Face à l’afflux massif de réfugiés dans les zones libres du département du Pas-de-Calais, la prise en charge par la préfecture s’organise. Afin de venir en aide aux exilés qui ont rejoint les départements voisins ou la capitale, le Comité des réfugiés du Pas-de-Calais est créé à Paris.
Un Comité centralisateur
Dès sa création, le Comité central sollicite l’aide des pouvoirs publics, notamment financière, et adresse une demande en ce sens aux députés et sénateurs. Un premier apport de Charles Jonnart, alors à Paris, facilite la mise en place d’une permanence : le 11 novembre 1914, le Comité s’installe à l’étage du café Fakler, boulevard Barbès, tandis qu’un vestiaire est ouvert rue de Trétaigne. Mais le local s’avère rapidement trop exigu pour répondre à l’afflux des réfugiés, et la présence dans un débit de boissons est jugée inopportune : le comité doit ainsi déménager le 4 mai 1915, dans un café désaffecté du 9 rue Foyatier, mis à disposition gratuitement par le propriétaire des lieux.
Julien Legrand, un chimiste originaire de Lens installé à Paris, est élu comme président. Le sénateur Louis Boudenoot plaide la cause du comité auprès des pouvoirs publics, en demandant notamment le versement de subventions. Dès 1915, le Conseil général du Pas-de-Calais octroie une aide de 10 000 francs, associée à partir de 1917 à une seconde subvention de 20 000 francs provenant de la préfecture, via le comité départemental des réfugiés, qui gère les familles des exilés du Pas-de-Calais installées dans les zones libres du département. Le comité parisien se voit ainsi attribuer 30 000 francs par an jusqu’en 1919.
Une aide aux réfugiés
La création du comité des réfugiés du Pas-de-Calais répond à la nécessité d’accueillir convenablement ceux que l’odieux envahisseur avait forcés d’abandonner leur foyer ; il fallait songer à adoucir les peines, à subvenir aux besoins de milliers de compatriotes qui, riches ou pauvres, avaient dû fuir sans emporter quoi que ce soit, même le plus nécessaire
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Le Comité des réfugiés déclare avoir pour buts :
- De venir immédiatement en aide aux réfugiés dès leur arrivée à Paris, en leur distribuant de bons de repas, en leur procurant les moyens de trouver tout de suite un logement et la facilité de toucher l’allocation de l’État ;
- De centraliser les offres et demandes d’emplois, permettant ainsi aux réfugiés de trouver rapidement du travail ;
- De distribuer gratuitement aux réfugiés nécessiteux, des vêtements, du linge et des chaussures au moyen d’un vestiaire alimenté par des dons en nature et par des achats faits avec les dons en espèce ;
- De renseigner les réfugiés sur toutes les questions et les aider notamment dans la recherche des membres disparus de leur famille ou de leurs amis ;
- De faciliter le rapatriement des réfugiés voulant retourner au pays dès que leur région reprend activité et peut nécessiter leur présence. C’est à la permanence que seront transmis les ordres officiels de réintégration et que seront concentrés et réunis tous les réfugiés pour les formations de retour.
Bulletin des réfugiés du Pas-de-Calais, n° 11, 26 juin 1915. Archives départementales du Pas-de-Calais, PF 121/1.
Un organe de communication : le Bulletin des réfugiés du Pas-de-Calais
Le Comité édite, à partir du 23 mai 1915, le Bulletin des réfugiés du Pas-de-Calais, journal d’information bihebdomadaire de quatre feuillets, qui devient en janvier 1918 le Journal des réfugiés du Pas-de-Calais, puis en janvier 1920 Le Réfugié du Pas-de-Calais.
Il diffuse des informations utiles sur les aides et la législation, des petites annonces et des offres d’emploi et surtout des listes de réfugiés, publiées au fur et à mesure de leur transmission par le Ministère de l’Intérieur. Ces listes reprennent les noms des réfugiés connus, leur domicile, ainsi que ceux des militaires originaires du Pas-de-Calais prisonniers en Allemagne. De même, sont parfois insérés des états nominatifs de réfugiés restés dans le Pas-de-Calais et "en bonne santé".
Au fil des publications, les listes deviennent de plus en plus importantes, le nombre des réfugiés augmentant au cours de la guerre. En 1915, le Comité a distribué plus de 80 000 francs à 13 000 réfugiés installés à Paris et à 21 000 exilés originaires du Pas-de-Calais installés dans les départements libres. En 1916, plus de 20 000 réfugiés originaires du Pas-de-Calais sont inscrits à Paris, en juin 1917 ils sont 28 200. La fin de la guerre ne ralentit pas leur afflux, au contraire. Le 31 août 1918, le Comité prend ainsi en charge 49 500 réfugiés, tandis que les aides des pouvoirs publics restent inchangées.