La Société française de secours aux blessés militaires, placée dans la mouvance du comité international de la Croix-Rouge, est fondée en 1864. Elle ne convainc pas lors de la guerre franco-prussienne et des événements de la Commune et a la réputation d'être une "société des brancardiers de sacristie, des bonnes sœurs". Deux scissions s'opèrent en conséquence en 1879 et 1881, par la création de l'Association des dames de France et de l'Union des femmes de France, qui conservent toutefois leur appartenance au mouvement Croix-Rouge.
L'Union des femmes de France, dont les statuts sont adoptés par le ministère de l'Intérieur en juillet 1882, se donne pour but :
de faciliter aux femmes de France leur tâche maternelle en leur apprenant à conserver leurs enfants par des soins éclairés pendant la paix […], de les arracher à la souffrance et à la mort pendant les mauvais jours" ou, comme le dit autrement en 1899 Alfred Boucher-Cadart, président du Département du Pas-de-Calais, lors de l'assemblée générale du comité d’Arras, de créer l'armée secourable des femmes instruites en temps de paix en vue des temps de guerre et de distribuer des secours soit aux militaires malades ou blessés, soit aux civils victimes des calamités publiques.
Les membres titulaires de l'Union et de ses comités locaux (respectivement 36 000 et 236 en 1899) sont uniquement féminins, les hommes ayant le statut d'associés. Par souci d'efficacité, l'Union souhaite en revanche une reconnaissance officielle de son rôle par l'armée et est rattachée au service de santé le 21 décembre 1886.
Un premier comité arrageois, créé à une date inconnue, organise devant le théâtre, le 18 novembre 1888, une démonstration de brancardiers et de voitures de culture et d'industrie transformées en ambulances, en présence du docteur Bouloumié, secrétaire général de l'Union (les conseils d'administration féminins étant secondés pour les tâches administratives par un conseil consultatif d'hommes et par un secrétaire général). Il semble vivoter et doit remettre son actif aux instances nationales.
En 1898, madame Sée, trésorière du comité lillois, trouve en Octavie Delair, épouse d'un colonel du génie en retraite à Arras, la personne idoine pour relancer le mouvement. 137 membres élisent le bureau le 5 février et la présidence d'honneur en est acceptée par Marguerite Strohl (née Cary, 1852-1930 ?), épouse du général commandant la 2e division d'infanterie.
Le siège social est sis salle des concerts. Le comité croît rapidement sous les présidences successives de Louise d'Or et de Philippine Vel-Durand (326 adhésions en 1901, 584 en 1905), au point d'être qualifié par les instances nationales de comité le plus actif de France après celui d’Alger. Il semble toutefois faire preuve de légèreté administrative, comme en témoigne le vote rétroactif des statuts et des budgets 1900-1901 lors de l'assemblée générale du 29 novembre 1900.
Le but premier du comité est la création d'un hôpital auxiliaire du territoire, susceptible de décharger les hôpitaux militaires de première ligne. Pour cela, il obtient de la municipalité d'Arras, en 1899, la cession d'une salle au petit collège, pouvant abriter trente lits en cas de guerre. Des bulletins de promesses de dons en matériel sont envoyés dans le département et des ateliers couture sont organisés deux fois par mois, de février à juillet, afin de le doter en lingerie suffisante. En 1901, le succès de l'opération décide l’armée à le faire classer en hôpital de première série, opérationnel au premier appel.
Les membres sont parallèlement formées par des cycles de conférences sur l'hygiène, les soins infirmiers, les épidémies, etc. Des collectes ponctuelles sont organisées pour l'envoi de vivres et de brochures aux corps expéditionnaires stationnés à Madagascar et en Chine, ainsi que pour l'achat de jeux à destination des soldats malades de l'hôpital d'Arras.