Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre
En raison d’une panne du chauffage du Centre Georges-Besnier, sa salle de lecture (Arras) ferme jusqu’à nouvel ordre. Pour toute recherche administrative urgente sur les fonds conservés sur le site concerné (archives contemporaines), nous vous invitons à nous contacter pour une communication par correspondance ou, en cas de nécessité pratique, pour organiser une session de consultation en salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois des documents nécessaires à votre recherche.
Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.
Mai-68
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Les événements des mois de mars à juin 1968, plus connus sous la dénomination de Mai-68, constituent une étape majeure dans l'évolution de la société française au cours de la seconde moitié du XXe siècle. La lecture des documents d'archives produits à cette période montre l'expression de multiples revendications, portées par des ouvriers, étudiants, fonctionnaires ou simples particuliers, lesquels démontrent à travers grèves et manifestations leur aspiration à un changement social majeur ; d'autres courants se déclarent au même moment partisans de l' "ordre" et appellent à résister à ces mouvements soutenus par les adversaires politiques du parti gaulliste.
Les archives départementales du Pas-de-Calais vous proposent ainsi de découvrir quelques-uns de ces documents conservés dans leurs fonds, reflétant la surveillance des mouvements sociaux tout autant que l’expression de leurs revendications.
Attention : Ces archives sont issues de dossiers qui, en raison des délais de communicabilité prévus à l'article L. 213-2 du code du patrimoine, ne sont pas nécessairement librement consultables à ce jour dans leur intégralité en salle de lecture. Par ailleurs, certains d'entre eux ne sont pas reproduits dans leur totalité (première page seulement).
Télégramme du ministre de l'Intérieur à l'ensemble des préfets de métropole – 11 mai 1968. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1183 W 207.
La nuit des barricades (10-11 mai) venant d'avoir lieu au Quartier latin, les préfets et sous-préfets sont sommés de rester à leur poste jusqu'à nouvel ordre afin de suivre l'évolution de la situation, notamment en cas de grèves ou de manifestations spontanées. Les premiers appels à une grève générale le lundi 13 mai ont déjà eu lieu.
Revue de presse de la préfecture : article sur la manifestation des agriculteurs à Arras le 11 mai 1968 – Nord-Matin, édition du 12 mai 1968. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 34910/1.
Avant le déclenchement de la grève générale du 13 mai, plusieurs manifestations révélatrices d'un profond malaise social ont eu lieu en Nord – Pas-de-Calais. Les agriculteurs (environ 3 500 à Arras) contestent les nouvelles dispositions réglementaires en matière de commerce de la viande et du lait. Le même jour, environ 30 000 personnes défilent à Lille, à l’appel du Comité d’action pour l’emploi.
Revue de presse de la préfecture : article sur la manifestation des agriculteurs à Arras le 11 mai 1968 – Nord-Matin, édition du 12 mai 1968. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 34910/1.
Tract syndical appelant à la grève générale le 13 mai 1968 à Arras – sans date. Reproduction du recto. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 34910/1.
La grève générale et nationale du 13 mai est déclenchée en soutien aux manifestations étudiantes parisiennes. Lors de cette première journée de grève, environ 4 000 personnes (dont 500 lycéens) manifestent à Arras, 2 500 à Boulogne-sur-Mer, 1 500 à Lens, 750 à Calais et 350 à Saint-Omer ; aucun incident plus important qu’une vitre brisée n’est relevé.
Tract du Parti communiste faisant le bilan de la journée du 13 mai – 14 mai 1968. Reproduction du recto. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1183 W 207.
Le mouvement étudiant de 1968 exprime une contestation et des mots d'ordre qui ne sont pas ceux du Parti communiste français. Celui-ci tente de réunir les mécontentements contre la politique gaulliste et appelle à l'action "unie et solidaire" de la classe ouvrière et des étudiants.
Tract de l'Union des jeunes pour le progrès (UJP) – sans date. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1183 W 207.
Ce tract est très probablement distribué après la grève générale du 13 mai. L'Union des jeunes pour le progrès, association fondée en juin 1965, constitue le mouvement officiel des jeunes gaullistes.
Tract de la Fédération des étudiants révolutionnaires (FER) – sans date. Reproduction du recto. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1424 W 176.
Vraisemblablement distribué après le 13 mai, ce tract expose les revendications de la FER et invite les étudiants à y adhérer. Née en avril 1968, cette fédération suit l'idéologie trotskiste.
"Travailleurs, le Parti communiste vous parle", supplément au journal Liberté du 18 mai 1968 publié par le Parti communiste français. Reproduction du recto. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 31802.
Le Parti communiste construit son discours en opposition totale au pouvoir gaulliste et fusionne les revendications étudiantes et ouvrières après la grève générale du 13 mai, point de départ de nouvelles grèves massives.
Note d'information de la gendarmerie sur une manifestation lycéenne à Arras. Message reçu le 20 mai 1968. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 31802.
Les services préfectoraux reçoivent en continu des notes en provenance de la gendarmerie, des services de police et des Renseignements généraux, lesquelles leur permettent de suivre l'évolution de la situation sur le terrain.
Regroupés en "comités d'actions lycéens" (CAL), les élèves des lycées sont appelés à la mobilisation générale, à la suite des premières manifestations étudiantes. Ils luttent contre les "lycées casernes", lieux de trop d'interdits : le port de la blouse est encore obligatoire dans de nombreux établissements, il est interdit de fumer et d'exprimer ses opinions politiques, etc. Pour la première fois, les lycéens suivent des mots d'ordre indépendamment des mouvements étudiants.
Note des Renseignements généraux sur la situation dans les secteurs économiques et stratégiques – 20 mai 1968. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 31802.
