Albert Robida est né à Compiègne le 14 mai 1848. D'une mère alsacienne, il a toujours gardé un attachement à l'Alsace et à ses légendes ; du souvenir d'un grand-oncle, commandant couvert de gloire sous Napoléon Ier, de l'enseignement du reste de sa famille, il tire un culte de l'honneur et de la patrie qu'il met au-dessus de tout. Fondateur du journal La Caricature, en 1880, il multiplie les albums mêlant comique, fantastique et science-fiction. C'est à ce titre qu'il publie en 1887 La Guerre au Vingtième Siècle, recueil curieusement prémonitoire dans lequel Robida prévoit la guerre bactériologique, l'artillerie chimique, les chars, la guerre aérienne.
Illustrateur également à l'aise dans tous les supports et toutes les techniques, il mobilise ses talents pendant la guerre. Il illustre des couvertures de chansons, des diplômes d'anciens combattants, des programmes de spectacles de charité, etc. Surtout, il publie plusieurs albums de lithographies : Verdun, ville de gloire et de souffrance en 1916, Le Vautour de Prusse en 1918. Dans Les vieilles villes martyres, il dénonce, comme d'autres, la destruction du patrimoine des grandes cités historiques, qu'il avait abondamment dessinées et gravées avant la guerre. Arras figure ici aux côtés de Reims, Louvain, Senlis, Malines, Termonde, Soissons et Ypres.
Ces huit grandes lithographies sont accompagnées de deux pages de textes d'actualités. Dans le cas d'Arras, aux articles de presse suscités par sa destruction, dont celui d'Albert Londres pour Le Matin, s'ajoutent un long texte de l'historien Ernest Lavisse, La guerre, les protestations de l'Université catholique de Paris (sous la plume d'Alfred Baudrillart), de l'Académie des Beaux-Arts, de l'Académie de médecine, de l'École nationale des Chartes. Tous accusent l'Allemagne de s'en prendre délibérément aux monuments historiques.
Pour aller plus loin
Consulter l'article Protestation de la commission des Monuments historiques dans les Chroniques de la Grande Guerre