Sur toute la ligne de front, on trouve des statues de saints, de la Vierge, du Christ, dites des tranchées : demeurées intactes ou presque au milieu des bombardements et des incendies, elles deviennent l'objet d'une dévotion particulière, alliant foi et patriotisme, symboles aux yeux du plus grand nombre de survie et d'espoir en des jours meilleurs.
L'histoire du Christ des tranchées de Neuve-Chapelle répond donc en partie à un schéma classique. À l'origine, on trouve un calvaire privé, érigé en 1877 par une famille du lieu. Pendant la guerre, le calvaire est abattu, mais le Christ survit, renversé, les jambes et la main droite brisées, un éclat dans la poitrine. Il devient donc remarquable et, lorsque le calvaire est reconstruit, il est placé au pied de la nouvelle croix.
Des circonstances particulières viennent se greffer : les soldats portugais stationnés dans cette région s'en emparent et l'abritent dans leurs tranchées pour s'attirer la protection divine. En 1957, le gouvernement portugais demande qu'on lui fasse don de la statue mutilée. Il obtient gain de cause.
En 1958, à l'occasion du quarantième anniversaire de la bataille de la Lys, le Christ de Neuve-Chapelle est transféré à Lisbonne. Depuis cette date, il est vénéré dans l'église du monastère de Bathalha, le monastère des batailles, sanctuaire des Portugais morts pour leur patrie.