Outre les secteurs traditionnels, la grève est particulièrement suivie dans les mines : 24 300 grévistes sur 24 500 mineurs. Ces derniers revendiquent une évolution de leurs conditions de travail ; un protocole d'accord est ainsi conclu entre Charbonnages de France et les organisations syndicales le 30 mai 1968.
Tableau de suivi des grèves et occupations d'usines – 20 mai 1968. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 31802.
Ce tableau réalise la synthèse des rapports et notes adressés quotidiennement au cabinet du préfet. Il indique, pour chaque arrondissement, les établissements en grève ainsi que le nombre de grévistes et les éventuelles occupations. Ce n'est qu’à compter du 20 mai 1968 que le conflit social se généralise dans le Pas-de-Calais ; le retour à la normale ne se fera pas avant le 17 juin.
Tracts des comités de défense de la République – sans date. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 31802.
Les comités pour la défense de la République, ou CDR, sont des organisations créées en réaction aux mouvements sociaux de Mai 68. Il s’agit de l'un des éléments constitutifs du gaullisme dit "d'ordre", réseau principalement marqué par l'opposition au communisme et à l'anarchisme. Ils reprennent le symbole de la croix de Lorraine associée au "V" de la Ve République.
Tract des comités de défense de la République – sans date. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 31802.
Tract du comité pour la défense de la République de Boulogne-sur-Mer, diffusé à la suite de la journée du 13 mai – sans date. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1183 W 207.
Motion manuscrite de la délégation CFDT des salariés de la société calaisienne des Pâtes à papier – 24 mai 1968 ; Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 31802.
De nombreuses professions et sociétés ont adressé des motions à la préfecture : les papetiers, les agriculteurs, les instituteurs, les ouvriers de la cristallerie d'Arques, les personnels communaux et municipaux, ou encore les chauffeurs de poids-lourds. Les fonctionnaires ne sont pas en reste, puisque l'on trouve des motions déposées par les syndicats de la préfecture, des PTT, des Ponts-et-Chaussées, de l'inspection de la Jeunesse et des Sports ainsi que des établissements de soin ; les risques de grève au sein de la fonction publique sont scrutés avec une grande attention.
Extrait du registre des délibérations du conseil municipal d'Éleu-dit-Leauwette – 28 mai 1968. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 31802.
Par cette délibération, le conseil municipal d'Éleu-dit-Leauwette déclare s'associer aux revendications des ouvriers et paysans et leur apporte son soutien. De nombreuses délibérations ont été prises en ce sens par les municipalités socialistes et communistes du Pas-de-Calais ; elles sont alors directement transmises au cabinet du préfet en raison de leur importance sur le plan politique.
Télégramme du président Charles de Gaulle à l'ensemble des préfets du territoire – 31 mai 1968. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 44492.
Ce télégramme est envoyé alors que le président de la République, revenu la veille de Baden-Baden, a dissous l'Assemblée nationale et convoqué des élections législatives anticipées pour les 23 et 30 juin ; il a également annoncé son intention d'appliquer si nécessaire l'article 16 de la Constitution, lequel lui octroie les "pleins pouvoirs" en cas de menace grave sur les institutions et sur le fonctionnement régulier des pouvoirs publics.
Lettre d'un particulier au président Charles de Gaulle – 18 juin 1968. Reproduction du recto. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 44492.
Cette lettre, informant le président du soutien de son expéditeur, est symboliquement envoyée le jour anniversaire de l'appel du 18 juin 1940.
Lettre d’un particulier au président Charles de Gaulle – 18 juin 1968. Reproduction du recto. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 44492.
Tract proposant un scrutin en faveur de l'abaissement de l'âge légal pour voter à la veille du premier tour des élections législatives (23 juin 1968) – fin juin 1968. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 31802.
Depuis 1848 pour les hommes et 1944 pour les femmes, seules les personnes majeures, âgées de 21 ans au moins, sont en mesure de voter. En Mai 68, les lycéens et étudiants manifestent leur souhait de participer plus activement à la vie politique, ce qui passe par un abaissement de l'âge de vote. Ce ne sera chose faite qu'en 1974, avec la réduction, par le président Valéry Giscard-d'Estaing, de la majorité à 18 ans.
Télégramme du Directeur départemental des services de police reproduisant un tract syndical paru dans le journal Liberté – 30 juin 1968. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 45546/2.
La campagne électorale pour les législatives de 1968 est marquée par un événement tragique : le meurtre d'un militant communiste, Marc Lanvin, le 29 juin au soir à Achicourt. L'affaire est jugée suffisamment grave pour que le ministère de l'Intérieur en soit immédiatement informé et que l'ensemble des forces de l'ordre soient mobilisées. Arrêté dès le lendemain, le meurtrier, un militant UDR, est condamné le 28 mars 1969 à huit ans de réclusion criminelle.
Rapport des Renseignements généraux sur les élections législatives des 23 et 30 juin 1968 – 3 juillet 1968. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 45526/17.
Les services préfectoraux sont chargés de surveiller les opérations électorales et d'en rendre compte au ministère de l'Intérieur. Ils ont également pour rôle d'analyser la situation politique ainsi que les résultats des élections. Cette page, annexe d'un rapport global des Renseignements généraux, rassemble les résultats de chaque circonscription au second tour des élections législatives qui ont suivi Mai-68. Les trois forces en présence au second tour sont le Parti communiste français (COM), la Fédération de la Gauche démocrate et socialiste, regroupant notamment la SFIO et le parti radical (FED), et l'Union pour la défense de la République, gaulliste (UDR). Sur 14 circonscriptions, 7 reviennent à l'UDR (46,15 % des voix), 5 à la Fédération (36,54 % des voix) et 2 au PCF.