La crise de l’approvisionnement résultant à la fois du prix élevé de toutes les denrées et de la difficulté des transports a suscité, dans nombre de localités, une louable émulation en vue de la création de jardins potagers, soit par la transformation de jardins d’agrément, soit par la mise en culture de terrains inexploités jusqu’à présent.
L’Administration municipale, qui a pris de nombreuses et utiles initiatives pour ravitailler la population, ne pouvait rester en dehors de ce mouvement qui, dans une certaine mesure, vient compléter ses efforts.
Elle a donc fait rechercher les terrains appartenant, soit à la Ville, soit à des particuliers, qui pouvaient être mis en culture.
En ce qui touche les propriétés communales la chose a été relativement facile : rues de Bomarsund, du Fort Montplaisir au Val Saint Martin, à l’Ave Maria et rue du Camp-de-Droite existent des terrains de jeux destinés aux Écoles et d’autres encore formant une superficie totale de plus de 33.000 mètres carrés. La Ville elle-même exploite 27.500 mètres. Le reste a été confié aux anciennes élèves du Collège de jeunes filles et aux enfants des Écoles communales et libres. Actuellement 5.350 mètres carrés sont ensemencés et 27.450 mètres tout prêts à l’être.
La question d’utilisation des pelouses des promenades avait été envisagée. Il a fallu la résoudre par la négative à cause de la nature des terres, en général glaiseuses et calcaires et de qualité fort médiocre. Ces terres ne sont pas propices au jardinage malgré les engrais.
Quoi qu’il en soit, la plantation de 15.000 kilos de pommes de terre dans les jardins entrepris par la Ville pourra donner une récolte multipliant six ou sept fois cette quantité, soit environ 100.000 kilos. Il sera d’ailleurs planté d’autres légumes dont il n’est guère facile, pour le moment d’évaluer le rendement.
Les recherches relatives aux particuliers ont été sans résultat. La réquisition d’une surface d’environ 5.000 mètres carrés avait été projetée, mais l’occupeur ayant mis son jardin en culture, il a fallu y renoncer.
Notre ville, bâtie dans des vallonnements entourés de collines comprend des constructions très denses, laissant en somme assez peu d’espaces libres. L’Administration municipale a donc tiré le meilleur parti des surfaces dont elle pouvait disposer. Il ne nous reste qu’à souhaiter que, dans les propriétés privées dont les tenanciers ont été négligents, le printemps décide ceux-ci à faire un petit effort pour apporter leur contingent à l’œuvre commune. L’homme qui consomme sa récolte laisse autant de disponible pour ses concitoyens.
Dans les moments difficiles, travailler à diminuer la gêne des populations, c’est encore servir la Patrie.
Le Télégramme, mercredi 18 avril 1917. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 9/27.