Fermeture du centre Georges-Besnier jusqu'à nouvel ordre
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Le maquis du bois de Bourlon
La BBC lance le 5 juin 1944 le message Les sirènes ont les cheveux longs décolorés
. C’est un appel à rassembler les Francs-Tireurs et Partisans (FTP) des mines, particulièrement dans le Pas-de-Calais, pour constituer un maquis dans les Ardennes. Ce maquis a pour vocation de bloquer la retraite allemande consécutive du débarquement allié du 6 juin 1944 en Normandie.
L'engagement des jeunes téméraires du Pas-de-Calais
Le 8 juin 1944, des jeunes FTP dont la plupart ont moins de 20 ans, recrutés depuis peu, inexpérimentés, sans aucune connaissance de l’armement et du combat, partent en petits détachements, la plupart non armés. En cours de route, d’autres jeunes s’enrôlent. Les effectifs montent rapidement. Trois compagnies FTP, comprenant 350 hommes, font mouvement du bassin minier du Pas-de-Calais vers les Ardennes. Leur destination finale : Revin où ils sont appelés à former un maquis. Ses fondateurs sont des officiers et des sous-officiers français de l’ancienne armée, tous ralliés à De Gaulle.
Compte tenu de la nécessité de ne pas éveiller l’attention des Allemands et de leurs collaborateurs français, les chemins pris par ces quelques 350 hommes furent très divers. Malheureusement, au-delà de cette élémentaire précaution, la diversité des chemins empruntés fut aussi le résultat de l’impréparation de l’opération. Les Allemands sont informés de cette vaste opération. Ils connaissent les itinéraires et les relais. Un avion de reconnaissance surveille même les points de concentration. Dès le 9 juin, la GFP (Geheime Feld Polizei, police secrète de campagne) de Lille et d’Arras, avec l’appui d’unités de la Feldgendarmerie mènent des actions répressives dispersant les groupes et procédant à de multiples arrestations. L’organisation Todt, alertée par la GFP d’Arras, est chargée de former des barrages.
Repérage et arrestations
Dès le premier jour, 30 hommes de la 5ième compagnie qui font une halte dans le cimetière de Fampoux sont arrêtés. Le plus meurtrier des accrochages a lieu 3 jours après le départ, dans le bois de Bourlon situé à 6 km à l'est de Cambrai.
Le 11 juin, les survivants de la 5ième compagnie (originaire du béthunois), une partie des effectifs de la 16ième compagnie ainsi que le groupe 21 A d’Annezin-les-Béthune rejoignent le bois de Bourlon pour une halte provisoire pour la nuit. De nombreux jeunes gens passent par le village, la plupart des habitants les aperçoivent et beaucoup savent qu’ils font étape dans le bois. Le passage de nombreux jeunes gens, étrangers à la région, alerte l’ennemi. Les habitants voient des camions de la Wehrmacht et de la Feldgendarmerie arriver par la route d’Anneux, par la rue de Sains et par la rue de la Gare ; les trois routes menant au village sont sous contrôle. Les Allemands avancent en tirailleurs le long des haies des pâtures menant au bois.
Bois_Bourlon
5e et 16e Compagnie - Groupe 21 A. Annezin, victimes de Bourlon, 11 juin 1944, déportés du groupe 21 A. Affiche, [après 1944]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 51 J 8.
5e et 16e Compagnie - Groupe 21 A. Annezin, victimes de Bourlon, 11 juin 1944, déportés du groupe 21 A. Affiche, [après 1944]. Archives départementales du Pas-de-Calais, 51 J 8.
Le plan des Allemands est bien préparé, ils doivent encercler le bois. Vers 21 h 30, pratiquement encerclé par les troupes allemandes, le capitaine Alfred Coussette d’Annezin, chef du détachement, tente d’organiser la riposte. Chaque FTP est à son poste, caché dans des trous derrière des taillis, les armes à la main. Ils ont un fusil-mitrailleur, des pistolets, des grenades, et du courage à revendre. Mais c’est trop peu pourtant, pour réaliser une attaque en règle. Faute de munitions suffisantes, la riposte des résistants cesse rapidement. C’est le sauve-qui-peut.
L’encerclement n’étant pas totalement accompli, certains maquisards peuvent fuir à travers champs par le chemin de Cambrai, d’autres traversent le bois en direction de Fontaine-Notre-Dame, d’autres enfin se réfugient dans le village où ils sont cachés par des habitants. Mieux armés et aguerris, les Allemands donnent alors l’assaut aux lisières du bois. La fouille des bois et du village se poursuit jusque fort tard dans la nuit.
Le piège de Bourlon
Dix résistants âgés de 19 à 37 ans sont tués lors du combat dans le bois. Vingt-deux sont fait prisonniers et conduits à Arras dans des camions de l’organisation Todt (vingt seront condamnés à mort après un simulacre de procès le 16 juin par le tribunal militaire d’Arras et fusillés le 18 juin dans les fossés de la citadelle d’Arras ; deux furent déportés). Du côté Allemand, les pertes se montent à un officier et vingt-deux soldats tués.
Conformément aux ordres des autorités supérieures allemandes concernant les "terroristes", le commandement imposa au maire l’inhumation immédiate des victimes sans aucune cérémonie. Des jeunes du village de Bourlon sont réquisitionnés par l’Allemagne pour transporter les corps. Les corps sont d’abord emmenés à la mairie, sur huit d’entre eux, on trouva des papiers qui y furent déposés et pour les deux autres, une description précise des vêtements qu’ils portaient.
Le curé, l’abbé Fouquet veut célébrer une messe. Il obtient simplement l’autorisation de bénir les corps, puis les accompagna jusqu’au cimetière malgré l’interdiction des Allemands. Selon leurs ordres, Il n’y eut pas d’office religieux et les dix résistants sont enterrés dans le cimetière communal dans la plus grande discrétion. Ce n’est qu’en décembre que les corps pourront être exhumés, reconnus et les actes de décès établis. Deux restèrent non identifiés. Actuellement, dans le cimetière de Bourlon, ne subsiste que la tombe de ces deux inconnus. Les familles des huit autres maquisards ayant récupéré les corps des leurs après la fin de la guerre.
La commune de Bourlon a tenu à ce qu’un monument perpétue le souvenir de ces jeunes. En décembre 1945 est créé un comité pour l’érection d’un monument à la mémoire des Patriotes tués à Bourlon le 11 juin 1944
. Le comité ouvre une souscription avec l’accord de la préfecture du Pas-de-Calais. Le terrain sur lequel doit être érigé le monument est donné par le comte de Francqueville, à l’orée du bois. Il est inauguré en juin 1949. Le 3 juin 1984, une plaque indiquant le nom des maquisards tués en ces lieux est installée sur le monument. Le 6 juin 2010, lors de la cérémonie annuelle, une plaque explicative destinée aux visiteurs est ajoutée.