À l’instar de nombreuses autres disciplines olympiques, l’escrime puise ses sources dans l’histoire. Durant plusieurs siècles, l’épée fut l’apanage des chevaliers, puis de l’aristocratie. L’histoire de l’escrime se caractérise par le glissement progressif de l’activité guerrière vers une forme d'art martial, puis vers la pratique sportive actuelle.
Du combat au duel
Utilisée depuis l’Antiquité, l’épée occupe tous les champs de bataille durant des siècles, de même qu’elle s’illustre lors des joutes et des tournois de chevaliers.
L’apparition de la rapière au XVe siècle marque le premier pas vers une escrime de loisir et transforme le duel, jusqu’alors épreuve de force, en discipline requérant finesse et technique.
À cette époque, en Italie, se développe la mode des duels qui gagne rapidement la France (en 1566 dans Apologie pour Hérodote, Henri Estienne rapporte que la France a pris le style de l’Italie en matière de tueries
). L’apogée des duels se situe sous les règnes d’Henri IV et de Louis XIII et ce, malgré de nombreux édits visant à endiguer cette coutume qui décime les rangs de la noblesse (Louis XIV promulgue onze édits les interdisant entre 1643 et 1711 !).
Plusieurs projets de loi de proscription sont soumis au vote au fil des époques, mais n’emportent jamais la majorité. L’un des derniers duels à l’épée a opposé les députés René Ribière et Gaston Defferre, le 21 avril 1967.
Naissance d’un sport
La codification de cette discipline commence à être établie dès le XVe siècle : en 1474, Ponce de Perpignan et Pedros de Torre éditent un ouvrage de technique et de tactique. C’est au cours du XVIIIe siècle que l’escrime française se réglemente, mais il faudra attendre un siècle de plus pour qu’elle s’impose réellement comme un sport, grâce notamment au perfectionnement des armes. Au XIXe siècle, les salles d’entraînement se multiplient, tout comme le nombre de pratiquants.
Vers 1890, on décider de "juger" les assauts et de compter les coups. C’est donc tout naturellement que l’escrime (fleuret et sabre) s’inscrit comme discipline olympique lors des premiers Jeux olympiques d’Athènes en 1896.
Pour la France, il s’agit du sport de tous les records : c’est avec l’escrime que notre pays compte le plus de médailles olympiques (286 podiums et 116 médailles). Aujourd’hui, nous demeurons premiers au classement mondial.
L’escrime dans le Pas-de-Calais
Le Pas-de-Calais a enfanté et formé de grands fleurettistes au sein de clubs historiques, à commencer par Lucien Gaudin (1886-1934), dont la biographie est retracée dans l’encart ci-dessous.
Autre grand escrimeur – et non des moindres – Jacques Dimont (médaillé d’or aux Jeux olympiques de Mexico de 1968) fait partie de ces grands issus du cercle d’escrime d’Hénin-Beaumont, au même titre que Franck Boidin (médaille de bronze aux Jeux de 1996) et Laurence Modaine (qui remporte une médaille de bronze à l’âge de 19 ans en 1984).
Autre champion, Éric Srecki, né à Béthune en 1964, est l’un des meilleurs épéistes des années quatre-vingt-dix et aussi l’un des plus titrés. En 1988, pour sa première expérience olympique, il remporte l’or par équipe et, quatorze plus tard, la médaille d’or en individuel. En 1995, il est sacré champion du monde et remporte à quatre reprises la coupe du monde d’épée – et il est aujourd’hui directeur technique national d’escrime.
Lucien Gaudin. Médaillé d’or à Paris en 1924 (à l’épée et au fleuret en équipe). Médaillé d’or à Amsterdam en 1928 (à l’épée et au fleuret en individuel).
Né à Arras le 27 septembre 1886, Lucien Gaudin est le fils d’un militaire de carrière qui l’initie à l’escrime dès l’âge de 12 ans. Rapidement, le jeune Gaudin montre des dispositions hors norme ; fluide, rapide, il est l’élève de Lucien Mérignac (1873-1941), médaillé d’or de fleuret aux Jeux de Paris en 1900, descendant d’une famille de maîtres d’armes parisiens et dont la tante, Ernestine-Léonie Robert, dite Ernesta Robert-Mérignac, sculpteur née à Saint-Omer en 1849, réalise au début du XXe siècle plusieurs médailles relatives à l’escrime pour la Monnaie de Paris puis participera aux Jeux de Paris de 1924 avec d’autres œuvres en marbre ou en bronze sur ce thème.
Lucien Gaudin collectionne bientôt les titres nationaux au fleuret, avec sept victoires aux championnats de France entre 1904 et 1913. En 1905, à 18 ans, il devient champion du monde, mais ne participe aux Jeux olympiques qu’en 1924 (il est mobilisé durant la Grande Guerre et se blesse la veille des Jeux de 1920). Favori des épreuves, il remporte l’or à l’épée et au fleuret par équipe, mais est contraint de renoncer à concourir en individuel, sa main gauche étant paralysée par une névrite.
Qu’importe, il revient plus motivé que jamais quatre ans plus tard à Amsterdam, alors que personne ne mise sur lui (il est alors âgé de 42 ans) et réalise l’impensable, en décrochant l’or en individuel lors des épreuves de fleuret et d’épée.
Ce sera son dernier titre, puisqu’il se suicide six ans plus tard le 23 septembre 1934, à l’aube de ses 48 ans, ruiné par le krach boursier de 1929 (il est banquier dans le civil). Sa fin tragique et prématurée ne fera que renforcer la légende de ce prodige de l’épée.
legland annie
après l'aviron, voici l'escrime, quelle bonne idée de publier ces articles au rythme des JO de Londres.
fidèle lectrice, je me réjouis de découvrir le prochain article
félicitations aux rédacteurs !
Le 03 août 2012 à 15h13