Au lendemain de la défaite de 1870, de profondes réformes de l’institution militaire imposent aux soldats la nécessité d’un entraînement physique régulier. Dans un contexte de "revanche", particulièrement sensible dans les régions occupées et affectées par la guerre franco-prussienne, l’art ou la science des exercices du corps
(Diderot et d’Alembert, 1757) que sont les gymnastiques participent à ce processus de revitalisation des corps et des esprits.
Inspirées pour partie de modèles étrangers, conceptions et méthodes gymnastiques pénètrent l’espace social : dans les régiments, elles viennent compléter la pratique de l’escrime, de l’équitation, de la boxe ou de la savate, par des batteries d’exercices individuels et collectifs appropriés.
Cette fortification patriotique des corps
est également visible à l’école, où la gymnastique est obligatoire depuis 1869. L’expérience avortée des "bataillons scolaires" confirme ce souci des gouvernements républicains successifs d’associer le militaire, le gymnaste et l’instituteur
dans cette croisade morale, hygiénique et patriotique.
Les démonstrations collectives des sociétés de gymnastique et des sociétés de tir lors des fêtes nationales ou de cérémonies commémoratives contribuent, par leur symbolique et leurs mises en scène, à la promotion d’un nationalisme défensif au service de l’idéal républicain.