Tous citoyens

Affiche couleur montrant au premier plan trois soldats dos tournés, regardant en direction d'un bâtiment éclairé au lointain, au sommet duquel flotte un drapeau français nimbé de lumière.

Hansi, "Souscrivez au 4ième emprunt et le drapeau tricolore, à Strasbourg, annoncera au monde le règne de la Paix, de la Liberté, de la Justice". Affiche, Paris, imprimerie Lapina, 1918. Archives départementales du Pas-de-Calais, 17 FIB 894.

Emblème national de la Ve République, le drapeau tricolore est né de la réunion, sous la Révolution française, des couleurs du roi (blanc) et de la ville de Paris (bleu et rouge).
Aujourd'hui, il flotte sur tous les bâtiments publics. Il est déployé dans la plupart des cérémonies officielles, qu'elles soient civiles ou militaires.

Pour Lamartine, ...le drapeau tricolore a fait le tour du monde, avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie. [...] La France et le drapeau tricolore, c'est une même pensée, un même prestige, une même terreur au besoin pour nos ennemis .

Le 26 février 1848, un décret confirme le drapeau tricolore comme emblème national.

Deux couvertures monochromes de la Marseillaise représentant des révolutionnaires armes au poing, encadrant une première page de paroles illustrée de même.

Trois éditions de la partition et de paroles de la Marseillaise, s.d. Archives départementales du Pas-de-Calais, 106 J non coté.

Le Chant de guerre pour l'armée du Rhin est composé par Rouget de Lisle en 1792, peu après la déclaration de guerre de la France révolutionnaire au roi de Bohême et de Hongrie. L'hymne est repris à l'entrée des fédérés marseillais dans Paris en juillet 1792 et prend le nom de Marseillaise. Son succès est tel qu'il est déclaré chant national le 14 juillet 1795.

Interdite sous l'Empire et la Restauration, la Marseillaise est remise à l'honneur lors de la Révolution de 1830. La Troisième République (1879) en fait un hymne national et, en 1887, une "version officielle" est adoptée par le ministère de la Guerre après avis d'une commission.

En septembre 1944, une circulaire du ministère de l'Éducation nationale préconise de faire chanter la Marseillaise dans les écoles pour célébrer notre libération et nos martyrs . Le caractère d'hymne national est à nouveau affirmé dans les constitutions de 1946 et de 1958 (article 2).

Invitation imprimée et complétée manuscritement sur laquelle on lit : "Invitation personnelle. Le maire, les adjoints et le Conseil municipal d'Arras prient Monsieur Alapetite, préfet du Pas-de-Calais, et Madame Alapetite de vouloir bien assister dans la tribune officielle à la revue des troupes de la garnison, qui sera passée sur la Grand'Place, le 14 juillet 1899, à 9 heures du matin. Tribune du milieu. Places réservées".

Invitation personnelle aux festivités se déroulant à l'occasion de la fête nationale du 14 juillet 1899 organisée à Arras, adressée au préfet Alapetite. Archives départementales du Pas-de-Calais, M 1673.

La fête du 14 juillet fait référence à la prise de la Bastille du 14 juillet 1789 et plus encore à la fête de la Fédération organisée au Champ de Mars le 14 juillet 1790. Celle-ci réunit 60 000 députés pour célébrer l'unité de la Nation.

L'enracinement de la République s'affirme par un ensemble de symboles, la mise en place de rituels et de pratiques collectives. Ainsi, en 1880, les députés républicains sont-ils confrontés à la nécessité d'offrir à la Nation une fête collective dont il faut fixer la date, organiser le contenu. Les événements révolutionnaires se transforment en mythes fondateurs. C'est la date du 14 juillet qui est retenue pour la fête nationale.

