À la veille de la guerre, les archives départementales s’apprêtent à emménager dans une nouvelle partie de l’abbaye Saint-Vaast, l’ancien grand séminaire. Cette réorganisation matérielle s’accompagne d’un ambitieux plan de travail pour le classement des archives, élaboré par le nouvel archiviste Pierre Flament, qui prévoit à bref délai l'achèvement de plusieurs inventaires de fonds anciens.
Mais la guerre interrompt ces différents projets. Avec l’installation du front près d’Arras et les premiers bombardements, les employés des archives descendent les collections les plus précieuses dans une cave sous la chapelle, pour un total de 1 000 mètres linéaires : les chartes du comté d’Artois, les cartulaires, les assemblées des États, les archives révolutionnaires dans leur presque totalité, la bibliothèque et la collection Victor Barbier sont ainsi mis à l’abri, de même que les arrêtés préfectoraux, les papiers du Conseil de préfecture ou les dossiers des biens communaux et relatifs à l’économie.
En novembre 1914, à l’occasion d’une visite d’inspection, le directeur des Archives de France Charles-Victor Langlois se déclare satisfait des mesures prises. Toutefois la situation reste précaire : en février 1915, l’archiviste-adjoint Alexis Lavoine s’inquiète de la présence de troupes dans les parties abandonnées de Saint-Vaast, susceptible d’inciter les tirs ennemis, et tente de faire sortir les archives de la ville. Mais la bataille fait rage dans les environs et on lui répond que les hommes étaient dans les tranchées, et les camions au ravitaillement
et qu’il n’est pas possible d’envisager une telle évacuation.