Les archives départementales du Pas-de-Calais ont fait l’acquisition en 2009 des archives personnelles du graphologue Jules Crépieux-Jamin (1858-1940). Celui-ci est né à Arras, mais après des études d’odontologie à Genève, c’est à Rouen qu’il s’installe afin d’exercer son activité de chirurgien-dentiste.
C’est la lecture d’un article de l’abbé Jean-Hippolyte Michon (1806-1881) sur les rapports de l’écriture avec le caractère, qui l’amène à se passionner pour la graphologie. Il tente, dès lors, de donner à celle-ci le statut de science rationnelle, par la publication de nombreux ouvrages entre 1885 et 1929. Le plus connu est certainement L'ABC de la graphologie, où il met au point une classification des types d’écriture qui est encore utilisée de nos jours et qui est à la base de l’apprentissage de la graphologie.
Cette nouvelle "science" est entre autres mise en lumière lors de l’affaire Dreyfus. En effet, en 1897, Jules Crépieux-Jamin est mandaté pour participer à l’expertise du bordereau. À la suite d’une analyse graphologique, il affirme que l’auteur du texte préjudiciable n’est pas Alfred Dreyfus et contribue ainsi à prouver l’innocence de ce dernier. Une lettre de Lucie Dreyfus, du 16 août 1897, en témoigne :
Je suis heureuse que la graphologie vous ait amené à partager notre conviction et c’est pour moi une grande satisfaction que la pensée que votre nom, votre réputation contribueront à apporter la lumière, à faire rendre à mon pauvre mari l’honneur et l’estime dont il n’a jamais cessé d’être parfaitement digne.
Le fonds Crépieux-Jamin est consultable dans la salle de lecture du centre Mahaut-d’Artois à Dainville sous les cotes 79 J 1 à 32.