Texte imprimé sur lequel on lit : "14 juillet ! Les fenêtres se bariolent de bleu, de blanc, de rouge, de jaune. La Marseillaise se beugle par les rues. 14 juillet ! Les marchands de vins sont en joie : pas de pain à la maison, les derniers sous se jettent sur le zinc. 14 juillet ! Les chauvins et les badauds « gais et contents » vont acclamer les petits soldats ; le tableau truqué de la grande armée nationale. 14 juillet ! L’épicier du coin, le notaire véreux, l’exploiteur adroit, l’assassin légal, vont recevoir la juste récompense de leur dévouement à la république. 14 juillet ! De longs et filandreux discours promettront beaucoup : promesses fallacieuses qui s’en iront loin au vent avec la dernière pétarade du dernier feu d’artifice. 14 juillet ! « Le peuple, il en a d’la réjouissance ». Quel anniversaire fêtes-tu donc ? Quel souvenir glorieux te fait-il recouvrir de ce décor mensonger, ta vie habituelle de labeur et de misère ? 14 juillet ! La Bastille est rasée ; une ère de Liberté est ouverte. Ah ! tu veux rire, bon Populo, la Bastille est rasée : que sont donc autour de nous, ces bâtisses mornes, aux murs élevés, aux fenêtres grillées ? Sont-ce des séjours paradisiaques ? La vieille Bastille est rasée… soit. La Santé et Saint-Lazare, les Centrales et les Bagnes, Nouméa et la Guyane, Biribi et Aniane… la Bastille est ressuscitée. Les Casernes et les Usines, l’Atelier et le Gros Numéro, le Couvent et le Collège… la Bastille est ressuscitée. Ah ! tu veux rire, bon Populo, une ère de liberté est ouverte. Dis-moi donc quel jour, quelle heure tu es libre… libre, entends-tu ? Du berceau à la bière, tu passes par l’école, l’atelier, la caserne et encore l’atelier ; tu te maries, tu te syndiques, tu meurs selon des formules, éternel jouet de l’Autorité sous toutes ses formes : Père, prêtre, patron, gouvernant, galonnard. Est-ce cela, ta Liberté ? La Bastille n’est pas rasée. La Liberté est encore à venir. Ta fête est un leurre, ton 14 juillet est une mascarade. Crois-moi, bon Populo, la Bastille à renverser ne tombe pas sous les coups tangibles de ta force brutale. Tu pourras détruire successivement des centaines de bastilles, accrocher à la lanterne des milliers d’aristocrates, raccourcir des douzaines de Capets, la Bastille sera debout, l’ère de liberté sera à venir. L’ennemi le plus âpre à combattre est en toi, il est ancré en ton cerveau. Il est Un, mais il a divers masques : il est le préjugé Dieu, le préjugé Patrie, le préjugé Famille ; le préjugé Propriété. Il s’appelle l’Autorité, la sainte bastille Autorité, devant laquelle se plient tous les corps et tous les cerveaux. Peuple, tant que le monstre existe, il ne saurait y avoir de trêve, il ne saurait y avoir ni repos ni fête. Chaque jour de perdu est un jour de recul. En lutte, peuple, pour plus de bonheur, pour plus de beauté. Mais, saches-le bien, la lutte n’est pas contre elle ou telle bastille, contre tel ou tel maître, elle est encore la BASTILLE, sous toutes ses formes, contre le MAITRE, sous toutes ses faces. Pour tuer la Poulpe, il faut frapper à la tête, car les membres renaissent. Pour détruire la Bastille, il faut démolir l’autorité, base fondamentale, car les murs se rebâtissent. Et le jour où le monstre sera abattu, si tu en as le désir encore, tu pourras fêter le 14 juillet, la Bastille sera rasée, la Terre enfin libérée verra des Hommes libres. Or donc, sus à l’autorité".

Tract anarchiste intitulé "La Bastille de l'Autorité", juillet 1906. Archives départementales du Pas-de-Calais, M 1673.

Texte imprimé reprenant la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, formulés par Maximilien de Robespierre en 1793.

Déclaration des droits de l'homme et du citoyen formulés en 1793 par Robespierre, publiée par la Société des droits de l'homme, placard, [1848]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 4 J 1749.

La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789, rédigée au début de la Révolution, pose les bases juridiques de la nouvelle société française. Empreints des idées des philosophes des "Lumières", ses rédacteurs affirment les droits et libertés dont doit disposer tout être humain dès sa naissance, consacrant ainsi solennellement la disparition des inégalités de l'Ancien Régime.

Ce texte, universellement connu, est un pilier de notre système juridique, politique et social. À l'été 1793, la Convention décrète la Constitution qui dote la France de son premier régime républicain et la fait précéder d'une nouvelle Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, proclamée le 10 août.
L'article premier de la Déclaration de 1793 ne reprend pas la formule fameuse de 1789 : Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits . Il édicte que le but de la société est le bonheur commun et met en avant le rôle du gouvernement.

Carte d'électeur de Paul Mayeur pour les élections municipales du 1er mai 1892. Archives départementales du Pas-de-Calais, 87 J 7.

Le droit de vote est le principal droit civique lié aux libertés d'opinion et de pensée. En 1791, la nouvelle monarchie constitutionnelle affirme que la souveraineté appartient à la Nation, mais le droit de vote est restreint. Le suffrage est dit censitaire. Seuls les hommes de plus de 25 ans, payant un impôt direct (un cens) égal à la valeur de trois journées de travail, ont le droit de voter.

