Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre
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Calais, première ville française bombardée par un zeppelin
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La France du Nord, jeudi 25 février 1915. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG16/91.
La France du Nord, jeudi 25 février 1915. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG16/91.
Premiers aérostats
Le procédé du ballon dirigeable a été inventé en France en 1852 avec les premières tentatives de motorisation d’un aérostat. En 1900, c'est en Allemagne qu’a lieu le premier vol du dirigeable rigide Zeppelin, le LZ-1, sur le lac de Constance.
L’essor du dirigeable rigide a commencé dès la Première Guerre mondiale avec les firmes allemandes Zeppelin, Lind Er Schtrümpf et Schütte-Lanz, qui ont construit au total 118 aérostats. Ces dirigeables pouvant atteindre jusqu’à 200 mètres de longueur ont effectué sur les quatre années 1 189 vols de reconnaissance et 231 attaques à la bombe, avec pour cible privilégiée Londres. Grâce à ces monstres du ciel, l’Allemagne peut effectuer des missions de reconnaissance et procéder aisément à la destruction des forces aériennes alliées, tant sur terre que sur mer. Aucun autre pays du monde ne dispose d’une flotte de dirigeables égale à la sienne.
Calais, cible privilégiée
Au cours de la Grande Guerre, Calais comme d’autres villes de la Côte d’Opale fait partie de la zone tampon stratégique située entre la France et l’Angleterre. De là, on peut acheminer les troupes et le ravitaillement au front. La ville voit également affluer dans ses nombreux hôpitaux militaires des milliers de blessés.
En quatre ans, Calais est en conséquence victime 68 fois des bombardements allemands, 6 fois par zeppelins, une fois par mer, le reste par avions : 278 personnes sont tués, dont 108 civils. Les habitants, proches d’objectifs militaires, sont d’ailleurs les premières victimes.
Elle est ainsi la première ville française à subir une attaque de dirigeables durant la Première Guerre mondiale. Le 22 février 1915, un zeppelin de type ZX effectue un vol de nuit sur la ville. À 4 h 20, les Calaisiens sont réveillés par une dizaine d’explosions : la gare des Fontinettes et les voies ferrées sont visées, mais seuls quelques légers dégâts sont à déplorer. En revanche, le bombardement cause la mort de cinq riverains, rue de Dognin. Un enfant âgé d’à peine quelques mois est sauvé des décombres.
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Calais. Rue Dognin, n° 9, maison Gressier, bombardement du 22 février 1915. Archives départementales du Pas-de-Calais, 43 Fi 232.
Calais. Rue Dognin, n° 9, maison Gressier, bombardement du 22 février 1915. Archives départementales du Pas-de-Calais, 43 Fi 232.
Dès lors, un couvre-feu est instauré. Un mois plus tard, le 18 mars, un autre raid du zeppelin ZX II a lieu, atteignant le Fort-Nieulay, les voies de chemin de fer, le boulevard Gambetta ainsi que l'église Notre-Dame dont les vitraux sont pulvérisés. Un troisième raid suit dans la nuit du 16 au 17 mai 1915, lorsqu’un autre zeppelin bombarde le Fort Nieulay, faisant cette fois-ci quatre victimes. D’autres raids suivront le 28 juillet 1915, le 22 septembre 1916 et le dernier le 17 février 1917.
Les zeppelins, utilisés pour des bombardements stratégiques ont causé la mort de centaines de civils en France. A partir de 1917, ils sont de moins en moins utilisés au profit de l’aviation, alors en pleine ascension.
Le Zeppelin sur Calais : Une famille assassinée (Détails complémentaires)
Comme nous l’avons annoncé hier, les exploits du Zeppelin, lanceur de bombes sur Calais, se sont bornés, sans aucune utilité militaire, à l’assassinat de cinq personnes : M. Édouard Blondel, âgé de 85 ans ; de sa fille, Mlle Céline Blondel, âgée de 44 ans, qui couchaient dans les chambres du premier étage de la maison de la rue Dognin ; M. Émile Gressier et Mme Gressier, sa femme, âgés tous deux de 35 ans, et de leur fillette, Marie-Louise, âgée de 4 ans, qui habitaient le rez-de-chaussée.
Le bébé miraculeusement sauvé des décombres, le dernier des enfants des époux Gressier, était âgé, non de 6 mois, mais de 14 mois.
Il résulte de l’examen médical subi le jour même par l’enfant, à la clinique de M. le docteur Neumann, capitaine-médecin de bataillon, de première classe, que seules des ecchymoses au visage révélaient la terrible situation dans laquelle il s’était trouvé.
Spontanément et avec une générosité qui leur fait le plus grand honneur, le personnel de l’ambulance et les blessés soignés par M. le docteur Neuman réunirent une somme de 120 francs qui fut remise dans les bureaux du Petit Calaisien pour aider les personnes qui se chargeront d’élever le petit orphelin. Cette initiative, on peut l’espérer, n’en restera pas là. À preuves, d’ailleurs, la touchante démarche d’un honorable officier anglais qui, étant allé visiter l’unique survivant de ce drame de la férocité teutonne, lui a remis en l’embrassant un billet de vingt francs.
C’est, en effet, dans de semblables circonstances, que se manifestent les trésors de solidarité sociale qui consolent de la façon dont certains êtres entendent la guerre.
La France du Nord,jeudi 25 février 1915. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG16/91.
Funérailles des victimes du Zeppelin
L’abondance des matières ne nous a pas permis hier de compléter ce compte rendu en publiant les quelques paroles prononcées par M. le général Ditte, gouverneur de Calais, après que M. Petit se fut fait, en sa qualité de président, l’interprète de la société l’Union des travailleurs.
M. le général Ditte s’est exprimé en ces termes :
Messieurs,
Je ne veux ajouter qu’un mot aux paroles que viennent de prononcer M. le Maire de Calais et M. Petit, président de l’Union des travailleurs.
C’est pour dire combien de tout cœur je m’associe avec l’armée à la profonde douleur des familles frappées dans leurs plus chères affections par la brutalité allemande.
La présence, ici, de nombreux soldats belges, anglais et français, témoigne de la solidarité qui nous unit dans une commune pensée. Ce sont tous des braves disposés à offrir leur vie dans la lutte contre la barbarie teutonne. En leur nom, j’apporte aux victimes et à leurs familles, l’hommage de notre bien vive et sincère sympathie.
La France du Nord, samedi 27 février 1915. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG16/91.