Remarquons en passant que c’est ce traité de Montreuil qui va donner à Edouard III d’Angleterre, par sa mère Isabelle, des droits à la couronne de France.
C’est la cause principale de la guerre de Cent ans.
Soulèvements contre les Anglais. Les habitants de Montreuil n’aimaient pas les Anglais, et ils refusèrent de prêter serment de fidélité à Edouard II lorsqu’il fit sa 1e entrée dans la ville. Le monarque anglais en référa a son beau-père Philippe le Bel.
Celui-ci donna l’ordre aux Montreuilllois d’obéir. Ils se soumirent à regret, mais après la mort de son père, Philippe V Le Long ressaisit les comtés de Ponthieu et de Montreuil sous prétexte que le roi d’Angleterre ne lui en avait point encore fait hommage. Edouard III, trop faible, dut céder. Dans la suite, cependant, le roi anglais ayant consenti à l’hommage demandé, les comtés lui furent rendus.
Mais le cœur des Montreuillois était toujours à la France, et en 1345, ayant appris que Philippe VI venait de reprendre Abbeville et tentait de reconquérir tout le Ponthieu, ils chassèrent la garnison anglaise et ouvrirent leurs portes aux Français.
Les Montreuillois à la bataille de Crécy. Peu après, Edouard III débarquait en Normandie avec 30 000 hommes ; l’armée française s’avança à sa rencontre. Lui ne se croyant pas en force pour résister se dirigea en hâte vers le nord. Il se vit arrêté au passage de la Somme ; sa position était critique.
Il avait devant lui la mer, à droite la Somme, et derrière l’armée de Philippe, qui le poursuivait. Les Montreuillois ayant appris le jour-même que les Anglais tenteraient de passer la rivière au gué de Blanquetaque, s’armèrent, et unis aux habitants de Rue et des campagnes voisines, ils se portèrent sur la rive droite de la Somme, à portée du gué. Ils étaient là environ 10 000.
Le lendemain au petit jour, les ennemis parurent sur la rive opposée, la marée se faisait sentir encore ; il fallut attendre le reflux pour s’engager dans le passage. Les soldats avaient de l’eau jusqu’à la ceinture.
Les Français impatients de combattre, se précipitèrent au-devant des ennemis, mais sans ordre. Les Anglais plièrent d’abord, mais ensuite se resserrant, ils firent à leur tour reculer les Français. Après deux heures de résistance opiniâtre, les Montreuillois et leurs amis durent prendre la fuite : le passage était forcé.
"Là, dit Froissart, y eut grand foison de ceux d’Abbeville, de Montreuil, de Rue et de St Riquier et dura la chasse plus d’une grosse lieue."
Il en revint très peu à Montreuil, et la ville se trouva dans une grande consternation. Cependant les Anglais s’avançaient, brûlant et pillant les villages sur leur passage ; on craignait de les voir à tout instant arriver sous les murs de la ville.
Deux jours après on apprit la nouvelle de la terrible défaite de Crécy et on se crut perdu. Toutefois, Edouard n’osa pas tenter une attaque de vive force, il passa outre, traversant la Canche vers Attin.
Il se contenta de brûler Waben, St Josse, Sorrus, et toute la banlieue de Montreuil.
Tentative des anglais contre Montreuil en 1354 : le traité de Brétigny le leur donne. Nouveau soulèvement. Affreuse misère de ces temps.
En 1354, l’armée anglaise, débarquée à Calais, passa encore une fois devant Montreuil sans oser l’attaquer.
La ville n’était pas heureuse cependant ; les brigandages de la Jacquerie, les pillages continuels des gens de guerre licenciés faisaient cruellement souffrir les campagnes environnantes. Le pays fut tellement dépouillé que la ville, mal approvisionnée, fut réduite à la famine.
Le funeste traité de Brétigny donna la place aux Anglais, en 1360. L’année suivante, un sénéchal Anglais vint recevoir le serment de fidélité des habitants. Les habitants de Montreuil haïssaient trop les anglais pour supporter leur domination, sans essayer de briser le joug.
En 1372, Abbeville se souleva et chassa les Anglais. Encouragés par ce succès, les Montrellois prirent aussi les armes forcèrent l’ennemi à abandonner d’abord la citadelle, ensuite la ville [note1].
[note 1] Charles V, en récompense de la belle conduite des habitants de Montreuil, leur accorda, par lettre patente de 1372, divers privilèges et entre autres, l’autorisation pour huit ans de rentrer les foins et les récoltes avant le lever et après le coucher du soleil.
On peut juger, d’après cela, des entraves sans nombre et incompréhensibles qui, dans ces temps venaient gêner toutes les industries aussi bien que le commerce. (Lefils : Histoire de Montreuil).