Création des hôpitaux temporaires arrageois
Fin août 1914, d’inquiétantes rumeurs circulent dans Arras : la ligne de combat se rapprocherait et l’ennemi serait bientôt aux portes de la ville.
L’ évacuation des administrations le 27 août et l’arrivée massive de blessés tendent à confirmer ces bruits : rien que pour la journée du 28, 500 blessés doivent être confiés au personnel médical. Et ils sont plus de 1 000 entre le 29 août et le 2 septembre.
Fort heureusement, les représentants des diverses associations de secours ont anticipé la logistique nécessaire à l’encadrement de cet afflux. Début août, le bureau de la société de secours aux blessés militaires (Croix-Rouge) établit un état des lieux : en plus de l’hôpital mixte Saint-Jean, 40 lits sont disponibles à l’institut Parisis et une vingtaine d’autres au couvent du Bon-Secours. C’est nettement insuffisant.
Veuve depuis la fin avril de l’ancien député et conseiller général Henri Tailliandier, maire de Fresnoy-en-Gohelle, Joséphine Tailliandier, bientôt nommée présidente de l’association, lance alors une souscription dans la presse qui récolte plus de 18 000 francs.
L’Union des femmes de France suit son exemple, avec une centaine de lits à l’école normale de garçons : le préfet en organise la coordination, afin de renforcer l’efficacité de leur action.
L’évêque d’Arras, Mgr Émile Lobbedey, met à disposition l’ancien couvent du Saint-Sacrement, rue d’Amiens, alors en travaux d’appropriation comme séminaire ; il devient l’ambulance principale de la ville, avec une capacité initiale de 180 lits. D’autres hôpitaux temporaires sont créés : 50 lits au couvent Jeanne d’Arc, augmentation de la capacité d’accueil de Parisis et Bon-Secours, sans oublier les filiales des Mines et de Saint-Léger. Au total, Arras compte plus de 700 lits pour accueillir temporairement les blessés, sous la direction du médecin principal Henri Famechon. Fin août, les ambulances sont prêtes.
Ambulances et hôpitaux
De telles initiatives voient le jour dans toute la France. Dans notre région, 71 structures hospitalières sont créées (près de 10 000 dans les 35 000 communes françaises). Il importe de souligner le rôle essentiel du bénévolat (souvent des sociétés féminines) et des congrégations religieuses dans la mise en place des secours aux blessés.
L’organisation de la chaîne de soins s’est nettement améliorée durant la guerre : des brancardiers évacuent les blessés vers les postes de secours situés sur la ligne du front ; ils sont ensuite pris en charge par des ambulances pour recevoir les premiers soins, avant d’être envoyés dans les hôpitaux d’évacuation, puis par des trains sanitaires jusqu’aux hôpitaux d’arrière.
Les soldats ne font en conséquence que passer à Arras. Les blessés les plus sérieux sont confiés à l’hôpital mixte Saint-Jean et les autres sont répartis dans les diverses ambulances. Dès qu’ils sont estimés "transportables", ils gagnent d’autres hôpitaux ; c’est ainsi que près des deux-tiers sont évacués à Lens, Liévin, Béthune, Douai, Tourcoing, Lille, etc. À cet effet, on recense les automobiles disponibles : les particuliers répondent présents, acceptant de soutenir l’effort de guerre.
L’occupation allemande
Précédé par une avant-garde dès le 31 août, un régiment de la Landwehr entre dans Arras, le 6 septembre 1914, en début d’après-midi. Le préfet Léon Briens se voit sommé de livrer les mobilisables (ce qu’il refuse), de transférer les caisses du Trésor (déjà vides) et de ne pas quitter la ville. Durant trois jours, les Allemands occupent la cité atrébate.
La population ne paraît pas avoir eu trop à souffrir de cette présence ; en revanche, un fait marque les esprits : celui de l’enlèvement de tous les blessés transportables. Par précaution, le médecin-chef Famechon avait déjà organisé un convoi d’évacuation des hommes valides le 30 août. Ne restaient sur place que ceux dont l’état nécessitait du repos et des soins permanents. Qu’importe. Tous les malades sont inspectés et les hommes capables de marcher sont envoyés à Cambrai sous les yeux effarés des Arrageois.
Un mois plus tard, le 30 octobre, après le bombardement d’Arras (et la destruction partielle du Saint-Sacrement), les ambulances d’Arras ferment leurs portes, et seul l’hôpital Saint-Jean accueille les blessés en attente d’une évacuation complète vers l’arrière.
Différents types de structures hospitalières
Hôpitaux militaires :
- Hôpital mixte : accueille les blessés civils et militaires.
- Hôpital annexe : établi dans des lieux réquisitionnés, c’est une annexe d’un hôpital mixte.
- Hôpital complémentaire ou temporaire : dépend du service de santé militaire, est ponctuellement mis en place dans des zones intérieures lors de combats intensifs.
Hôpitaux privés :
- Hôpital auxiliaire : formation sanitaire gérée par diverses sociétés (par exemple par l’Union des femmes de France).
- Hôpital temporaire : mis en place par la Croix-Rouge lors d’afflux importants de blessés.
- Hôpital bénévole : créé grâce aux initiatives et dons privés.