Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre
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Marie-Cécile-Charlotte de Laurétan est née le 17 août 1747 à Zutkerque. Ses parents, Philippe-François de Laurétan et Marie-Anne-Françoise de Moncheron, sont cousins germains.
Un garçon manqué plutôt qu'une noble demoiselle
Enfant, Marie est initiée par son oncle à la vénerie et, très vite, elle se passionne pour la chasse. Ses parents, qui voient d’un mauvais œil cette passion peu féminine, l’envoient au couvent des Ursulines à Saint-Omer. Mais l’établissement grouille de rats et, bientôt, Marie s’applique à les chasser à l’aide d’un gourdin, se comportant en vrai garçon manqué plutôt qu’en noble demoiselle.
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Feuille hebdomadaire de l’arrondissement de Saint-Omer, 18 novembre 1809, p. 4-5. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHB 348/3.
Madame de Draëck est revenue le 7 du mois dernier, à sa campagne, près d'Audruicq, après avoir fait la chasse aux loups dans les environs d'Hesdin avec Monsieur d'Artois, lieutenant de la louveterie. Une louve et quatre louvars ont été tués dans cette chasse. On ne sauroit donner trop d'éloges au zèle qu'apporte Madame de Draëck, pour détruire ces animaux dévastateurs.
Feuille hebdomadaire de l’arrondissement de Saint-Omer, 18 novembre 1809, p. 4-5. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHB 348/3.
À sa sortie du couvent, elle décide d’ailleurs de se couper les cheveux et troque ses tenues féminines (qu’elle déteste porter) pour des vêtements d’homme (veste de chasse, culottes et bottes) qu’elle juge plus pratiques. La chasse devient alors sa principale occupation.
Baronne de Draëck
Elle a 24 ans lorsque ses parents décident de la marier au baron de Draëck, alors âgé de 45 ans. Celui-ci n’est pas réticent et éprouve même une certaine fierté à épouser une femme peu ordinaire et il accepte de ne pas s’opposer à son goût pour la chasse.
Le mariage a lieu le 6 août 1771 et Marie devient la baronne de Draëck, vêtue d’une robe qu’elle a enfilée sur ses habits de chasse. Mais la vie domestique ne lui convient pas et son époux, qui lui reproche ses excentricités et l’absence d’enfant, retourne vivre dans son château d’Oudezeele. Le couple se sépare à l’amiable.
Une chasseuse hors pair
Marie reprend possession du château de Zutkerque où sa vie est alors entièrement consacrée à la chasse. Ses exploits impressionnent les villageois de la région, qui la supplient de débarrasser les forêts et les campagnes du plus redoutable des carnassiers : le loup. À cette époque, les forêts d’Éperlecques et de Tournehem en sont infestées.
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État des armes qui restent à la dame de Laurétan, veuve de Draeck, et de celles qu'elles a données à la municipalité pour armer une garde de précaution dans le village et qui ont été finalement livrées au district, 25 août 1792. Archives départementales du Pas-de-Calais, E-dépôt 906/S/1.
Transcription du document
Je declare avoir donnée à la municipalité de Zutkerque dix fusils de munition avec leur baionnettes et dix sabres et cinq gibernes pour armée une garde de précosion dans le vilage, donc ces messieurs mon dit avoir fait leur déclaration à messieurs du district de Calois est y avoir envoier les fusils sabres et giberne susdit qui viennent de moÿ. Je declare en outre avoir en ma possesion huit fusils de chasse donc deux preté à deux personnes du vilage, trois carabines, trois couteaux de chasse et deux pistoloit et deux epée. Fait à Zutkerque, ce 28 aout milles septs cens nonante deux. De Lauretan, veuve de Draeck. Nous maire et officiers municipaux et le conseil general de la commune de Zutquerque avons desarmé la citoÿen[ne] de Draeck conformement a la loi a cause de sa cidevant noblesse. Le nombre des fusils ci-dessus mentionnée son mi en depot chez le citoyen Rosoir, curé.
État des armes qui restent à la dame de Laurétan, veuve de Draeck, et de celles qu'elles a données à la municipalité pour armer une garde de précaution dans le village et qui ont été finalement livrées au district, 25 août 1792. Archives départementales du Pas-de-Calais, E-dépôt 906/S/1.
Marie de Draëck se passionne pour cette chasse particulièrement dure. Avec sa meute de près de quarante chiens, elle parcourt chaque jour la campagne, sonnant du cor pour prévenir les villageois à chacune de ses prises. La réputation de celle que l’on surnomme la "Diane de Brédenarde" lui vaut de ne pas être inquiétée lorsque survient la Révolution, même au plus fort de la Terreur. Infatigable, elle chasse le loup dans les forêts du Ternois, du Douaisis et de la Flandre maritime. On estime qu’elle aurait tué près de 800 loups tout au long de sa vie.
Seule la vieillesse peut mettre un terme à sa passion pour la louveterie. Pour autant, elle ne retourne pas à la vie domestique et, fidèle à son personnage, passe les dix dernières années de sa vie dans son atelier, s’essayant à la menuiserie ou tressant des fils de fer pour fabriquer des volières.
Elle meurt le 19 janvier 1823, à l’âge de 75 ans, laissant derrière elle le souvenir d’une femme hors du commun.
Bibliographie
M.-C. PETTE DEBRIL, La baronne de Draëck (la dame aux loups), coll. "Patrimoine", éditions du Camp du Drap d’Or, 2004, 160 p. Archives départementales du Pas-de-Calais, BHB 7011.