La loi du 16 juillet 1912 sur l’exercice des professions ambulantes et la réglementation de la circulation des nomades
institue un carnet anthropométrique d’identité. Il est une réponse à une forte demande des populations rurales qui ressentent de la méfiance et de la peur à l’égard des "Romanichels".
Le carnet anthropométrique a comme principal objectif d’identifier les nomades en fixant sur le papier leur véritable état civil ou, au besoin, en en créant un. La loi oblige tout nomade, quelle que soit sa nationalité, à faire viser son carnet individuel établi dès l’âge de 13 ans révolus, à l’arrivée et au départ de chaque commune, comme elle le contraint en vertu du décret du 16 février 1913 à se soumettre aux différentes mensurations et identifications photographiques consignées sur ces carnets : la hauteur de la taille, celle du buste, l’envergure, la longueur et la largeur de la tête, le diamètre bizygomatique [largeur du visage], la longueur de l’oreille droite, la longueur des doigts médius et auriculaires gauches, celles de la coudée gauche, celle du pied gauche, la couleur des yeux, les empreintes digitales et les deux photographies du porteur du carnet
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Ce régime conçu comme un instrument d'ostracisme à caractère racialiste ne ne sera être abrogé qu’en 1969 : le "livret ou carnet de circulation", toujours en vigueur, visé chaque mois puis trimestriellement par un commissaire de police ou un commandant de gendarmerie, se substitue alors au carnet anthropométrique.