MONTREUIL
M. le Sous-Préfet adresse l’appel suivant :
Aux populations de l’arrondissement
Unissons dans une action commune toute les forces, tous les concours, toutes les activités. Je fais appel à tous, aux riches comme aux pauvres, aux humbles comme aux puissants.
"Qu’ils viennent tous sceller l’unité de la Nation française devant le péril et préparer la Victoire de demain.
Que se lève cette armée de l’épargne française ; comme celle qui se bat, elle est l’armée de la France, ou plutôt, elle est la France elle-même.
Saluons la Messieurs, c’est elle qui nous aidera à combattre et à vaincre".
Discours de M. Ribot, Ministre des Finances, dans la discussion du projet de loi autorisant l’émission d’un emprunt de rentes 5 p. 100.
Ce clair et fier appel de votre éminent compatriote aura dans toutes nos communes le plus légitime et le plus utile retentissement.
"Riches et pauvres, humbles et puissants", tous l’accueilleront avec un égal enthousiasme, et c’est d’une volonté unanime que tous tiendront à concourir au succès de l’Emprunt de la Victoire.
Nos héroïques soldats prodiguent leur sang, donnent leur vie pour assurer le salut et l’indépendance de la Patrie, pour préserver nos existences, nos foyers et nos biens.
Si nous voulons épargner leur sang et leur vie, en réduisant la durée de la guerre par la mise en œuvre d’un matériel formidable et de munitions inépuisables.
Si nous voulons hâter la Victoire définitive,
Répondons à l’appel de la France !
Donnons-lui tout ce que nous pouvons distraire à nos ressources !
Souscrivons à l’emprunt dans toute la mesure de nos moyens ou de nos économies !
C’est notre devoir de patriotes. C’est aussi notre intérêt.
Messieurs les Maires,
Vous disposez, dans vos communes respectives, d’une autorité dont vous avez su faire largement profiter les services de la Défense Nationale : mettez-la, cette fois encore ̶ et tout entière ̶ au service de la Nation.
Propagez autour de vous la leçon qui se dégage de ces éloquentes paroles de M. le Ministre des Finances :
"Il faut apporter les réserves dont on dispose au lieu de les garder jalousement comme un avare. Ce qu’il faut dire au pays, c’est qu’à cette heure l’égoïsme n’est pas seulement une lâcheté, une sorte de trahison, mais qu’il est la pire des imprévoyances. Que deviendraient ces réserves si la France devait être vaincue ? Elles seraient la rançon de la défaite au lieu d’être le prix de la victoire."
Messieurs les Fonctionnaires,
Les circonstances ne nous permettent pas de nous en tenir au strict accomplissement du devoir professionnel. L’égoïsme pourrait encore y trouver son compte ; l’amour de la Patrie et la volonté de bien la servir nous imposent une conception plus large et plus généreuse de notre rôle.
Nous sommes les serviteurs zélés de la Nation. Sachons en fournir la preuve à nos concitoyens à l’occasion de l’Emprunt.
Allons à eux. Écoutons avec bienveillance leurs demandes d’avis. Donnons-leur des conseils sages et pratiques.
Renseignons-les utilement sur les modalités de l’emprunt ̶ sur les avantages qu’il leur offre ̶ sur les facilités qu’il leur donne pour libérer leurs souscriptions.
Et puis, autant qu’il est en notre pouvoir, prêchons d’exemple.
C’est de l’ensemble de ces efforts concordants que sera fait le succès de l’Emprunt.
Mettons notre point d’honneur à le réaliser aussi complet que possible dans toutes nos communes.
Il faut que notre cher arrondissement de Montreuil, qui vient de verser deux millions d’or à la Banque de France, puisse s’enorgueillir, au terme de la période de souscription, d’avoir bien mérité de la France et de ses héroïques armées.
Le Sous-Préfet,
L. DUMONT.