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Mémoire et commémorations

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Il n’est ni facile ni agréable de sonder cet abîme de noirceur […). On est tenté de détourner les yeux et de tourner ailleurs son esprit : c’est une tentation qu’il faut repousser. Primo Levi

La question de la déportation est aujourd’hui au cœur des enjeux de mémoire liés à la Seconde Guerre mondiale. Le terme lui-même évoque automatiquement l’envoi de personnes au sein du système concentrationnaire nazi. Pourtant le mot "déportés", pendant et au sortir de la guerre, désigne plusieurs réalités et plusieurs catégories de personnes :

  • les déportés qualifiés de "raciaux", victimes de leur seule naissance,
  • et les déportés résistants et politiques, victimes de leur engagement et de leurs activités.

Au sortir de la guerre, la mémoire de la déportation s’attache à célébrer les "héros" survivants ou non des camps de concentration. C’est donc d’abord les déportés "résistants", morts au service de la Patrie, qui sont au cœur de la politique mémorielle de la Seconde Guerre mondiale.

Le rétablissement des pouvoirs républicains, à la Libération, est marqué symboliquement, à Arras, par des cérémonies au mur des Fusillés. Dès le 3 septembre 1944, le nouveau préfet du Pas-de-Calais, Jean Cabouat, rend hommage aux victimes conjointement avec le maire d’Arras, au monument aux morts de la place Foch, à l’hôtel de ville, mais aussi à la Citadelle.

Les 12 et 13 juillet 1947, accompagné de plusieurs membres du gouvernement Ramadier (dont François Mitterrand, ministre des anciens combattants et des victimes de la guerre), le président de la République Vincent Auriol parcourt le Pas-de-Calais et le Nord, alternant quartiers encore sinistrés et villes renaissantes. Son séjour veut aussi être un hommage aux morts du récent conflit : le 13 à 15 heures 30, est ainsi inauguré un mausolée aux victimes civiles d’Oignies, "première cité martyre de la campagne de France". Cette cérémonie est précédée le matin, dans les fossés de la citadelle d’Arras, de la pose d’un poteau, réplique de celui auquel ont été attachés les résistants condamnés. Le 31 mai précédent, Guy Mollet, député-maire du chef-lieu du département, a fait adopter un projet de mémorial aux patriotes fusillés et a lancé la souscription nécessaire à sa construction. La présence de Vincent Auriol permet de recréer le climat de la Résistance , un climat d’idéal désintéressé, d’unanimité démocratique fraternelle qui a été celui de la lutte contre l’oppresseur et qui se montre de plus en plus nécessaire pour la reconstruction de notre patrie dévastée (lettre au préfet du 5 juin 1947).

Il faut attendre avril 1954, pour que les victimes des camps d’extermination soient intégrées aux cérémonies de commémoration. La France célèbre, le dernier dimanche d’avril, "la cérémonie des héros victimes de la déportation". Il s’agit de ne pas laisser sombrer dans l’oubli les souvenirs et les enseignements d’une telle expérience, ni l’atroce et scientifique anéantissement de millions d’innocents, ni les gestes héroïques d’un grand nombre . Le but est de fédérer la Nation tout entière en honorant ensemble tous les déportés, qu’ils soient politiques ou raciaux.

Le développement des recherches historiques entend répondre au long refus d’admettre la spécificité du génocide et la responsabilité de l’État français. Dans les années 1990, naît la volonté chez les descendants de victimes de la Shoah, terme qui signifie « la catastrophe » en hébreu, d’une journée mémorielle spécifique. Le 3 février 1993, un décret institue en conséquence le 16 juillet, jour anniversaire de la rafle du Vélodrome d’hiver, ou le dimanche suivant, une « Journée nationale de commémoration des persécutions racistes et antisémites commises sous l’autorité de fait du gouvernement de l’État français ».  Le 16 juillet 1995, Jacques Chirac reconnaît pour la première fois la responsabilité de la France dans la solution finale :

ces heures noires souillent à jamais notre histoire et sont une insulte à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français… Transmettre la mémoire du peuple juif, des souffrances et des camps, témoigner encore et encore, reconnaître les fautes du passé, ne rien occulter des heures sombres de notre histoire, c’est tout simplement défendre une idée de l’homme, de sa liberté et de sa dignité. C’est lutter contre les forces obscures, sans cesse à l’œuvre. 

La loi du 10 juillet 2000 élargit finalement le décret de 1993 en y ajoutant un hommage aux Justes, dans le cadre d’une Journée nationale de commémoration à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes de France .

Pour Serge Klarsfeld, la pédagogie de la Shoah vise à éviter en Occident le retour sous quelque nouvelle forme que ce soit de la barbarie ; le génocide juif interpelle la conscience universelle en raison de son ampleur, de ce qu’il a révélé d’inquiétant sur l’homme .

Lieux de mémoire dans le Pas-de-Calais

  • Cimetière national de Notre-Dame-de-Lorette : la crypte de la chapelle recueille depuis 1955 les cendres de déportés disparus dans les camps nazis.
  • Lens :
    • Synagogue, rue Casimir Beugnet, stèle à la mémoire des 528 Juifs déportés lors de la rafle du 11 septembre 1942.
    • Gare, plaque commémorative inaugurée en 2002.
    • Rue des 528 déportés, située près du monument aux morts de l’avenue Van Pelt.
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