L’effort britannique
L’artiste Mayeur a symbolisé l’effort britannique dans la dernière de ses trois cartes dessinées spécialement en vue de commémorer, par l’image, la "Journée du Pas-de-Calais" fixée aux 13 et 15 août.
La proue puissante du navire chargé d’hommes et de munitions, émerge élégamment de l’onde, encore agitée du remous des hélices qui viennent de la battre furieusement. Les cheminées énormes crachent les dernières fumées qu’exhalent les chaudières géantes qui ont permis au paquebot de la splendide "Great Fleet" de remplir sa mission : apporter son tribut de combattants et de matériel aux armées qui luttent si héroïquement, depuis deux ans pour le Droit et la Liberté.
Les Tommies, à peine débarqués, sont prêts à l’action. Ils vont rejoindre leurs camarades et, avec eux, seconder l’admirable légion française dont le rempart de poitrines a déjà subi tant de terribles assauts et a sauvé de l’oppression le monde civilisé.
Les munitions, les canons, les engins fabriqués dans les usines de la Grande-Bretagne, regorgeant des innombrables travailleurs mobilisés à l’arrière, suivront. Leur multitude sans cesse renouvelée complètera l’œuvre des guerriers triomphants.
Et, enfin, sera atteint le but : terrasser le redoutable adversaire.
Le souple léopard britannique, qui a bondi de l’île d’où il semblait ne devoir jamais sortir, a saisi, dans ses griffes acérées, le monstrueux et déloyal aigle noir des Hobenzollern, que le superbe coq gaulois a déjà si courageusement mis à mal.
C’est l’évocation du glorieux avenir qui se dessine dans un ciel lumineux, frissonnant des espoirs prochains qu’apporte l’aube de la troisième année de guerre.
Le Maître Mayeur a ainsi splendidement traduit la confiance inébranlable des Alliés en la Victoire salvatrice qui libèrera le monde de la servitude que lui réservait une "Grande Allemagne", hier orgueilleuse, mais qui demain sera brisée.
T. d’Hénin.
La France du Nord, jeudi 10 août 1916. Archives départementales du Pas-de-Calais, PG 16/95.