Arthur Mayeur est né dans le Pas-de-Calais, à Bouvigny-Boyeffles, le 6 mai 1871. Titulaire d’un grand prix de Rome, il se fixe à Paris où il collabore aux grandes revues artistiques, reçoit des commandes de l’État, produit pour la chalcographie du Louvre, sans délaisser pour autant le patrimoine monumental de sa terre natale, donnant par exemple, en 1906, un recueil de planches sur les Beffrois du nord de la France.
Son esthétique, ses relations, son goût pour les monuments de nos provinces le disposent à mettre lui aussi son talent au service de l’effort de guerre. En 1915, il reçoit une mission officielle du ministère de la Guerre. Son ami Émile Poiteau nous le décrit ainsi :
Avec ses cartons sous le bras, un gros foulard au cou, dédaignant les obus, dont il s’approcha parfois un peu trop, mais qui, fort heureusement, l’épargnèrent, Mayeur parcourut nos villes et nos villages en ruines. On le vit à Arras, Albert, Liévin, Foncquevillers, Hébuterne, Lorette, et dans tous les coins du front où s’émiettait chaque jour notre patrimoine artistique. Innombrables sont les croquis et les dessins rapportés de ces pèlerinages aux champs de la mort ! Et dans toutes ces planches originales où la souffrance même de nos ruines est, pour ainsi dire, saisie dans ses spasmes agoniques, où l’on sent les poutres craquer, les pierres se disloquer, les fers se tordre et maintenir suspendue dans sa crispation la robe effilochée des maisons en ruines, Mayeur a mis tout son art de dessinateur, mais aussi tout son cœur de poète et de patriote !
De ces croquis naissent les recueils Le front d’Artois ou Arras après la tourmente, visions romantiques des destructions qui défigurent l’Artois. Artiste représentatif de nos provinces, c’est également lui qui est choisi pour illustrer les cartes postales vendues lors des Journées du Pas-de-Calais de 1916 et 1918.