Le 13 septembre 1914, Poincaré autorise la première émission de "bons pour la défense nationale", projet soutenu par le ministre des Finances Alexandre Ribot. Rappelé le 26 août pour rassurer les marchés et les partenaires, ce libéral, sénateur du Pas-de-Calais, contribue à la mise en place d’une économie de guerre. Refusant d’augmenter la fiscalité pour financer l’effort de guerre, il préfère se tourner vers l’emprunt.
Jusque là, les bons du Trésor étaient réservés à une clientèle restreinte de nantis ; Ribot a l’idée originale de les rendre accessibles aux plus humbles. L’entreprise réussit au-delà de ses espérances.
Quatre grandes campagnes d’emprunt national sont organisées durant la durée des hostilités : la première, en novembre 1915, rapporte 15 milliards de francs, et les trois suivantes, lancées en octobre 1916, 1917 et 1918, font entrer respectivement 11, 14 et 27 milliards dans les caisses de l’État.
Ces campagnes d’emprunt ont une double utilité : tout en réglant une partie des dépenses, elles permettent aussi d’entretenir l’implication des Français dans l’effort de guerre. L’affiche étant un excellent moyen de propagande, on en crée de nombreuses, aux thèmes "patriotiques" et allégoriques, destinées à provoquer émotion et générosité.