Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre
En raison d’une panne du chauffage du Centre Georges-Besnier, sa salle de lecture (Arras) ferme jusqu’à nouvel ordre. Pour toute recherche administrative urgente sur les fonds conservés sur le site concerné (archives contemporaines), nous vous invitons à nous contacter pour une communication par correspondance ou, en cas de nécessité pratique, pour organiser une session de consultation en salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois des documents nécessaires à votre recherche.
Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.
Le réseau ferré
Galerie photos
intro_BHC-1018_dessin
Détail d'illustration tiré du fascicule "Chemins de fer? Station aux abords de la ville". Ville d'Arras, imprimerie J. Degeorge, décembre 1843. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHC 1018/07.
Détail d'illustration tiré du fascicule "Chemins de fer? Station aux abords de la ville". Ville d'Arras, imprimerie J. Degeorge, décembre 1843. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHC 1018/07.
En 1837, le gouvernement présente un vaste plan destiné à relier Paris aux frontières belge et allemande, mais, faute d'argent, ce plan est mis en sommeil jusqu'en 1842. Concernant le Pas-de-Calais, il est prévu une ligne de Paris à la frontière belge par Lille et Valenciennes et une ligne vers l'Angleterre par Calais ou Boulogne.
La loi du 11 juin 1842 affecte 42 millions de francs au chemin de fer de Paris à Valenciennes et Lille par Amiens, Arras et Douai. Une compagnie doit recevoir la concession de la ligne. Une commission en étudie les différents tracés et propose les tarifs. Mais la loi n'est votée que le 26 juillet 1844.
La concession de la ligne d'Amiens à Boulogne est donnée à MM. Laffite, Blount et Cie ; elle est ouverte en décembre 1848. La ligne de Paris à Lille attribuée à la Compagnie de Chemin de fer du Nord fondée par MM. De Rothschild, Hottinguer et Cie est ouverte en 1846. De 1845 à 1857 aucune concession nouvelle n'est accordée. En fait, à cette époque, le Pas-de-Calais n'est qu'effleuré sur ses bords : au nord, à l'est et à l'ouest. Il n'existe encore aucune transversale, le centre du département constitue un désert ferroviaire.
Mais cette lacune est rapidement comblée. En effet, "la fièvre du chemin de fer" s'empare des élus locaux, conseil général, municipalités et des industriels. Les projets se multiplient alors, le chemin de fer constituant la panacée à tous les problèmes économiques.
intro_12J-357-937_la-gare
Thérouanne (P.-deC.). La gare. Carte postale. Archives départementales du Pas-de-Calais, 12 J 357/937.
Thérouanne (P.-deC.). La gare. Carte postale. Archives départementales du Pas-de-Calais, 12 J 357/937.
L'extension du bassin houiller nécessite l'extension du réseau. Mais les dirigeants de la Compagnie du Nord semblent s'en désintéresser. Cependant, lorsque dans le cadre de la convention de 1860 créant le nouveau réseau, le gouvernement décide la construction de la ligne Arras-Hazebrouck avec embranchement sur Lens et Ostricourt. C'est la Compagnie du Nord, peu favorable à ce projet, qui est chargée de la réalisation.
Il faut cinq ans pour que l'ensemble soit achevé, mais la ligne des houillères connaît une expansion exceptionnelle. Une série d'embranchements particuliers s'y rattache peu à peu, au moment où le trafic minier est en constante augmentation. La nouvelle gare de Lens se situe alors au second rang pour les marchandises après Arras.
Les projets de la Compagnie du Nord se portent ensuite vers l'ouest du département dans le cadre de la liaison entre Boulogne et Calais, alors que la rivalité entre ces deux villes est grande. Ce projet n'aboutit qu'au bout de treize ans (1867).
La troisième étape de l'implantation du chemin de fer dans le Pas-de-Calais est celle de la liaison entre l'axe Paris-Lille et la côte. Après de nombreux projets, c'est la ligne Arras-Étaples qui est retenue, car elle a l'appui des chambres de commerce d'Arras et de Boulogne, et celui du conseil général.
Le projet est présenté en 1857, mais sa réalisation traîne en longueur, les propositions de construction et de concession sont nombreuses, mais les difficultés et les oppositions se multiplient. Les deux sociétés candidates se désistent en 1864. Ce n'est qu'en 1868 que la concession échoit à la Compagnie du Nord, le projet est voté en avril 1869 par le Corps Législatif et l'inauguration de la ligne a lieu … en 1878.
intro_12J-357-32_la-halte
Bailleul-Sir-Berthoult (P.-de-C.). La halte. Carte postale. Archives départementales du Pas-de-Calas, 12 J 357/32.
Bailleul-Sir-Berthoult (P.-de-C.). La halte. Carte postale. Archives départementales du Pas-de-Calas, 12 J 357/32.
À la fin du Second Empire, sous la pression de comités d'action, d'autres projets voient le jour, comme la liaison Boulogne-Saint-Omer.
Pratiquement la plupart des lignes existant en 1870 dans le Pas-de-Calais sont concédées à la Compagnie du Nord : les autres tentatives de constitution de sociétés ont échoué.
Parallèlement à ce réseau principal, on voit ensuite se développer un réseau secondaire, construit à moindres frais, avec un cahier des charges moins sévère. À partir de 1874, la Compagnie du Nord, s'associe aux sociétés locales de chemin de fer, considérant que les lignes secondaires sont nécessaires en tant qu'affluents de ses réseaux.
Dans le Pas-de-Calais, essentiellement agricole et sucrier, les lignes d'intérêt local permettent alors l'extension de la culture des betteraves et le transport des principaux produits agricoles.