C'est en 1848 que le suffrage devient universel - même s'il est réservé aux seuls hommes - et n'est plus lié à la fortune. Il faut attendre 1944 pour que les femmes, après plus d'un siècle de combat des "suffragettes" pour obtenir cette égalité, accèdent au droit de vote.

Pour aller plus loin, voir l'article L'intérêt généalogique et historique des listes électorales

Document imprimé sous forme d'images et de légendes. Sous le titre "s'abstenir c'est préparer sa propre ruine !" et le sous-titre "Petite histoire courante et vécue", le texte suivant : "Un certain jour d'élection, M. Durand, français moyen, honnête et sensé, que des politiciens tarés avaient déçu, ne se dérangea pas pour aller voter. Il avait une excuse : il pleuvait. Le lendemain, M. Durand rencontra des amis et apprit que le scrutin avait donné lieu à un ballotage. Le candidat modéré arrivait en têt et aurait dû être élu si tous ses amis avaient voté. M. Durand se promit bien de voter au second tour, puisque seuls les abstentionnistes avaient empêché le candidat républicain-national de passer dès le premier tour. Malheureusement, le jour du second tour, il fit un temps splendide et M. Durand alla chasser. Inutile de dire que le candidat révolutionnaire fut élu".

Tract contre l'abstention diffusé par les partis de droite lors des élections législatives d'avril-mai 1936. Archives départementales du Pas-de-Calais, M 186.

Bulletin en noir et blanc comportant neuf dessins en médaillons. En haut le slogan "Femmes, défendez-vous!". Puis "Luttons contre les vrais responsables. Les salaires baissent, le chômage s'étend, la vie est trop chère..." (illustré par une femme et ses deux enfants, écrasés symboliquement par un homme portant un chapeau haut de forme, un monocle et un cigare), "et le prix des loyers trop élevé" (illustré par une femme et ses cinq enfants dans la rue, face à un immeuble sur lequel est affiché "à louer, 3 pièces 5600, 2 pièces 4500, 1 pièce 3200"), "pour le foyer heureux" (illustré par une femme et ses trois enfants souriants, réunis autour d'un repas). "Nous voulons" (illustré par une foule de manifestantes) "le droit au travail" (illustré par une secrétaire tapant sur une machine à écrire, une paysanne ramassant le blé et une ouvrière au-dessus d'une machine textile), "nos droits civiques et politiques" (illustré par une femme déposant son bulletin de vote dans une urne). "Luttons contre la guerre" (illustré par un cimetière pour "hier : 1914-1918", une femme et ses enfants hurlant sous des bombardements pour "demain : 193..."), "pour qu'ils vivent heureux, pour la paix" (illustré par une mère et ses deux enfants semblant heureux), "et la liberté" (illustré par trois hommes tirant avec une arme à feu sur trois autres hommes, derrière un car en flamme, avec la légende "Fontaine, Vuillemin, Lamy").

Bulletin d'adhésion à l'Union des femmes contre la misère et la guerre, 1936. Archives départementales du Pas-de-Calais, M 2367.

Il faut attendre 1944 pour que les femmes, après plus d'un siècle de combat des "suffragettes" pour obtenir l'égalité, accèdent au droit de vote.

Pour aller plus loin, voir les articles 25 janvier 1893 : naissance de Louise Weiss et 29 avril 1945 : aux urnes citoyennes !

Deux en-têtes de courrier où les trois mots liberté, égalité et fraternité encadrent un tampon représentant un bonnet phrygien et un lion.

Vignettes utilisées comme en-tête des papiers administratifs. Archives départementales du Pas-de-Calais, 17 FiC 251, 422.

Héritage du siècle des Lumières, la devise "Liberté, Égalité, Fraternité" est invoquée pour la première fois lors de la Révolution française.
Souvent remise en cause, elle finit par s'imposer sous la IIIe République.

Définie comme un "principe" de la République, elle est inscrite dans la Constitution de 1958 et fait aujourd'hui partie de notre patrimoine national. Les révolutionnaires croyaient en la vertu pédagogique des images et des slogans, et les ont abondamment utilisés pour propager leurs idées, à la fois pour traduire la rupture avec l'Ancien Régime et pour faire partager les nouveaux idéaux.

Symbole de la Liberté retrouvée et du civisme, le bonnet phrygien, appelé aussi bonnet de la liberté ou bonnet rouge, symbole des esclaves brisant leurs liens et devenant ainsi citoyens, est ici associé à la devise.

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