Du Moyen-Âge à l’époque moderne, les jeux traditionnels occupent une large place dans l’univers récréatif des sociétés rurales et urbaines des principautés d’Artois, du Boulonnais ou du Ponthieu, avant que Louis XIV ne rattache définitivement les provinces du Nord au royaume de France.
Gouvernées par des règles aléatoires se pratiquant dans des espaces à géométrie variable, s’inscrivant dans des temporalités élastiques, ces "activités motrices de divertissement" constituent d’abord des espaces de sociabilité masculine : les compagnies d’archers ou d’arbalétriers se multiplient au XVIe siècle, perpétuant un usage militaire disparu.
Canaux, fleuves et rivières du Nord se prêtent au déroulement de joutes nautiques. Les jeux de balle, de boules, de paume ou de balle au poing se pratiquent dans les interstices des activités de labeur, du calendrier religieux ou à l’occasion de fêtes commémoratives telles les célébrations du 14 juillet.
Ces distractions populaires et festives, dont certaines formes subsistent encore aujourd’hui dans les villages d’Artois et de Picardie, ne peuvent cependant être assimilées aux sports. La violence des engagements des "jeunes mâles" qui s’y adonnent, l’ancrage local et les faibles dispositifs de contraintes qui les organisent confèrent aux jeux traditionnels une dimension culturelle particulière.