Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre
En raison d’une panne du chauffage du Centre Georges-Besnier, sa salle de lecture (Arras) ferme jusqu’à nouvel ordre. Pour toute recherche administrative urgente sur les fonds conservés sur le site concerné (archives contemporaines), nous vous invitons à nous contacter pour une communication par correspondance ou, en cas de nécessité pratique, pour organiser une session de consultation en salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois des documents nécessaires à votre recherche.
Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.
Des trains dans la tourmente
Galerie photos
Lorsque la Grande Guerre est déclarée, le chemin de fer, dont la toute première ligne a été mise en service presque 100 ans plus tôt en 1827, a déjà connu une extraordinaire expansion. 1914 marque l’apogée du rail en France : grandes lignes à double voie rayonnant de Paris vers tous les pans du territoire et chemins de fer secondaires à voie étroite constituent un réseau assez homogène.
6_Guerre_intro_casque
Casque Adrian d'un dénommé Patin, chef d'escadron au S.M.C.F. [Service militaire des chemins de fer]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 J 2575.
Casque Adrian d'un dénommé Patin, chef d'escadron au S.M.C.F. [Service militaire des chemins de fer]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 J 2575.
Dans le Pas-de-Calais, le réseau atteint 1 140 kilomètres. Le transport ferroviaire assure donc tout naturellement une position stratégique à la fois militaire et économique tout au long du conflit. Matériel et personnel sont mobilisés pour transporter les hommes, évacuer les blessés, ravitailler rapidement et massivement les troupes. Les liaisons ferroviaires permettent en effet de déplacer, en quelques jours, des armées entières sur de très grandes distances. Contrôler le chemin de fer devient pour les belligérants un "but de guerre" et le maintien des infrastructure un enjeu tactique majeur dans cette première guerre moderne.
Le réseau du Pas-de-Calais, contrôlé en grande partie par l’armée allemande, sort dévasté de la guerre. Les troupes d’occupation ont anéanti de manière systématique toutes les installations, le matériel, les ponts et les ouvrages d’art. Pourtant, dès 1919, le réseau est remis en service et rendu aux civils. L’État lance alors une grande campagne d’électrification et de modernisation des lignes.
En 1938, les cinq grandes compagnies du pays fusionnent pour donner naissance à la Société Nationale des Chemins de fer Français. Le réseau compte alors 515 000 cheminots et 42 700 kilomètres de voies.
6_Guerre_intro_train
Compagnie des mines d'Ostricourt, constatation et évaluation des dommages de guerre : photographies noir et blanc de locomotives. Archives départementales du Pas-de-Calais, 10 R 6/134.
Compagnie des mines d'Ostricourt, constatation et évaluation des dommages de guerre : photographies noir et blanc de locomotives. Archives départementales du Pas-de-Calais, 10 R 6/134.
La toute jeune entreprise publique se retrouve pleinement engagée dans une nouvelle guerre dès 1940. En effet, par la convention d’armistice du 22 juin 1940 les chemins de fer français sont mis à la disposition "pleine et entière" de l’occupant allemand.
Les cheminots travaillent sous le contrôle de la Wehrmachtverkehrsdirektion qui réquisitionne l’ensemble du réseau ferroviaire. Les cheminots se retrouvent en contact direct avec l’occupant ; leur hostilité à l’égard des Allemands est grande. Nombre d’entre eux entrent en résistance. La lutte se développe dans le Pas-de-Calais dès les premiers mois de 1941 ; les mineurs du bassin minier, sous l’instigation de militants communistes, ont montré l’exemple en mai en organisant une grève générale. La communauté cheminote s’organise et, malgré l’étroite surveillance des soldats allemands, multiplie les opérations de sabotage. La fragilité du matériel, la dimension et la diversité des installations, les possibilités infinies de cachettes offrent des opportunités d’actions et favorisent les coups-de-main. Le chemin de fer du Pas-de-Calais devient peu à peu un véritable maquis. De nombreux cheminots seront arrêtés, fusillés ou déportés.
