Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre
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Clovis Normand, "Grand portail" et détails d’architecture de l’église de Saint-Leu-d’Esserent (Oise), sans date : dessins extraits d’un carnet de croquis (pages 71-72). Archives départementales du Pas-de-Calais, 24 J 22.
Clovis Normand, "Grand portail" et détails d’architecture de l’église de Saint-Leu-d’Esserent (Oise), sans date : dessins extraits d’un carnet de croquis (pages 71-72). Archives départementales du Pas-de-Calais, 24 J 22.
Clovis Normand naît le 28 août 1830 rue du Marché-au-Lin à Hesdin, fils d’un maître menuisier originaire de Boubers-sur-Canche. Après deux années d’études au petit séminaire d’Arras, il débute sa carrière professionnelle dans l’atelier de son père. Doté d’un joli coup de crayon, il découvre l’architecture médiévale en Champagne, en Bourgogne et en Ile-de-France et se forme en autodidacte, sous l’inspiration de Viollet-le-Duc et de l’architecte arrageois Alexandre Grigny. Il débute en 1856 par la reconstruction de la nef de l’église du Fresnoy et l’ajout de deux ailes au château d’Ecquemicourt ; architecte de la ville de Saint-Pierre-lès-Calais entre 1860 et 1862, il se fixe ensuite définitivement à Hesdin.
Architecte de talent
Sa production architecturale est considérable : il conduit en quarante ans près de 670 chantiers, avec évidemment de nombreuses réalisations localisées dans le Pas-de-Calais (pour l’essentiel dans l’arrondissement de Montreuil) ; mais il n’a pas limité son action à cette région : on le retrouve en effet dans quelques villes de la Somme ou du Nord, voire beaucoup plus loin avec l’exécution des carmels d’Épernay et de Fontainebleau ou de la très célèbre chartreuse de Parkminster dans le Sussex (1876-1882).
À la suite du décès prématuré de son mentor Alexandre Grigny en 1867, Clovis Normand se positionne comme son successeur dans le diocèse d’Arras et s’impose dès 1869 en remportant le premier prix du concours de l’église de Notre-Dame des Ardents à Arras (construite sur le site de l’ancien arsenal et consacrée le 21 mai 1876).
"L’église de Notre-Dame des Ardents à Arras d’après le dessin de M. Desavary (extrait du Monde illustré)", Arras, imprimerie de la Société du Pas-de-Calais, [1876]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 4 J 484/64.
"L’église de Notre-Dame des Ardents à Arras d’après le dessin de M. Desavary (extrait du Monde illustré)", Arras, imprimerie de la Société du Pas-de-Calais, [1876]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 4 J 484/64.
La chapelle de l’Hôtel-Dieu de Montreuil (1865-1872), la chartreuse Notre-Dame-des-Prés de Neuville-sous-Montreuil (1871-1875), les églises de Campagne-lès-Hesdin (1866-1872) ou d’Hallines (1879-1883) font incontestablement partie, elles aussi, de ses œuvres majeures.
Sa contribution à la construction de quarante-cinq églises et à la rénovation de soixante-cinq autres (de Saint-Maurice de Lépinoy à Notre-Dame des Sables de Berck) en font un véritable "bâtisseur d’églises".
Mais il a aussi gratifié le patrimoine architectural du Pas-de-Calais d’une dizaine de châteaux (Airon-Saint-Vaast, Quiestède, Rebreuve-sur-Canche), d’une cinquantaine d’écoles, de mairies et de quelques maisons particulières aux façades richement décorées (à Hesdin, Berck ou encore Wimereux).
L’élégance des formes, l’harmonie des volumes aussi bien que le soin apporté aux décors distinguent incontestablement ses réalisations de celles de ses confrères. Avec une prédominance certaine pour le néo-gothique même s’il s’est parfois tourné vers le néo-roman, Clovis Normand a souvent eu recours au modèle médiéval dans un souci de rationalité et l’usage qu’il a fait de la brique ou de la pierre dépend fréquemment des crédits qui lui ont été alloués pour l’exécution des chantiers.
Hesdinois de naissance et de cœur
Malgré de nombreux et fréquents déplacements professionnels, Clovis Normand demeure toute sa vie à Hesdin. Très investi dans sa commune, il participe à son développement en qualité de conseiller municipal (poste qu’il occupe du 31 août 1870 à sa mort) et même comme lieutenant des sapeurs-pompiers.
Clovis Normand, Hôtel de ville d’Hesdin. Façade principale, calque, 2 juillet 1890. Archives départementales du Pas-de-Calais, 24 J 105.
Clovis Normand, Hôtel de ville d’Hesdin. Façade principale, calque, 2 juillet 1890. Archives départementales du Pas-de-Calais, 24 J 105.
Adjoint aux travaux de la ville, il assure la reconstruction du beffroi (inauguré en 1878 et classé depuis le 15 juillet 2005 au patrimoine mondial de l’Unesco) ainsi que de la chapelle de l’hospice Saint-Jean (1880) ; il fait restaurer l’église en 1887, puis l’hôtel de ville et sa bretèche en 1894 ; dans ce dernier, il aménage enfin un remarquable théâtre à l’italienne, rénové en 1995 et baptisé de son nom le 12 septembre 2009, en présence d’une grande partie de sa descendance (venue de toute la France mais aussi du Canada) : les caissons du plafond ont été peints par l’arrageois Cappelle en 1902 et les sculptures en staff réalisées par le lillois Gaudré.
Clovis Normand a épousé le 12 janvier 1852 Joséphine Cocu, fille d’un pâtissier d’Hesdin. Six enfants naissent de 1852 à 1866, dont trois meurent en bas âge. Joseph et Pierre seront architectes, Ludovic travaillera au Canada comme négociant. Veuf le 29 avril 1907, Clovis Normand meurt le 22 juin 1909 à l’âge de 78 ans.
Fonds Clovis Normand
Les archives de Clovis Normand sont conservées aux Archives départementales du Pas-de-Calais. Reçu par voie de don en 1971 et 1974, ce fonds (24 J 1-129 : répertoire numérique très détaillé, réalisé en 1980 par Ghislaine Bellart et Marylène Lasserre) rassemble des carnets de croquis et de dessins, des dossiers de travaux et des documents originaux recueillis dans le cadre de recherches historiques ; ils ne sont actuellement pas tous consultables (accès sur autorisation, en fonction de l’état matériel des documents).
La documentation figurée que Clovis Normand a rassemblée est une source inestimable pour l’histoire de l’art. Ce fonds révèle aussi ses vastes connaissances en préhistoire, histoire et archéologie, son goût pour les œuvres d’art et les antiquités. Rappelons qu’il a également participé aux publications de la Commission départementale des Monuments historiques du Pas-de-Calais.
Bibliographie
M.-F. ACQUART et J.-C. DEBRIL, "Clovis Normand, son œuvre dans l’Hesdinois et le Ternois", Ternesia. Cercle historique du Ternois, n° 15, 2002, p. 116-128
"Centenaire de la mort de Clovis Normand", Bulletin du Cercle historique de l’Hesdinois, 2009
J. PETIT et J. THIÉBAUT, "Quatre réalisations de l’architecte hesdinois Clovis Normand : les églises de Campagnes-lès-Hesdin, de Busnes, d’Hallines et de Vieil-Hesdin", Mémoires de la Commission départementale d’histoire et d’archéologie du Pas-de-Calais, t. XXV, 1987, p. 303-309
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