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Récit d'une mort accidentelle

Publié le 4 juin 2012

Registre paroissial de Marenla, 1759

Texte manuscrit retranscrit ci-contre.

Registre paroissial de Marenla, 1759. Archives départementales du Pas-de-Calais, E-DEPOT 551/E 4.

Nota. Charles Delattre, ci-dessus chariant fumier avec un chariot pour
son maître, revenant à vuide, fut trouvé étouffé sous les deux cavales
de derière tombées l’une sur l’autre, embarrassées dans leurs harnachures
et le pauvre malheureux dessous, sans qu’on puisse bien expliquer ce
fatal accident arrivé à une heure après midi le vingt trois de ce mois,
au milieu de la rue qui va à Saint-Denoeux sur l’entre deux de la Merdenchon
appartenant aux dames de Sainte Austreberte et le pati Ribonne appartenant
à Pierre Colpart. Ceux qui l’ont entendu crier et qui ont couru pour le
secourir l’ont trouvé expirant, ne paroissant rien de fracturé ni d’offensé.
On croit que la jartière de cuir qu’il portoit pour cravate bien arrêtée
d’une boucle l’aura suffoqué. Le poids énorme de deux cavales sur sa
poitrine auront fait remonter le sang, gonfler les jugulaires et la cravate
lui aura coupé la respiration. En effet, les chirurgiens qui ont fait
l’écouëment le 24 à douze heures du midi n’ont rien trouvé d’offensé
dans le corps et seulement une trace noire meurtrie autour du cou, et
la face comme marbrée d’un sang extravasé. Cela n’est pas sans
exemple. Un jeune gentilhomme, après de longues veilles et bien
des divertissemens, tombe un matin en sincope et comme mort. Dans
le trouble que cela excita, une femme s’avise de jetter la main au
col qu’il portoit au cou qu’elle trouve fort tendu. On le coupa et
un moment après il respira et fut guéri.
Une chose dans nôtre fatal accident paroit encore remarquable.
C’est que dans l’écoûment il ne parut point de sang et qu’en ensevelissant
le corps et en le mettant dans le cercueil au moins 25 heures après
avoir été trouvé, comme dit a été, le sang coula du derière de la tête
et continua à couler dans l’église et jusqu’à la fosse, ce qui m’a été
certifié par les confrères de la Charité et par le fossoyeur après
l’enterrement. Il y avoit derriere la tête une blessure ou contusion
qui ne rendit de sang qu’à la sépulture.

Archives départementales du Pas-de-Calais, E-DEPOT 551/E 4.