À partir de 1942, les trains de la S.N.C.F. participent à la déportation des Juifs depuis la France : soixante-quatorze trains déportant des Juifs ont quitté la France entre le 27 mars 1942 et le 17 août 1944. Le 11 septembre 1942, à 4 heures du matin, la Feldgendarmerie, soutenue par la police française, lance une effroyable rafle à Lens et dans le bassin minier. Sans distinction d’âge ni de sexe, 317 personnes (dont 223 Lensois) sont arrêtées, regroupées et emmenées à la gare. Désignées pour la déportation, elles sont conduites à Auschwitz-Birkenau avec les 1 048 déportés du Transport X qui part de Malines le 15 septembre. Lors de leur arrestation, les juifs lensois n’ont bénéficié d’aucune aide, d’aucun secours de la part de la population indifférente. Toutefois, à la gare Lille-Fives, d’où part le convoi qui emmène les déportés à Malines, des cheminots résistants permettent à quelques-uns d’entre eux et notamment à des enfants de s’échapper du train.
Acte de résistance, déraillement d’un train : photographie. Archives départementales du Pas-de-Calais, 51 J 90.
L’image des sabotages ferroviaires symbolise la résistance dans la mémoire collective.
En septembre 1939, la jeune S.N.C.F. créée deux ans auparavant emploie 500 000 cheminots. L’outil ferroviaire joue en rôle stratégique et moins d’un quart des cheminots est mobilisé ; ils restent en poste pour faire fonctionner les trains.
Dans le Pas-de-Calais occupé, les agents travaillent désormais sous surveillance allemande. La communauté cheminote, fortement syndiquée, forme des groupes de résistance, en particulier dans le bassin minier.
Déraillement d'un train à Mazingarbe le 15 décembre 1942. Sabotage. Matériel ferroviaire : photographie. Archives départementales du Pas-de-Calais, 51 J 1.
État des sabotages sur le réseau SNCF de l’arrondissement d’Arras, 1944. Archives départementales du Pas-de-Calais, 51 J 1.
Le sabotage des voies et du matériel ferroviaire ne constitue pas le seul moyen d’action des résistants.
Les agents d’exploitation et les aiguilleurs, informés de la circulation et de la composition des trains allemands, transmettent de précieux renseignements ; le personnel roulant achemine tracts et journaux ; les agents des gares aident au passage de personnes et facilitent les évasions.
Ralentir les cadences de travail est aussi un moyen de freiner l’activité de l’armée allemande.
Sabotage du pont de Brias de la ligne S.N.C.F. n° 210. Témoignage de Léon Bouthors, 9 février 1970. Archives départementales du Pas-de-Calais, 51 J 1.
Compagnie des mines d'Ostricourt, constatation et évaluation des dommages de guerre : photographies noir et blanc de locomotives. Archives départementales du Pas-de-Calais, 10 R 6/134.
Pendant la Grande Guerre, le chemin de fer est un enjeu stratégique. Il souffre de violents bombardements et du sabotage en règle des installations par l’occupant lors de sa retraite.
La paix revenue, une immense et difficile tâche de remise en état attend la Compagnie des chemins de fer du Nord ; la quasi-totalité du réseau est détruite. Il faut reconstruire les voies, les gares et les machines.
Pourtant, dès 1919, les voies principales et les gares les plus importantes sont remises en état ; la circulation des trains est rétablie à partir du mois d’avril.
Compagnie des mines d'Ostricourt, constatation et évaluation des dommages de guerre : photographies noir et blanc de locomotives. Archives départementales du Pas-de-Calais, 10 R 6/134.
Compagnie des mines d'Ostricourt, constatation et évaluation des dommages de guerre : photographies noir et blanc de locomotives. Archives départementales du Pas-de-Calais, 10 R 6/134.
