Archives - Pas-de-Calais le Département
Les informations contenues dans cette page ne sont valables avec certitude que jusqu'à cette date et heure.

Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre

En raison d’une panne du chauffage du Centre Georges-Besnier, sa salle de lecture (Arras) ferme jusqu’à nouvel ordre. Pour toute recherche administrative urgente sur les fonds conservés sur le site concerné (archives contemporaines), nous vous invitons à nous contacter pour une communication par correspondance ou, en cas de nécessité pratique, pour organiser une session de consultation en salle de lecture du Centre Mahaut-d’Artois des documents nécessaires à votre recherche.

Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et vous remercions par avance de votre compréhension.

Les Anglais au Pays noir

Bâtiments ruinés de la Compagnie des mines de Lens (1918-1920).

Bâtiments ruinés de la Compagnie des mines de Lens (1918-1920) [Archives départementales du Pas-de-Calais, 45 Fi 39].

Victor-Eugène Ardouin-Dumazet (Vizille, Isère, 1852 – Arsonval, Aube, 1940), est un journaliste et géographe français. Entre 1893 et 1907, il rédige Voyage en France, un ouvrage en soixante-dix volumes, dans lequel sont présentées les diverses activités agricoles, industrielles et touristiques des pays traversés. Journaliste, il donne également des articles pour des périodiques, tel celui publié par Le Télégramme du 24 février 1917.

En 1913, le bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais fournit 67 % de la production charbonnière française. Cet essor est malheureusement freiné au cours de la Première Guerre mondiale. Lors de l’offensive allemande de l'été 1914, seul l'est du bassin minier du Pas-de-Calais a été envahi. La dernière étape de la guerre de mouvement, la "course à la mer", fait en revanche pénétrer le conflit dans le Pays noir. La majeure partie du bassin se retrouve scindé en deux, avec une zone occupée par les Allemands à la limite des concessions de Lens, Liévin et Grenay. Ceux-ci s’emparent du matériel au profit de leurs propres usines, puis détruisent les concessions pour ruiner l'économie du pays.

Pour cela, ils n'hésitent pas à saccager les puits entre Liévin, Lens et Drocourt, par peur d’incursions d'espions alliés derrière les lignes, mais aussi les installations de jour, les habitations, l'outillage, les voies et moyens de communication. Les puits sont totalement ou en partie noyés.

Dans la presse allemande publiée en Belgique, notamment La Belgique et Le Télégraphe, les Allemands accusent les Anglais d'êtres les responsables de la destruction des mines de Lens. De 1914 à 1918, les villes où sont installées de nombreuses batteries allemandes souffrent en effet des bombardements alliés causant de nombreuses victimes civiles. Au début de février 1917, l'usine à gaz de Lens est ainsi à nouveau bombardée : on recense dix-huit civils tués dans leurs caves, ainsi que de nombreux blessés.

Un communiqué britannique, publié dans le journal Le Temps, affirme que le 4 février 1917, les Allemands ont fait éclater, à l'ouest de Vimy, un fourneau de mine qui n'a engendré que de faibles dégâts. De leur côté, les Britanniques sont parvenus à pénétrer dans les tranchées ennemies au sud-est de Souchez. Vingt-et-un prisonniers et une mitrailleuse auraient été enlevés, une autre mitrailleuse et un puits de mine détruits.

Les Anglais au Pays noir

Les destructions des mines

Depuis deux ou trois jours, les communiqués britanniques signalant les coups de main heureux accomplis en Artois révèlent la destruction de puits de mines occupés par les Allemands. Les informations en restent là. Quels sont ces puits ? Il serait intéressant de le savoir, car on se rendrait compte ainsi des progrès réalisés par nos alliés.

Ces progrès, pour qui connaît bien le pays, doivent être sérieux.

Pour que des fosses à houille aient été détruites il faut que les Anglais aient effectué une très forte poussée et gagné du terrain.

Rappelons que les troupes françaises ont été remplacées par les Anglais, successivement depuis les environs de La Bassée jusqu’à la Somme. La région où nous avons livré de si rudes combats vers Loos-en-Gohelle, Vermelles, Notre-Dame-de-Lorette, Souchez, Neuville-Saint-Vaast, Roclincourt est tenue maintenant par eux.

Dans le bassin houiller, ils protègent les fosses des environs de La Bassée, où les Allemands gardent encore celles qui avoisinent Haisnes : là se trouve le grand système défensif de la redoute Hohenzollern.

L’ennemi reste installé au nord, dans les mines des bords de la Deûle, vers Pont-à-Vendin et Meurchin, plus à l’est à Carvin et Ostricourt. Il tient tout le riche bassin de Lens, Liévin, Drocourt, Courrières etc.

C’est là que l’on est amené à situer les puits de mines détruits par nos alliés, entre Loos, Lens et Liévin.

Plus au sud, il y a bien des mines très importantes, dans les parages de Vimy, Souchez et Ablain-Saint-Nazaire, mais si les installations s’achevaient lorsque la guerre a éclaté, si les cités ouvrières étaient construites, l’exploitation n’était pas commencée encore. C’est la prolongation du bassin de Lens dont j’ai parlé au cours de ma brève étude sur les combustibles inexploités.

Est-ce là que les Anglais avancent. Rien ne le laisse deviner.

En tous cas, cette destruction méthodique des installations minières, pour douloureuse qu’elle soit à l’esprit de Français, est fort pénible aux Allemands qui utilisent la houille pour leurs transports et leur industrie de guerre. Si l’on peut leur enlever la possession ou seulement l’usage des mines de la région de Lens, on portera un coup sérieux à leur force.

Ardouin-Dumazet

Le Télégramme, samedi 24 février 1917. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 9/27.