La bataille de Festubert fait partie intégrante des opérations menées dans le cadre de la deuxième bataille d’Artois. Alors que les Français concentrent leurs actions sur les hauteurs de Lorette et de Vimy, les Britanniques mènent une série d’attaques secondaires dans le secteur Festubert-Neuve-Chapelle-La Bassée, dans le but d’affaiblir par le nord les forces ennemies.
Le désastre de la crête d’Aubers
Selon le plan établi par les généraux français et anglais lors de la préparation de la grande offensive d’Artois, les troupes britanniques ont pour objectif de s’emparer de la crête d’Aubers, point d’observation privilégié des lignes alliées.
Contrairement aux Français qui entreprennent un long et méthodique pilonnage en préambule à leur assaut, les Anglais optent pour un bref bombardement des lignes adverses, afin de conserver l’effet de surprise. Le 9 mai 1915, les Alliés lancent leurs offensives respectives. Mais sur la crête d’Aubers, les troupes britanniques se font décimer.
Haig ordonne l’arrêt de l’attaque dès le lendemain. En effet, à l’issue d’une journée de combat, plus de 11 000 hommes ont été tués ou portés disparus, l’un des taux de pertes les plus élevés de cette guerre.
Après l’échec d’Aubers, Festubert
Festubert intervient au lendemain de cet échec. Cette nouvelle offensive, confiée à la 1st Army de French, a pour objectif la prise de La Bassée.
La 5e division d’infanterie britannique est plus spécifiquement déployée lors de cette opération, sous les ordres du général Haig : les 2nd, 7th et 47th divisions sont épaulées par la 1re division canadienne et par la Meerut division (de l’Indian Corps).
Fort des leçons tirées du désastre d’Aubers, Haig démarre l’action par 36 heures d’un bombardement continu, du 13 mai au matin au 14 au soir, sur une zone concentrée entre Festubert et Port-Arthur (entre Richebourg et Neuve-Chapelle). 433 canons lancent plus de 100 000 obus sur ce front d’à peine 5 kilomètres.
Déroulement des opérations
L’offensive en elle-même se déroule en plusieurs phases :
- le 15 mai, l’attaque des brigades de la 2nd division et de la Meerut division oblige l’ennemi à se replier sur ses secondes lignes
- à l’aube du 16 mai, est lancé l’assaut de la 7th division, accompagnée les jours suivants par la 47th et la division canadienne ;
- le 18 mai, une nouvelle offensive canadienne se solde par un échec face aux renforts allemands mis en place ;
- du 20 au 24 mai, une dernière série d’attaques conduit à la prise des ruines de Festubert par les troupes britanniques.
Bilan
Le 25 mai, French décide de mettre fin aux opérations et d’entreprendre de nouvelles manœuvres pour appuyer l’offensive française sur la crête de Vimy.
Il est vrai que les résultats ne sont pas au rendez-vous. Le front n’est toujours pas percé et le gain de terrain est minime, alors que le tribut humain est quant à lui très lourd : 710 officiers sont morts, blessés ou portés disparus et 15 938 hommes de troupes connaissent le même destin. Il s’agit, après Aubers, d’une des batailles les plus meurtrières pour les troupes du Commonwealth.
Troisième échec consécutif pour l’Empire (après Neuve-Chapelle et Aubers), cet insuccès va contribuer à alimenter la crise politique que va bientôt traverser le Royaume-Uni. En effet, lors d’une interview accordée au Times, French attribue ces défaites à la crise de munitions (que connaît les deux camps). L’emballement médiatique qui s’ensuit entraîne la chute du gouvernement Asquith, remplacé par un cabinet de coalition nommant David Lloyd George ministre des Munitions.