Compagnie des mines d'Ostricourt, constatation et évaluation des dommages de guerre : photographies noir et blanc de locomotives. Archives départementales du Pas-de-Calais, 10 R 6/134.
Compagnie des mines d'Ostricourt, constatation et évaluation des dommages de guerre : photographies noir et blanc de locomotives. Archives départementales du Pas-de-Calais, 10 R 6/134.
Sur le quai de la gare maritime [de Calais], l'arrivée d'un train de blessés britanniques. Photographie. Archives départementales du Pas-de-Calais, 43 Fi 496.
Pendant toute la durée de la guerre, la priorité est donnée aux transports militaires. Ils regroupent les transports de troupes et de chevaux, les trains de ravitaillement (vivres, armes, munitions, matériel), les trains sanitaires, les trains de permissionnaires et l’artillerie lourde sur voie ferrée (ALVF).
Avec la prolongation de la guerre, le contrôle de l’État sur les chemins de fer s’accentue. Les gares régulatrices permettent d’organiser et de coordonner tous les transports militaires à destination ou en provenance du front.
"Je pars d'Arras", carte postale, [1914-1918]. Carte postale. Archives départementales du Pas-de-Calais, 38 Fi 2478.
Le 2 août 1914, l’autorité militaire prend le contrôle du réseau ferroviaire national pour la durée de la guerre. Le matériel et le personnel sont mobilisés et affectés au transport des troupes.
La mise en place des permissions du front à partir de l’été 1915 prend les réseaux par surprise. Le transport des permissionnaires entre la zone des armées et l’arrière ne peut compter ni sur les trains de ravitaillement déjà complets, ni sur le trafic commercial, inexistant sur certains parcours dans la zone des armées. Le Haut commandement choisit donc de mettre en place pour les permissionnaires un trafic indépendant et obligatoire constitué de trains spéciaux gratuits qui desservent les principales gares de l’arrière.
Les conditions de transports sont déplorables. Les trains accusent d’importants retards, sont en mauvais état, constitués généralement avec des wagons fortement dégradés.
Affiche allemande annonçant l’arrestation de 31 militants communistes après une série d’actes de sabotage, 18 juillet 1941. Archives départementales du Pas-de-Calais, 38 J 73.
Après l’armistice du 10 juillet 1940, naît dans le Pas-de-Calais, qui souffre beaucoup d'une lourde présence allemande, des difficultés de la vie quotidienne et des bombardements, un noyau de résistance, qui s’amplifie au fil du temps.
Une véritable "guerre de l’ombre" se déploie pendant plus de quatre ans et coûte la vie à des centaines de patriotes. Si l’on excepte les régions de grands maquis, le Pas-de-Calais figure parmi les départements les plus touchés par la répression allemande.
Les cheminots prennent une part active à la Résistance : le sabotage de lignes, de matériels et d’infrastructures ferroviaires font partie des actions les plus spectaculaires.
Arras. Gare. Vue d'ensemble de la gare et des voies ferrées, [30 juin 1917], SPA (Section Photographique des Armées). Archives départementales du Pas-de-Calais, 8 FI 305.
Le bâtiment, tout à fait moderne, des voyageurs de la gare d’Arras, dessiné par Sydney Dunett est inauguré par le Ministre des Travaux publics le 30 octobre 1898. Construit sur le modèle d’inspiration flamande de la gare de Roubaix, il présente, en façade, un fronton métallique et vitré surmonté d’un clocheton central à horloge.
Dès octobre 1914, Arras est cernée par le front ; la gare, est rapidement fortifiée puis désaffectée. Cela explique sans doute qu’elle est relativement peu touchée par les bombardements. Elle n’est cependant rendue au service normal qu’en juillet 1920. Au lendemain de l’armistice, elle devient un centre de démobilisation puis les installations ferroviaires sont mises au service de la reconstruction.
La gare sera totalement détruite lors des bombardements de la ville en avril 1944.
Photographie noir et blanc montrant la façade d'une gare.