare, deux maisons ont été pulvérisées par l’explosion d’obus de 380 mm, tirés par un canon à longue portée allemand.
Durant le conflit, l’ouest du département sert véritablement de zone tampon entre la Grande-Bretagne et la France, ce qui permet l’acheminement rapide des troupes et du ravitaillement vers le front. Saint-Pol-sur-Ternoise constitue alors un nœud ferroviaire important chargé d’approvisionner les champs de bataille de l’Artois. Jusqu’au printemps 1918, la ville avait échappé aux destructions, mais, à cause de son importance logistique, elle est devenue une cible pour les bombardiers allemands.