Les transports au XIXe siècle constituent un élément essentiel des changements profonds qu'a connus ce siècle. Cette révolution a été la condition de l'expansion économique de beaucoup de régions. Jusque-là les progrès avaient été, dans ce domaine, quasiment inexistants. À l'époque de Jules César, il fallait cinq jours pour aller de Lyon à Lutèce ; sous Louis XVI, ce trajet n'était réduit que d'un jour !
L'apparition du chemin de fer a bouleversé la vie quotidienne des Français qui passent alors d'un monde immobile et d'un horizon bloqué à un monde ouvert et mobile. Ce système permet d'effectuer des communications gagnant en vitesse et en régularité sur les diligences à chevaux, transportant à la fois voyageurs et marchandises.
Le chemin de fer est confié dans notre département à la Compagnie du Chemin de fer du Nord sous la tutelle des Rothschild. Le réseau est alors conçu en étoile autour de Paris par la loi de 1842, votée sous Louis-Philippe. L'idée maîtresse qui préside à sa réalisation est de relier Paris aux frontières. La principale motivation n'est pas seulement la centralisation industrielle, mais aussi la volonté de mettre en valeur les régions en cours d'industrialisation.
Si l'État fait appel à des sociétés privées, c'est qu'il ne peut dégager toutes les sommes nécessaires. Il se contente alors d'acheter les terrains et de construire les ouvrages d'art ; les concessionnaires posent les voies, construisent les gares et font circuler les trains. Ils doivent aussi respecter les horaires et un tarif uniforme.
À partir de 1850 le réseau se développe. Le Pas-de-Calais, d'abord desservi sur ses extrémités (Paris-Lille, Lille-Calais, Paris-Boulogne), voit s'accroître ses lignes. Sous la IIIe République, le chemin de fer contribue à l'expansion économique du département dans les domaines agricole (betterave à sucre) et industriel (houille). L'État et le Conseil général encouragent la réalisation d'un réseau secondaire, en partie grâce aux petites compagnies d'intérêt local dont beaucoup font faillite par manque de rentabilité.
Instrument du développement économique, le chemin de fer contribue aussi au développement des loisirs (dominicaux ou balnéaires) et à la diffusion des idées républicaines. Il permet de faire évoluer les mentalités et d'éduquer les électeurs en leur apportant l'information.
Cette politique est appliquée par Freycinet qui souhaite que chaque chef-lieu de canton soit doté d'une gare.
En 1914, le réseau du Pas-de-Calais atteint 1 043 kilomètres de voies ferrées, dont 367 d'intérêt local (record de France), mais ce réseau est déficitaire et annonce les difficultés des années 30 qui vont entraîner la nationalisation et la création de la S.N.C.F. en 1937.