"Carte générale et comparative des chemins de fer du Nord. Dédiée au Conseil Général du Pas-de-Calais et au Conseil municipal de la Ville d'Arras. Dressée par le soussigné, Arras, ce 4 avril 1874. A. Bénard, géomètre à Arras." 1874. Archives départementales du Pas-de-Calais, 3 Fi 443.
C’est en 1842 que l’industrie des chemins de fer fixe l’aspect définitif du réseau, entièrement centré sur Paris à l’image du régime administratif centralisé de la France et du tracé des routes nationales.
Parallèlement à ce réseau principal, se développent progressivement des lignes secondaires. Dans le domaine des chemins de fer d’intérêt local, le Pas-de-Calais devance, dans les années 1880, la plupart des autres départements. À la veille de la guerre de 1914, le réseau du département atteint 1 140 km.
Lettre du maire de Bapaume au préfet à propos de la concession d’un chemin de fer de Bapaume à Achiet, 1855. Archives départementales du Pas-de-Calais, S 936.
Les villes se démènent pour que s'implante sur leur territoire une gare, symbole de pouvoir et de production. S'il n'y a pas une station dans un rayon de dix kilomètres, le dépeuplement semble assuré. Cette "vicinalité ferrée" est d'ailleurs l'objet de la loi du 12 juillet 1865.
La ligne Achiet-Bapaume qui relie Bapaume au réseau Nord est le premier chemin de fer d'intérêt local du département. Ces six kilomètres de ligne ont fait l'objet d'âpres discussions depuis 1855. Au printemps de cette année-là, le maire de Bapaume, à l'instigation de propriétaires et industriels du canton, sollicite du préfet l'autorisation d'établir un chemin de fer à traction de chevaux. L'ouverture de la ligne n'a lieu qu'en 1871 ; c’est finalement un chemin de fer à vapeur qui est mis en service. Dans un département principalement agricole et sucrier, les lignes d'intérêt local permettent un développement spectaculaire de la culture de la betterave ou du lin.
La gare et les voies ferrées d’Achiet-le- Grand, après 1906. Archives départementales du Pas-de-Calais, 12 J 357/14.
Sur la ligne Achiet-Bapaume sont mis en place des embranchements spéciaux pour desservir d’importantes industries, comme la sucrerie Lejosne à Bihucourt ou les usines Gagny à Bapaume.
L’acheminement des produits jusqu’aux fabriques ne pose plus de problèmes ; il n’est plus nécessaire de restreindre certaines cultures aux terrains avoisinant les grandes voies ferrées.
La gare et les voies ferrées d’Achiet-le- Grand, après 1906. Archives départementales du Pas-de-Calais, 12 J 357/15.
Rapport de la Compagnie des mines de houille de Courrières sur l’utilité d’un chemin de fer de la fosse de Billy-Montigny au canal de la Souchez, 1860. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 J 1718/130.
Dans les années 1850, l’exploitation du bassin houiller révèle l’incapacité des réseaux routier et navigable à transporter la masse croissante de houille. Les compagnies minières demandent que soit créée une ligne Arras-Saint-Omer par Lens, Béthune et Lillers affirmant qu’elles devront limiter leur production faute de pouvoir l’évacuer.
Mais les dirigeants de la Compagnie des chemins de fer du Nord ne croient pas à l’avenir prometteur des sociétés minières et font traîner les travaux jusqu’en 1860, date à laquelle le gouvernement décide la construction de la ligne Arras-Hazebrouck avec embranchement sur Lens et Ostricourt.
Chemins de fer. Projet de construction de voies de raccordement des fosses de Lens : enquête. Archives départementales du Pas-de-Calais, 17 FiC 654.
Le souci des Houillères est de vendre de plus en plus loin à un coût réduit ; les voies navigables sont les plus intéressantes de ce point de vue. La Compagnie des Mines de Lens obtient, en vertu d’un décret du 9 mai 1860, l’autorisation de relier ses fosses non seulement à la gare mais aussi au canal de la Haute-Deûle.
La Ligne de chemin de fer des Houillères, inaugurée en septembre 1861, connaît une expansion exceptionnelle. Toutes les mines sont bientôt reliées à la ligne principale ce qui permet une exploitation plus intensive du bassin.
Lettre de la Fonderie et Ateliers de Construction de Machines de A. Hallette, C. Tournelle et Cie à Arras, s.d. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHC 1190/3.
Alexis Hallette s’installe à Arras en 1812. Son père, fabricant de fils et de lacets, lui donne le goût de la mécanique. Véritable précurseur de l’industrie moderne, il s’associe à Crespin-Delisse en concevant les premières machines pour la fabrication du sucre de betterave. Ses ateliers couvrent plus de deux hectares et emploient 800 ouvriers.
En 1829, lorsque deux locomotives construites par Stephenson à Newcastle entrent en France, l’une est confiée aux frères Seguin à Lyon, l’autre à Alexis Hallette. Il ne produit d’abord que les pièces détachées. Il faut attendre 10 ans pour que sortent de ses ateliers les premières locomotives pour la Compagnie du Nord. Il les perfectionne et, pour éviter le mouvement de lacet si désagréable sur les premiers chemins de fer, il rapproche leurs cylindres. Il met également au point un système révolutionnaire de locomotion atmosphérique.
Il meurt le 3 juillet 1846, au retour d’un voyage en Angleterre où une société anglaise faisait des essais sur son invention. Avec lui, disparaissent les ateliers dont il est l’âme et le cerveau.