Récit du témoin oculaire - À l’ouest de La Bassée
Londres, 22 juin
Le récit du témoin oculaire anglais daté du 18 juin, expose les mouvements des forces anglaises et des armées françaises coopérant avec elles à la date du 15 et du 16 juin.
Le 15 juin, dit-il, la monotonie de notre récente inactivité a été rompue et nous avons repris l’offensive en coopération avec les Français qui exerçaient une pression autour d’Arras.
L’action s’est déroulée à l’ouest de La Bassée. Après un bombardement de la position ennemie, notre infanterie s’est lancée à l’assaut et a gagné la première ligne des tranchées allemandes, pénétrant vers la rue d’Ouvert et la chapelle de Saint-Roch ; mais nos troupes n’ont pas pu conserver le terrain.
Le 16 juin, après un nouveau bombardement, nos troupes ont fait une nouvelle poussée à l’est de Festubert et ont repris plusieurs des points dont elles avaient été chassées la veille.
Les combats ont continué au cours de l’après-midi et de la nuit. En même temps, nous nous sommes emparés encore d’une partie du terrain occupé par l’ennemi dans le voisinage d’Ypres.
Après une préparation par notre artillerie, notre infanterie a enlevé d’assaut la première ligne allemande sur un front d’un kilomètre, pénétrant en certains points dans les secondes et troisièmes lignes et perçant même jusqu’au lac de Bellewaarde. Les combats ont continué pendant la journée.
Les Allemands, massés dans un bois au nord-est du lac, ont fait une contre-attaque violente, mais le feu de notre artillerie les a fait reculer et ils ont laissé un grand nombre de morts sur le terrain.
Cependant, nous n’avons pu conserver que la première ligne allemande.
Le 16 également, grâce à une opération très bien exécutée, quoique d’ordre secondaire, nous avons pris cinquante mètres de deux lignes de tranchées allemandes dans la direction de la cote 60.
Le matin du 17, dans la région de Festubert, après les contre-attaques menées par l’ennemi au cours de la nuit, le gain net nous restant acquis était une avance d’une centaine de mètres en profondeur sur trois cents mètres de front. Nous avons infligé à l’ennemi des pertes sévères.
Un officier allemand fait prisonnier près du lac de Bellewaarde s’est déclaré accablé par l’efficacité de notre artillerie. Non sans amertume, il a ajouté qu’on avait dit aux troupes de ce secteur qu’elles pouvaient faire des Anglais ce qu’elles voulaient, parce que les Anglais avaient peu de canons et pas de munitions du tout.
Si c’est là, a-t-il dit, ce que les Anglais peuvent faire sans munitions, je n’ai aucun désir d’éprouver ce qu’ils pourront faire quand il en seront bien munis
.
Les prisonniers que nous avons faits près de Festubert, et qui appartiennent aux troupes saxonnes, se plaignent de leur côté que nombre d’obus allemands aient éclaté en arrière des lignes allemandes et soient tombés dans les tranchées de première ligne qu’ils occupaient ; et ces soldats ne sont pas bien certains que le mauvais tir de l’armée prussienne ne fût pas intentionnel.